Décapité et enterré quelque part dans ce vaste no man's land désertique qui s'étire entre le Mali, le Niger, la Mauritanie et l'Algérie. Tel fut le triste sort de l'otage britannique, Edwin Dyer, 61 ans, détenu pendant 4 mois et demi par Al Qaïda au Maghreb islamique. Ce dimanche 31 mai, Abdelhamid Abou Zeid, 43 ans, le chef du groupe terroriste affilié à Al Qaïda, n'a donc pas failli à sa réputation d'individu violent et brutal et sa main n'a pas tremblé lorsqu'elle a tranché la gorge du malheureux otage. Le sort de Dyer a été scellé deux jours plutôt lorsqu'il avait été séparé de l'autre otage, le suisse Werner Greiner. Furieux de l'attitude des britanniques, Abou Zeid est alors entré dans une colère noire. « Pour qui se prennent-ils ces britanniques ?, s'est-il écrié selon un des négociateurs présent sur les lieux. L'islam nous enseigne de ne pas avoir de liens avec les infidèles. C'est pourquoi cet homme (Dyer, NDLR) sera exécuté au nom d'Allah. » Al Qaïda avait donc prévenu. Si le bras droit de la nébuleuse islamiste en Europe, Abou Qotada, 48 ans, surnommé le prêcheur de la haine et incarcéré à la prison de Long Lartin, en Angleterre, n'est pas libéré comme l'exigeait Al Qaïda au Maghreb, Edwin Dyer sera passé par les armes. Le gouvernement de Gordon Brown avait officiellement rejeté les exigences des terroristes et refusé de payer une rançon, mais des négociations secrètes ont été engagées avec les ravisseurs via le gouvernement malien. Une opération de commandos SAS était même envisagée pour libérer les otages, mais elle fut annulée en raison des risques militaires et politiques qu'elle pouvait induire. Edwin Dyer, 61 ans, ingénieur marié à une Suissesse, a été capturé le 22 janvier dernier près de Tombouctou au Mali en compagnie de cinq autres touristes alors qu'ils revenaient d'un festival consacré à la culture touareg. Interceptés par des rebelles touaregs, ils ont été ensuite revendus au groupe d'Abou Zeid. Ironie du sort, le médecin d'Edwin Dyer l'avait dissuadé de ne pas voyager en raison de son état grippal, mais le touriste britannique avait outrepassé les recommandations de son médecin.