Il n'existe nulle part une ville aussi belle que Taormina en Sicile. La ville est située au dessous de l'Etna , mais sans crainte du volcan une foule de visiteurs se presse dans ce très séduisant perchoir méditerranéen. La nuit venue, sous le ciel étoilé et sur l'écran géant du Teatro Antico que chacun peut suivre le programme du festival. A Taormina, une des raisons de l'afflux des spectateurs, c'est que l'entrée est bon marché.De jour en jour, en Italie, la rumeur court, s'enfle, gagne du terrain sur la vie privée de Silvio Berlusconi marquée par une persistante odeur de scandale. Mais ici à Taormina, ce qui se passe à Rome glisse à travers le luxuriant décor de la cité sans inquiéter personne. Taormina étant un rendez-vous sicilien important pour l'art, le rite cinématographique quotidien se partagera, d'ici le 20 juin, en projections-débats, master-class, et quelquefois par des virées sur les plages splendides de la région en quête de plongées sous l'étincelant soleil de la Sicile. La nuit, au hit-parade des fêtes données à l'occasion du festival de Taormina, il y a celle à la villa de Valguanera par Abu Dhabi Culture and Heritage authority et le Middle east international film festival, désormais associés à Taormina Arte. L'Italie, pays de grands cinéastes comme Moretti, Olmi, Bellocchio, Sorrentino, attire de plus en plus les pays arabes du Golfe qui investissent désormais aussi dans l'art et la culture, voir la fameuse création d'une annexe du Musée du Louvre à Abu Dhabi. Le rapprochement entre Taormina Arte et Abu Dhabi est le signe heureux que la politique xénophobe de la Ligue du Nord en Italie ne passe pas par la Sicile. Cette année, sous la direction de Deborah Young, journaliste et critique américaine vivant à Rome, une passionnée du cinéma arabe (et de la Casbah d'Alger !), le festival de Taormina confirme sa montée en puissance par rapport aux autres festivals italiens comme celui de Venise, Rome et Turin. La grille des programmes indique qu'il y a simultanément des projections à Taormina, Palerme, Syracuse et Palma de Montechiaro. Le festival de Taormina ne s'interdit pas de projeter des productions du Brésil ou des Etats-Unis, mais c'est essentiellement le cinéma méditerranéen qu'on montre ici chaque année. Le grand prix (Taureau d'or) cette année sera remis à un film parmi les huit en compétition venus du Maroc, Syrie, Turquie, Egypte, Italie, Espagne, Israël, France. Deux cinéastes arabes au moins, décrits comme originaux et talentueux, font partie de la sélection officielle : l'Egyptien Magdy Ahmed Ali qui présente Khaltet Fawzia et le Marocain vivant en Norvège Nourredine Lakhmari dont le solide et cohérent portrait mêlant réalité et fiction de Casablanca dans Casanegra (déjà primé à Dubai) a profondément secoué un très large public dans son pays.