Cette nouvelle évacuation du président de la République au Val-de-Grâce, que les Algériens ont découverte hier en début de soirée, remet clairement entre guillemets le quatrième mandat. C'en est vraiment trop. Et c'est un très mauvais départ pour un homme qu'on dit partant, quoi qu'il arrive, au scrutin d'avril prochain. Il est pour le moins difficile de donner crédit au laconique communiqué de la Présidence évoquant un «contrôle de routine» de Bouteflika qui se porterait comme un charme. Pourquoi a-t-on attendu presque deux jours avant d'annoncer la nouvelle de ce retour au Val-de-Grâce ? Une question légitime, tant les Algériens ont appris la leçon du fameux accident ischémique transitoire (AIT) qui a dû servir d'euphémisme médical à un vrai accident vasculaire cérébral (AVC). Sans doute que, n'était la proximité de la convocation du corps électoral prévue demain ou après-demain, le secret aurait été bien gardé là haut, au sommet du pouvoir. Mais ce fâcheux hasard du calendrier absolument indépassable a forcé la main à ceux qui nous présentent cette rechute comme une simple balade de santé. Du coup, la question coule de source : le quatrième mandat, qui fait tourner la tête à Amar Saadani, Amar Ghoul et Amara Benyounès, est-il toujours valide ? Le bon sens aurait voulu que Abdelaziz Bouteflika convoque, par décret présidentiel, le corps électoral et publie un communiqué dans lequel il annonce sa retraite. Tous les Algériens savent qu'il est très malade. Les rares images diffusées ou volées sont parlantes… Cette ultime rechute constitue quelque part un autre coup du sort au moment où ses supporters les plus zélés redoublent d'arrogance sur un «4e mandat», la «stabilité» et autre exposé des motifs qui justifieraient, d'après eux, de garder l'Algérie en mode «bouteflikien». Mais ces montages audio, verbaux et vidéo censés valider le ticket du 4e mandat sont vite rattrapés par une réalité bien crue : Abdelaziz Bouteflika est bien malade et rallonger son mandat à la tête du pays risque d'être un désastre sur tous les plans. Ce retour imprévu au Val-de-Grâce, là où tout avait commencé le 26 novembre 2005, se décline comme un brusque rappel d'un diagnostic implacable pour un homme qui gagnerait à se reposer après quinze années d'usure du pouvoir. L'histoire ne dit pas si c'est lui, personnellement, qui tient à ce point à rester aux commandes ou qu'on lui met une telle pression qu'il a fini par rechuter et repartir ainsi à Paris. Quoi qu'il en soit, le séjour parisien de Bouteflika impactera forcément le calendrier électoral si d'aventure il devait rester au-delà de vendredi prochain, contrairement à ce qu'annonce la Présidence. A moins de convoquer le corps électoral algérien depuis son lit d'hôpital, le Président risque de plonger dans un imbroglio juridique en ce sens que la date de cette convocation solennelle n'est pas extensible. Bouteflika devra donc, absolument, rentrer au pays vendredi pour signer le fameux décret. Il faut juste espérer que ce n'est pas un autre coup tordu pour déboussoler les candidats potentiels. Auquel cas, ce serait du cynisme politique tout cru.