Les Iraniens s'apprêtent à élire leur futur président demain. Les jeunes Iraniens se sont donné rendez-vous sur cette grande avenue de la révolution, devant l'université de Téhéran. Ils se sont donné comme mot d'ordre le slogan du changement incarné par la couleur verte choisie par le candidat à la présidentielle Mir Hossein Moussavi, Premier ministre durant la guerre Iran/Irak. Téhéran : De notre envoyée spéciale Celui-ci affiche une image de modéré, ce qui ne l'empêche pas de défendre la poursuite de l'enrichissement d'uranium par son pays. Il met l'accent sur la situation économique et les droits des femmes. Son épouse, Zahra Rahnavard, apparaît régulièrement en public avec lui et a critiqué le sort réservé aux femmes dans la société iranienne. Yacer, jeune étudiant en droit, né en 1979, – date de naissance de la révolution iranienne –, considère le candidat Moussavi comme l'espoir d'un nouvel Iran renversant la situation politique actuelle. « Je soutiens Moussavi contre Ahmadinejad. Mais je suis réaliste, je ne mourrai pas dans une démocratie. Le changement doit se faire sur le long terme. Cela dit, si Moussavi n'est pas élu, je respecterai celui qui sera le président de mon pays. », a-t-il dit. Les critiques de ses supporteurs, manifestant hier à Téhéran, étaient acerbes et sarcastiques à l'encontre du président sortant Ahmadinejad. Ils reprenaient les phrases du candidat Moussavi dénonçant les mensonges de son adversaire, le président sortant Ahmadinejad, comme « deux et deux égal dix, deux et deux égal 12 », faisant allusion au mensonge. D'autres slogans prennent part à ce décor en désordre, des embouteillages, des distributions des banderoles, les affiches tout en vert symbolisant l'espoir et le changement. Face à l'importance des manifestations pro-Moussavi, les supporteurs du président en place semblaient bien timides. D'autres étudiants dont l'activisme politique les a exclus de l'université, manifestent devant les portes de l'université de Téhéran, avec des banderoles exprimant leur état d'âme : « Pourquoi ne pouvons-nous pas continuer nos études ? », « Nous demandons la liberté !!! ». Dans cette marée humaine, entre les klaxons de voitures et les supporteurs des deux camps (Moussavi et Ahmadinejad) scandant différents slogans, trois jeunes artistes peintres expriment leur soutien d'une façon plus artistique : l'un des trois dessine une femme sans tête, habillée de couleurs sombres et tenant dans sa main un foulard vert. Le vert symbolise l'espoir et le changement. Les passants s'identifiant à cette femme laissent leur empreinte sur le tableau en signe de solidarité. Mais la présidentielle n'oppose pas seulement deux hommes. Mahdi Karoubi, le candidat religieux, appartenant au même mouvement réformateur que Moussavi participe également à la course à la présidence mais de façon moins visible. Toutefois, ses critiques à l'encontre du président sortant n'en sont pas moins mordantes. Quant à Mohsen Rezai, conservateur, ancien commandant des Gardiens de la révolution, il a promis de combattre la pauvreté, les prix élevés et le chômage. Ses sympathisants restent minoritaires par rapport à l'ampleur grandissante du camp Moussavi. En cas de réélection à la tête du pays, le président Ahmadinejad a promis de poursuivre le programme nucléaire civil, si controversé à l'étranger et d'en divulguer les archives, datant des années 1980. Zahra, jeune étudiante en ingénierie, soutenant le président Ahmadinejad, se confie : « Je pense que notre président a vraiment concrétisé ses promesses. Il a beaucoup aidé les populations iraniennes dans des villes éloignées, et n'a pas négligé les plus pauvres de notre société. Cela dit, je respecterai celui qui sera le futur président de mon pays », elle ajoute : « Je suis fière du programme nucléaire iranien, et je suis fière d'être Iranienne (...) Je souhaite que la paix et la justice règnent dans le monde. » La campagne présidentielle est close aujourd'hui avec une nette confrontation entre les supporteurs de Moussavi et ceux du président sortant. Peut-être un deuxième tour est envisageable. Les Iraniens se présenteront aux bureaux de vote demain.