Le sort de Lacom, deuxième opérateur de téléphonie fixe, a été scellé par le gouvernement. Un décret exécutif portant approbation du retrait définitif de la licence accordée à l'opérateur Consortium algérien des télécommunications (CAT) a été publié sur le Journal officiel du 29 novembre dernier. En réalité, il s'agit d'une simple formalité puisque le CAT qui était détenu à parts égales (50%) par le Groupe privé égyptien Orascom Telecom holding (OTH) et l'opérateur historique de même nationalité Egypt Telecom avait déjà prononcé la liquidation officielle de cette entreprise au parcours chaotique, le 24 juin dernier, à l'issue de la réunion extraordinaire au Caire (Egypte). L'expérience de la libération du secteur de la téléphonie fixe s'est soldée par un échec et fera désormais partie du passé. Le CAT avait décroché en juin 2005 la licence de téléphonie fixe pour un montant de 65 millions de dollars. Il était question que les deux partenaires investissent 300 millions de dollars. Lacom démarre sur les chapeaux de roues en arrivant à constituer un portefeuille de 50.000 abonnés en une année. Mais les déboires ne tardent pas à apparaître. Le PDG de Lacom en exercice à l'époque, M. Emad El Azhary, avait laissé entendre que la marque commerciale de CAT rencontrait des difficultés et menaçait même de se retirer du marché algérien, estimant que les conditions pour le développement de l'opérateur n'étaient pas réunies. A partir de là, commence une descente aux enfers de Lacom qui n'est jamais arrivée à prendre son envol. Un changement à la tête de la direction en 2007 confirme le malaise qui couve depuis quelques mois déjà. Au lieu d'investir, les propriétaires de la marque décident au contraire et contre toute attente de restreindre les dépenses. Signe de la déchéance de l'entreprise, elle quitte le flamboyant centre des affaires de Bab Ezzouar et s'installe dans un modeste bâtiment à Bab Ezzouar qui abritait jusqu'alors le service-clients. Il s'en est suivi une fermeture une après l'autre des boutiques. Le nombre des abonnés a fondu comme peau de chagrin passant des dizaines milliers à moins de 1.000 en quelques mois. Les actionnaires ont essayé de sauver les meubles en lançant des négociations avec le Groupe international Vtel. Mais celles-ci échouent lamentablement. Les experts en télécommunications avaient averti sur la difficulté de s'imposer dans le marché algérien où l'entreprise publique Algérie Télécoms (AT) domine à plus de 95%. Lacom espérait séduire les 700.000 demandeurs de lignes téléphoniques déçus de ne pas voir leurs requêtes aboutir auprès de AT. Cependant, les projets de cette société ont été contrariés par le développement rapide de la téléphonie mobile, surtout de ce qu'on appelle communément la voix sur IP, c'est-à-dire les communications à travers l'Internet. D'ailleurs, le ministère des Télécommunications hésitait encore à autoriser le lancement de la téléphonie 3G afin de ne pas gêner davantage la lente expansion de Lacom -qui se termine finalement- en queue de poisson.