Le monde s'apprête à affronter une pandémie de grippe porcine, la première depuis plus de quarante ans. La grippe « A » a déjà contaminé, selon les statistiques de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 29 669 personnes dans 74 pays. Au total, pas moins de 145 personnes ont succombé à la fièvre porcine. L'Organisation genevoise a décrété hier l'alerte maximale. Depuis son apparition fin mars, le virus H1N1 a particulièrement affecté les Etats-Unis (13 217 cas), le Mexique (5717), le Canada (2446), l'Australie (1224), le Chili (1694) ou encore le Royaume-Uni (666). Le virus est aux frontières de l'Algérie. Un premier cas de grippe porcine a été détecté jeudi au Maroc chez une jeune fille de 18 ans venue du Canada. Dans les pays où le virus n'est pas encore détecté – comme l'Algérie –, l'Oms a recommandé aux gouvernements de prendre des mesures de confinement avancé, allant jusqu'à des quarantaines. « Le virus ne peut pas être arrêté », a souligné la directrice de l'OMS, Margaret Chan. « J'ai décidé de lever l'alerte pandémique de la phase 5 à la phase 6 », a-t-elle expliqué lors d'une conférence de presse au siège de l'organisation à Genève. L'Organisation genevoise s'attend à une nouvelle vague d'infection. Le combat contre le virus H1N1 devrait durer un à deux ans. L'OMS n'a, semble-t-il, pas voulu créer un climat de panique exagérée. Elle s'est abstenue de recommander la fermeture des frontières ainsi que des restrictions au mouvement des personnes, des biens et des services. « Pour l'instant, l'estimation générale est que nous avons affaire à une pandémie modérée », a tempéré la directrice générale de l'OMS, le docteur Margaret Chan. Son message se veut rassurant : « Aucune pandémie antérieure n'a été décelée aussi tôt ni surveillée d'aussi prêt, en temps réel, dès le début. Nous avons une longueur d'avance », a expliqué la directrice de l'organisation, faisant valoir les cinq dernières années de préparation active suscitée par la menace de la grippe aviaire. Des experts ont souligné que la proclamation de l'état de pandémie est motivée par l'étendue géographique de la maladie, mais pas par sa gravité. La mortalité du virus s'est, en effet, révélée jusqu'à présent à peu près équivalente à celle de la grippe saisonnière (0,1%), en dehors du Mexique (0,4%), alors que celle de la grippe aviaire est de 60%. La plus grande crainte des spécialistes de l'OMS est de voir le virus « muter et se combiner avec une souche plus virulente », ouvrant la voie aux scénarios les plus pessimistes. Fait inédit : la majorité des cas est survenue chez des personnes de moins de 25 ans. Les cas les plus graves ont été constatés chez les 30/50 ans. En vue de l'apparition d'un virus plus virulent lors de la deuxième vague promise par l'OMS, les laboratoires internationaux se sont lancés dans une course contre la montre pour produire au plus vite un vaccin qui pourrait enrayer la pandémie. Le suisse Novartis a pris ses concurrents de court en annonçant hier avoir produit un premier lot de vaccins contre le virus A qui va servir à des études cliniques. Le groupe prévoit une mise à disposition d'ici « l'automne » du médicament.