Yasmine Idjer C'est demain que se tiendra la réunion extraordinaire au Caire (Egypte) de l'assemblée générale du consortium algérien des télécommunications (CAT), propriétaire de l'opérateur moribond de téléphonie mobile Lacom. L'entreprise était à l'agonie depuis plusieurs mois après les échecs des tentatives de relance et des négociations pour sa revente. Ses heures sont comptées. Les participants à la réunion du Caire devraient, selon une source proche de ce dossier, prononcer la liquidation de CAT et, par ricochet, de Lacom. Ils désigneront aussi le liquidateur qui donnera le coup de grâce à cette société naissante longtemps restée au stade embryonnaire. Lacom devait apporter un nouveau souffle au secteur de la téléphonie fixe en perte de vitesse avec l'essor et le développement rapide de la téléphonie mobile et de l'Internet. L'échec de cette expérience est cuisant. Pourtant, elle bénéficiait des bonnes grâces des hautes autorités de l'Algérie et de l'Egypte qui inscrivaient cet investissement dans le chapitre de la coopération économique florissante entre les deux pays. Lacom était aussi brandie comme un trophée en matière d'investissement direct étranger hors hydrocarbures. Après avoir séduit le consommateur algérien par ses services à valeur ajoutée tout en miroitant l'introduction de la formule prépayée et des packs complets qui ne se résument pas uniquement à une ligne téléphonique, Lacom commençait à s'essouffler face à la concurrence du géant Algérie Télécom. Pourtant, le marché était loin d'être saturé. Près de 700.000 demandes étaient en attente. Le déploiement de Lacom se faisait lentement et l'entreprise avait du mal à tenir ses engagements contenus dans le cahier des charges que lui a consigné le gouvernement algérien. Le CAT, détenu à parts égales (50%) par le groupe privé égyptien Orascom Telecom Holding (OTH) et l'opérateur historique de même nationalité Egypt Telecom, avait décroché, en juin 2005, la licence de téléphonie fixe pour un montant de 65 millions de dollars. Le début de la fin Il était question que les deux partenaires investissent 300 millions de dollars. Lacom démarre sur les chapeaux de roues en arrivant à constituer un portefeuille de 50.000 abonnés en une année. Le PDG de Lacom en exercice, Emad El Azhary, laisse entendre que la marque commerciale de CAT rencontre des difficultés et menace même de se retirer du marché algérien, estimant que les conditions pour le développement de l'opérateur n'étaient pas réunies. En réalité, le ver était déjà dans le fruit et l'implosion de l'entreprise était en gestation. Elle adopta une politique de restriction budgétaire afin de limiter les dégâts. Son siège, qui était situé dans l'impressionnante tour du centre des affaires de Bab Ezzouar (Alger), à proximité de l'hôtel Hilton, sera transféré vers l'exigu appartement qui abritait jusqu'alors le service client. Les boutiques de Lacom, ouvertes en grandes pompes, seront fermées l'une après l'autre en catimini. Le nombre des abonnés sera réduit, passant de dizaines de milliers à moins de 1.000. Les trois quarts des employés sont remerciés. Sur les 580 employés que comptait l'entreprise, seuls 142 seront maintenus juste pour s'occuper des affaires courantes en attendant la liquidation de Lacom. OTH et Egypt Telecom tentent, tant bien que mal, de trouver une sortie honorable en cherchant un repreneur mais le seul candidat, le groupe international Vtel, tourne les talents après avoir constaté la non-viabilité de Lacom. Cette dernière aura donc vécu et Naguib Sawiris, le richissime homme d'affaire, patron d'Orascom Telecom Holding, ainsi que ses partenaires d'Egypt Telecom devraient logiquement prononcer la liquidation demain. Y.I.