L'initiative de Amar Ghoul, qui relègue la présidentielle au second plan, si elle a surpris bien du monde au sein de l'opposition, ne suscite pas forcément l'intérêt chez les autres membres de l'alliance présidentielle. Les quatre partis de l'alliance présidentielle se réuniront demain au siège national du RND, à Alger. Cette rencontre – qui regroupera le FLN de Mouad Bouchareb, le RND d'Ahmed Ouyahia, le MPA de Amara Benyounès et TAJ de Amar Ghoul – intervient à un moment particulier, marqué par des doutes persistants sur la tenue dans les délais de la présidentielle de 2019. Mais pas seulement. Cette réunion se tiendra quelques jours après le lancement, par l'un des partis membres de cette alliance, d'une initiative pour le moins étrange. Il s'agit de l'appel du président de TAJ, Amar Ghoul, pour la tenue d'une conférence nationale politique sous l'égide du président Bouteflika. Une conférence politique pour définir les axes qui permettront l'avènement d'une Algérie nouvelle. L'initiative de Amar Ghoul, qui relègue la présidentielle au second plan, si elle a surpris bien du monde au sein de l'opposition, ne suscite pas forcément de l'intérêt chez les autres membres de l'alliance présidentielle. Si le FLN et le RND se sont abstenus jusqu'à présent de la commenter, le MPA de Amar Benyounès s'est démarqué de cette initiative. En attendant de connaître la position des deux autres membres de cette alliance, l'initiative de Amar Ghoul révèle des fissures au sein de l'alliance présidentielle, qui n'est pas aussi soudée qu'on le pensait. Se démarquer de manière ouverte d'une initiative d'un partenaire politique, c'est refuser de s'inscrire dans son agenda. On peut conclure que Amar Ghoul, qui n'agit assurément pas seul, n'obéit pas à la même entité politique que Amara Benyounès. Ces divisions apparentes au sein de l'alliance présidentielle, censée travailler au service du chef de l'Etat, peuvent être tactiques comme elles peuvent être le reflet d'une réelle mésentente au sommet et d'une démultiplication des centres de décision aux intérêts divergents. S'il faut encore attendre la tenue de cette réunion pour mesurer la taille de cette fissure, on peut d'ores et déjà affirmer que Benyounès est très réservé sur la question du 5e mandat. S'agit-il d'une tactique de la part de cet homme politique qui a toujours soutenu le président Bouteflika ? Peut-être. Comme il se peut que Benyounès, connu pour être bien introduit dans le système politique, adopte une position conforme à l'entité politique à laquelle il est adossé. Une entité qui pourrait être différente de celle de Amar Ghoul. Lors de sa dernière réunion qui s'est déroulée le 18 novembre au siège du FLN, l'alliance présidentielle avait mis l'accent sur l'impératif de mettre en place un programme d'action unifié pour garantir le succès de l'élection présidentielle d'avril 2019. «Nous sommes mobilisés pour œuvrer, ensemble, à l'élaboration d'un programme d'action unifié, en prévision de la prochaine élection présidentielle», avaient affirmé les représentants des quatre partis de cette alliance à la fin de leur rencontre de coordination. Une rencontre qui a eu comme principal objectif «la réussite du prochain rendez-vous électoral». Qu'est-ce qui a bien pu changer pour que l'un des membres de cette alliance qualifie cette même présidentielle de «secondaire» et propose un «plan» pour la mise sur pied d'une Algérie moderne ? Le FLN et le RND devraient s'exprimer sur la proposition de Ghoul. Leur position pourrait nous renseigner sur l'origine de cette initiative qui appuie l'idée d'un report de la présidentielle. Cela pourrait également nous donner un meilleur topo des forces en présence, qui pèsent dans les manœuvres en cours à la veille de cette élection présidentielle de toutes les incertitudes. Des incertitudes alimentées par la multiplication des appels et des initiatives politiques qui vont dans le sens du report de ce grand rendez-vous électoral. Les partis de l'alliance vont-ils accorder leurs violons et chasser le doute sur la tenue dans les délais de la présidentielle ?