Depuis son installation en Algérie, le groupe n'a cessé de dénoncer le non-respect des règles de la concurrence. Ce qui n'était qu'une rumeur vient de se confirmer; le consortium algérien de télécommunications, sous le nom commercial de Lacom, s'apprête à déposer son bilan dans les prochains jours. Selon des sources proches du dossier, les responsables de cette société de droit algérien ont informé un cercle très restreint de leur intention de se retirer définitivement du marché algérien à cause «des difficultés financières.» Lacom est sur le point d'annoncer sa faillite. Une information qui n'a pas été démentie par l'un de ses responsables avec qui nous avons pris attache hier. «Je ne peux ni confirmer ni infirmer cette information..», nous révèle notre source. Et pour cause: «Nous aussi nous ne détenons pas de réponse. La situation est floue...» précise notre interlocuteur. Une réunion des actionnaires est programmée prochainement afin d'arrêter d'une «manière définitive la situation de la société et d'informer, officiellement, les employés, des décisions prises». Le président-directeur général de Lacom affiche un silence radio à ce sujet. «Il ne fera aucune déclaration à la presse avant la réunion des actionnaires,» assure notre source, qui nous invite paradoxalement à publier, quand même, toutes les informations qui sont en notre possession. La fin de Lacom était prévisible, au vu des problèmes que l'opérateur de téléphonie fixe rencontre depuis son installation en Algérie en 2005. Le 5 avril dernier, un responsable d'Egypte Télécom (ET) (le principal actionnaire dans le groupe), a donné le premier indice de ce retrait programmé depuis quelque temps, en annonçant, sur la chaîne de télévision, Al Jazeera, que le groupe a l'intention de réviser, à la baisse, le montant de ses investissements en Algérie. Il a souligné qu'ET va réduire à 40 millions de dollars l'enveloppe injectée dans le marché algérien, au lieu des 62 millions prévus préalablement. L'on est aussi loin des 300 millions de dollars d'investissement prévus initialement. Ce recul est dû, selon ses dires, aux «obstacles» rencontrés sur le terrain. Il a pointé du doigt, dans ce contexte, l'Autorité de régulation des postes et des télécommunication (Arpt). Ce ne sera pas la première fois que ce groupe affiche publiquement son mécontentement. Juin 2006, il saisit l'Arpt au sujet d'une offre exceptionnelle de l'opérateur historique, Algérie Télécom, qu'il avait qualifiée d'«anticoncurrentielle.» Depuis son installation en Algérie, le groupe n'a cessé d'évoquer «les entraves anticoncurrentielles». Les responsables du consortium considèrent que les conditions d'expansion de Lacom en Algérie n'ont pas été garanties, ni favorisées par un climat concurrentiel sain. Les règles de la concurrence n'ont pas été, selon lui, respectées. Du côté algérien, c'est le grand mutisme. M.Boujemaâ Haïchour, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, s'est abstenu de faire la moindre déclaration sur le problème «Arpt-Lacom.» Il a même soutenu, récemment, qu'«il n'y a aucun problème avec l'opérateur de téléphonie fixe Lacom en Algérie, et tout ce qui se dit, dans ce sens, n'est que pure affabulation». Joint hier pas nos soins, le service de communication de ce département estime que la question relève des prérogatives de l'Autorité de régulation. A ce niveau aussi, l'on se montre très discret. «Excepté le président-directeur général de l'autorité aucune autre personne n'est habilitée à communiquer à ce sujet,» nous confie la secrétaire du patron qui nous informe que ce dernier prendra attache avec nous dès qu'il terminera sa réunion, en vain. Notons que Lacom est un joint-venture entre les deux entreprises égyptiennes de télécommunication que sont Télécom Egypt et Orascom Télécom Holding SAE. En mai 2005, Lacom a pu décrocher la licence proposée par le gouvernement algérien et devenir ainsi, le premier opérateur privé de téléphonie fixe. Cette licence a permis à Lacom de déployer et d‘activer son propre réseau de télécommunication fixe, tout en permettant la distribution et la mise sur le marché, en gros et au détail, des services de télécommunication fixe au niveau local, national et international. L'opérateur s'est engagé dans la construction «d‘une infrastructure de télécommunications dans les règles de l‘art», grâce à l‘expérience accumulée de ses actionnaires dans le domaine des télécommunications. Lacom emploie, actuellement, près de 300 personnes. Une première vague de licenciements a été opérée depuis quelques mois. Paradoxalement, le site Internet de Lacom affiche des offres d'emploi, dans les branches techniques. Quel impact aura le retrait de Lacom sur le climat d'investissement en Algérie? La réponse ne tardera certainement pas à venir.