Le sort du deuxième opérateur de téléphonie fixe, Lacom, sera scellé le 24 juin à l'issue de la réunion extraordinaire au Caire (Egypte) de l'assemblée générale du consortium algérien des télécommunications (CAT). Deux points sont à l'ordre du jour de cette rencontre. Il s'agit de la prononciation officielle de la liquidation de CAT et de la nomination d'un liquidateur. L'expérience de la libération du secteur de la téléphonie fixe s'est soldée par un échec et fera désormais partie du passé. Le CAT, détenu à parts égales (50%) par le groupe privé égyptien Orascom Telecom Holding (OTH) et l'opérateur historique de même nationalité Egypt Telecom, avait décroché en juin 2005 la licence de téléphonie fixe pour un montant de 65 millions de dollars. Il était question que les deux partenaires investissent 300 millions de dollars. Lacom démarre sur les chapeaux de roues en arrivant à constituer un portefeuille de 50 000 abonnés en une année. Le PDG de Lacom en exercice, Emad El Azhary, laisse entendre que la marque commerciale de CAT rencontre des difficultés et menace même de se retirer du marché algérien estimant que les conditions pour le développement de l'opérateur n'étaient pas réunies. A partir de là, commence une descente aux enfers de Lacom qui n'arrive toujours pas à connaître son envol. Un changement à la tête de la direction en 2007 confirme le malaise qui couve depuis quelques mois déjà. Au lieu d'investir, les propriétaires de la marque décident au contraire et contre toute attente de restreindre les dépenses. Signe de la déchéance de l'entreprise, elle quitte le flamboyant centre des affaires de Bab Ezzouar et s'installe dans un modeste bâtiment à Bab Ezzouar qui abritait jusqu'alors le service client. La descente aux enfers Il s'en est suivi la fermeture l'une après l'autre des boutiques. L'ossature de l'entreprise se résume aujourd'hui au département des finances ainsi que celui des ressources humaines qui ne font que gérer les affaires courantes. Le nombre des abonnés a fondu comme peau de chagrin passant des dizaines de milliers à moins de 1000. Ces derniers sont livrés à eux-mêmes. Certains s'en tirent à bon compte étant donné qu'ils continuent à bénéficier du service sans payer un sou. Lacom dégraisse son effectif qui passe de 580 employés à 142. Une assemblée générale extraordinaire tenue en novembre 2008 prononce la liquidation, mais l'absence d'un procès-verbal sursoit de fait à cette décision. OTH et Egypt Telecom essayent de se débarrasser de cette filiale devenue un boulet. En vain. Les négociations avec le groupe international Vtel échouent lamentablement. La centaine d'employés qui se sont accrochés jusqu'à présent continuent à s'interroger sur leur avenir dans cette entreprise qui semble avoir été tuée dans l'œuf. Ces employés redoutent un scénario à celui du groupe Khalifa. « Nous n'avons pas d'interlocuteur. Nous avons proposé le départ volontaire avec des indemnités. Nous n'avons pas eu de réponse. Nous sommes livrés à nous-mêmes. On se contente de pointer le matin et puis chacun fait ce qu'il veut », raconte une des employés. « Nous avons l'impression qu'il y a une fuite en avant. Les fournisseurs, les prestataires et les frais d'interconnexion ne sont pas payés », ajoute-elle avec une pointe de dépit. Selon certaines sources, il y aurait un différend entre les deux partenaires, chacun souhaitant éjecter l'autre de Lacom pour prendre les commandes tout seul. Le ministère des Télécommunications et l'Agence de régulation de la poste et télécommunications (ARPT) suivent de très près ce feuilleton qui pourrait connaître son épilogue à la fin du mois en cours.