29 ans après les premiers événements fondateurs du mouvement démocratique et ayant montré la nature répressive, autiste et manipulatrice du régime algérien qui n'avait pas hésité à verser dans l'intox et la désinformation pour stigmatiser toute une région accusée de tous les maux et dénier une culture et une langue plusieurs fois millénaire ; après 21 ans de l'explosion d'octobre 1988 qui a enregistré des milliers de blessés, des centaines de torturés et plus d'un millier de morts par balles ; après deux décennies depuis la reconnaissance criminelle du régime algérien des premiers partis se revendiquant clairement de l'Islam politique dont certains leaders étaient des acolytes du premier noyau terroriste du tristement célèbre Bouiali ; après la même durée depuis la livraison de milliers de communes aux «élus» islamistes dont la majorité ont séjourné à Peshawar, qui deviendront, deux ans plus tard, des bases arrières du terrorisme, 17 ans après l'arrêt du processus électoral qui allait assassiner définitivement l'espoir démocratique en Afrique du Nord, autant d'années depuis l'assassinat en direct sur les écrans de télévision de l'espoir qu'incarnait Boudiaf ; après 14 ans depuis la présidentielle de 1995 dont l'espoir suscité et l'engouement populaire extraordinaires n'avaient d'égal que la médiocrité et le snobisme prononcé des tenants du pouvoir qui n'avaient de cesse de négocier dans les coulisses de la prison de Blida et dans les maquis pour sauvegarder le régime lui-même, 12 ans après la naissance d'un parti des entrailles de la fraude et qui se permettra au fil des années, toute honte bue, de distiller des leçons de patriotisme en se revendiquant de la tendance du moment au niveau des clans au pouvoir, en passant d'une posture éradicatrice à celle où il se fait l'apôtre d'une réconciliation pire que celle qui a été rejetée à coup de «fameuses marches spontanées» en 1995, 10 ans après «la dernière grande fraude du siècle» qui a vu un ex-ministre des Affaires étrangères sous Boumediène et néanmoins artisan du putsch de 1965, imposé à El Mouradia par les mêmes vrais décideurs et faiseurs de présidents de toujours et ce, après une «traversée du désert» chez les émirs du Golfe qui aura duré une vingtaine d'années, l'ayant tenu loin des déchirures et des tragédies qui ébranlaient au même moment l'Algérie de «El îza wa el karama», une décennie après des discours fleuves qui narguaient et méprisaient le peuple qualifié de «fainéant et de médiocre» et qui insultaient une région dont les habitants avaient été qualifiés de «nains» par le futur président, 9 ans après «la concorde civile» qui excluait du pardon accordé en place et lieu des victimes, tout «égaré ayant les mains entachées de sang» comme si les criminels ne se lavaient jamais après avoir exécuté un policier ou un journaliste, charcuté le ventre d'une femme enceinte, piétiné le fœtus arraché, égorgé une jeune fille tombée enceinte après avoir, des mois durant, subi des viols collectifs… ; 8 ans après le génocide perpétré, dans la durée, par la gendarmerie en Kabylie où des centaines de mutilés à vie et plus de 120 personnes assassinées à coup de balles explosives tirées dans le dos des manifestants qui fuyaient furent enregistrés au même moment où le président, pour marquer son mépris vis-à-vis d'une région meurtrie qui criait justice, n'avait rien trouvé de mieux que de se rendre dans une capitale africaine pour assister à une rencontre, plus importante à ses yeux, qui traitait du sida, alors qu'en tant que chef suprême des armées, il aurait pu tout simplement donner l'ordre de cesser de tirer, autant d'années après la grandiose marche pacifique du 14 juin qui n'avait pour objectif que de remettre au président une plate-forme de revendications et qui a tourné au vinaigre en raison d'une manipulation machiavélique de l'opinion en attribuant aux marcheurs l'objectif insensé de venir détruire la capitale comme au temps des guerres tribales tout en exhortant les Algérois à défendre «leur ville», en associant même la délinquance aux forces de sécurité pour engager les hostilités contre «l'envahisseur» du jour et, notamment, par voie de la télévision unique qui avait tenu, entre autres, ce commentaire que la mémoire collective ne sera pas près d'oublier : «A la fin, les casseurs sont retournés d'où ils sont venus»…, 5 ans après le scénario hollywoodien qui avait maquillé la grande fraude lors de l'élection présidentielle de 2004, 4 ans après «la réconciliation nationale» et sa fameuse charte qui a définitivement scellé le choix idéologique du président, tourné plus que jamais vers le rassemblement des forces islamistes et militaro-conservatrices ; une «charte» dont la campagne a vu des émirs terroristes ayant nagé, des années durant, dans le sang, s'offrir un campus pour y tenir, excusez du peu, une conférence dédiée au président et à sa paix ! Après deux mandats qui ont coïncidé avec la période faste en raison du prix du baril du pétrole qui a caracolé tout au long du règne Bouteflikien au-dessus des 100 dollars/baril, générant des centaines de milliards de dollars de réserve qui n'ont pas pu redonner des couleurs à une économie quasi-inexistante et rangée par la corruption et ce, de l'avis même des experts en la matière qui parlent d'une panne de compétence et de volonté de construire chez les décideurs, tous issus d'une culture née dans les déchirures du mouvement national et qui reposait sur la défiance dans la méfiance, le régionalisme, le jacobinisme idéologique et le populisme ; 5 mois après le coup de force constitutionnel du 12 novembre 2009 où le vainqueur du 9 avril prochain avait été désigné et enfin, après deux mandats monotones et sans une véritable évaluation pour nous retrouver dans une campagne électorale prématurée et décousue, menée tambour battant, au frais du contribuable et à coups de surenchère et de promesses renouvelées, car ayant été déjà faites en 1999 et en 2004 sans jamais être tenues, le pouvoir et ses vassaux nous convient, en nous priant presque de faire comme si de rien n'était, en acceptant le piètre rôle d'électeurs-faire-valoir qui oublieront, le temps d'une campagne tragi-comique, toutes leurs misères au quotidien qui ont accompagné, sans discontinuer, toute la vie, la génération de nos grands-parents, de celle de nos parents, de la notre et qui promettent l'enfer à nos enfants ; des générations entièrement brisées, car toutes ont cru et s'étaient accrochées désespérément à l'illusion d'un changement qui permettra de réaliser le rêve fou d'une vie digne qu'avait suscité chez des millions d'Algériens la proclamation de l'indépendance et, par la suite, les discours fleuves qui ont jalonné les 47 ans d'indépendance du pouvoir algérien et où il était question, comme aujourd'hui, de promesses sans lendemains. Par un patriotisme biscornu, le peuple est prié de faire, au moins, semblant d'être stupide et ignorant en offrant un bain de jouvence à une mise en scène électorale complètement sénile en allant voter massivement pour le président si possible, pour les lièvres, c'est égal ; le résultat étant l'affaire de la magie de l'urne algérienne ! L'objectif recherché : faire d'un travestissement électoraliste, une volonté populaire pour les besoins de l'éternelle tromperie à vendre à l'opinion internationale à travers les objectifs des caméras de journalistes et autres agences de presse étrangères. Dit simplement, le pouvoir, se rappelant de la gifle de l'abstention historique des législatives de mai 2007, tente le tout pour le tout pour éviter une abstention plus importante qui se dessine déjà et qui l'effraie plus que tout, car, une fois encore, ce ne sont pas des lièvres qui ne sont là que pour empocher, au moins, les 15 millions de dinars — subvention de l'Etat à la campagne de chacun d'eux — qui risquent de changer le nom du vainqueur de cette présidentielle que tous les Algériens, y compris ceux qui sont six pieds sous terre, connaissent déjà depuis, au moins, le 12 novembre 2008. Parce que c'est durant les deux derniers mandats que la mémoire collective, avec ce qu'elle a de glorieux, avait subi des attaques humiliantes par des tentatives éhontées de réduire à néant les symboles et les repères historiques, tels que le cerveau de la révolution algérienne et l'architecte du Congrès de la Soummam, Abane Ramdane en l'occurrence, attaqué et insulté en toute impunité par des hauts responsables de l'Etat (Kafi, Ben Bella,…), ce même Ben Bella s'est vu offrir une année après, excusez du peu, un stupide prix honoris causa de la mémoire délivré par un haut lieu, symbole et repère du combat identitaire qu'est l'Université de Tizi Ouzou ; opération rendue possible par la complicité et la compromission de certains membres du conseil dit scientifique de la faculté dont certains anciens militants de la cause identitaire, mais aussi par les hautes autorités dont le ministère de l'Enseignement supérieur et Bouteflika lui-même. Parce que la wilaya de Béjaïa, à titre d'exemple et selon une source généralement non fiable, Belkhadem en l'occurrence, n'avait bénéficié que de 110 milliards de dinars en 10 ans, ce qui est l'un des plus faibles montants, sachant que selon Ouyahia, qui s'exprimait depuis Larbaâ, une entreprise privée en faillite avait bénéficié à elle seule de près de 70 milliards de dinars. Parce qu'un président sanctionne la Kabylie pour irréductibilité en la privant de projets structurants pour l'enfoncer dans la pauvreté et la précarité et en la boudant depuis 2001. Contrairement à d'autres régions, la Kabylie n'a bénéficié d'aucune grande infrastructure. Ni hôpital, ni autoroute, ni logements location-vente… En revanche et au moment où la seule wilaya de Tizi Ouzou détient la moitié des 15 000 mosquées qui existent en Algérie, près de 1000 projets de nouvelles mosquées sont octroyés à cette région qui souffre d'un chômage endémique, d'insécurité, de pollution, de bureaucratie, d'anciens hôpitaux répugnants et trop exigus pour faire face aux besoins des citoyens, d'absence quasi-totale d'infrastructures sportives et culturelles… A Béjaïa encore, les 10 ans de Bouteflika ont quand même offert aux Bougiotes… un pénitencier de 1500 places, construit sur une terre agricole fertile à Oued Ghir. Dénoncer une telle injustice est pour le pouvoir du régionalisme ! Parce que l'administration prend ostentatoirement en charge les activités d'un président-candidat-déjà-élu feignant d'oublier qu'il n'est en principe qu'un candidat qui ne devrait bénéficier d'aucun privilège par rapport aux autres candidats, fussent-ils des lapins. Pourtant, l'argent des Algériens coule à flots, attisant les appétits les plus vils, banalisant la corruption qui se déploie avec ostentation sur la place publique où se côtoient les chômeurs, les mendiants, les prostituées, les dealers, les délinquants, les professionnels de la «brosse» et les citoyens médusés, outrés, mais résignés. Parce que 10 ans après la grande promesse de «ramener la paix», le «terrorisme résiduel» frappe tous les jours et endeuille encore des familles algériennes, malgré l'amnistie contraire à la morale et au droit international décrété en faveur des criminels passibles de la peine de mort encore en vigueur en Algérie. Ainsi, rien que pour les 24 et 25 mars derniers (cette contribution a été rédigée le 26 mars) et sans compter les attaques non médiatisées, pas moins de 3 attentats terroristes furent perpétrés, dont le premier à Biskra, où deux militaires ont été tués et un autre blessé suite à l'explosion d'une bombe enfouie sous terre au moment du passage d'un convoi militaire dans la commune de Meziraâ, ceci et au moment où à Lakhdaria, dans la wilaya de Bouira, un groupe terroriste faisait une incursion dans le village de Dramcha qui n'est pas à sa première incursion terroriste. Le lendemain, un autre groupe terroriste a pris pour cible le commissariat de police des Ouacifs, dans la wilaya de Tizi Ouzou… En outre, parce qu'avec 140 milliards de dollars «déclarés» de réserves de change, l'Algérie est toujours en panne. Le chômage touche de plus en plus d'Algériens. Le filet social et le préemploi qui surexploitent des milliers de jeunes, qui s'accrochent désespérément à des emplois aussi éphémères que sous-rémunérés, constituent de fausses solutions qui ne garantissent aucun avenir aux bénéficiaires, qui se retrouvent, en sus et le plus souvent, faisant le travail des permanents. Aussi, les bénéficiaires de ces dispositifs sont-ils étrangement pris en considération en tant que non-chômeurs lors de l'évaluation, du reste approximative, du taux de chômage ! L'Algérie est indéniablement en panne en raison de la non-gouvernance dans laquelle Bouteflika et ses alliés l'ont installée en 10 ans d'immobilisme politique. En plus du chômage et de la pauvreté qui frappent de plein fouet la majorité des Algériens, le pays évolue dans une totale dépendance alimentaire puisque durant le dernier mandat du président-candidat-déjà-élu, les importations dans ce domaine ont été multipliées par trois. «C'est une situation extrêmement dangereuse», selon le ministre Abdelhamid Temmar, et c'est justement ce genre de «situations dangereuses» induites par les 10 ans du règne bouteflikien que Temmar et consorts vont pérenniser le 9 avril prochain. L'Algérie qui «sort» de 10 ans d'oligarchie est un pays navigant à vue et complètement abandonné dans une non-gouvernance endémique. Ses institutions frissonnent, comme à l'ère des années de plomb, aux pulsions du monarque, lui obéissant au doigt et à l'œil. Une énième violation de la Constitution a eu lieu le 12 novembre 2008 et permettra au président-candidat-déjà-élu actuel de briguer un troisième mandat synonyme d'une présidence à vie. Il faut rappeler que la Constitution de 1996 limitait le nombre de mandats présidentiels à deux à travers son défunt article 74. Il y a lieu aussi de rappeler qu'aucune vie politique notable n'est autorisée depuis plusieurs années, notamment depuis l'intronisation de Bouteflika en 1999. L'université algérienne, abandonnée par une bonne partie de sa substance professorale et estudiantine installée en Europe et en Amérique du Nord, quand le peu qui reste se voit écrasé par un environnement malsain et inhibiteur n'est plus qu'un agrégat de misère, de médiocrité et de contre-performance. Ainsi et contrairement aux mensonges de la campagne électorale, c'est une université algérienne qui caracole tristement en queue du peloton selon les classements des plus brillantes universités dans le monde, conçus par le très sérieux Observatoire des activités académiques et scientifiques et de publications sur le web (Webometrics) et l'Institut d'enseignement supérieur de l'université Jiao Tong de Shanghai : 39e place au niveau africain au moment où le Maroc, la Tunisie, l'Egypte, la Tanzanie et autres Sénégal passent devant et raflent les meilleures places. L'Afrique du Sud, à elle seule, a réussi à placer 8 universités aux premières loges. Au classement international, les chances pour l'Algérie d'y figurer sont pour ainsi dire nulles. Sur les 1000 établissements universitaires en lice, aucune université algérienne n'a eu droit de cité. Sur les 7000 universités en concurrence, l'université algérienne arrive à la… 6995e position ! L'école algérienne, prise en otage par le même système, est devenue un laboratoire où nos enfants servent de cobayes pour des expériences menées non pas par des pédagogues, mais par des politiciens sans scrupules qui y assassinent l'intelligence au moment où les enfants des dirigeants fréquentent les prestigieuses écoles d'Europe et d'Amérique. La culture, quant à elle, vivote dans des conditions où seule l'allégeance fait office de condition sine qua non pour se voir admis dans les manifestations où ils est plus question de zerda et de corruption que de culture. La mauvaise santé de la culture peut se vérifier dans un pays qui comptait à la fin de la guerre, en 1962, plus de 400 salles de cinémas opérationnelles et qui n'en compte plus aujourd'hui qu'une dizaine, souvent réduites à des projections vidéo ! Vous avez dit culture ? Parce que tous les jeunes, y compris ceux qui ont un emploi stable, désemparés et vidés de leur sève, ne croyant plus à la culture du mensonge d'un régime répressif, rêvent de partir définitivement de leur pays qu'ils aiment pourtant profondément, mais pour lequel ils ne se sentent guère utiles. Partir n'importe où et n'importe comment, pourvu que l'on quitte au plus vite ce pays qui semble honni… Voilà le royaume en haillons légué à la jeunesse d'aujourd'hui après 47 ans de l'indépendance confisquée par un pouvoir gangrenée par la corruption et le tribalisme et par 10 ans d'une gestion bazardeuse. Les seules performances de l'Algérie de Bouteflika restent son classement parmi les 10 pays les plus corrompus du monde et sa présence parmi les pays les moins respectueux des droits de l'homme et de la liberté d'expression, comme le prouve le nombre insondable de journalistes traduits en justice… Un seul mégaprojet, du reste improductif, la grande mosquée en l'occurrence, qui dévorera un budget initial de pas moins de 3 milliards de dollars, l'équivalent de centaines d'usines ou de milliers de logements, témoignera pour les générations futures de leur absence totale des préoccupations de nos dirigeants d'aujourd'hui. A propos, où est le million de logements promis en 2004 quand la crise du logis était moins aiguë qu'elle ne l'est aujourd'hui ? Parce qu'après 10 ans d'une politique d'improvisation, l'Algérie n'attire pas plus de touristes que durant les années 90, puisque, annuellement, près d'un million de visiteurs seulement, dont la moitié sont des Algériens établis à l'étranger, choisissent la destination Algérie contre 8 millions de touristes pour le Maroc et 7 millions pour la Tunisie. La crédibilité et la sécurité d'un pays donné se mesure aussi par le volume de sa fréquentation par des touristes étrangers. Quand 45 milliards de dollars sont débloqués par l'Union européenne pour permettre aux 15 nouveaux pays membres qui viennent de la rejoindre de rehausser leurs économies respectives au niveau de celles de l'Allemagne et de la France et que 140 milliards de dollars déclarés sont incapables de redresser l'économie d'un seul pays de 36 millions d'habitants, y a pas photo, l'heure est plus que grave et la continuité est un péril en soi. Parce que aimer profondément son pays et être digne et responsable envers les générations futures, être soucieux du bien-être de sa patrie et de son évolution dans le sens de l'histoire, être un patriote et accomplir son devoir citoyen, c'est ne pas permettre à ces gens qui nous gouvernent avec mépris d'exploiter notre attachement viscéral à ce pays en acceptant de légitimer la prochaine bouffonnerie électorale. Ne pas voter le 9 avril est plus que jamais un acte de dignité et de patriotisme.