La mainmise des talibans pakistanais sur la région du Malakand, dans le nord-ouest du Pakistan, inspire les plus vives inquiétudes aux dirigeants américains et européens. Les talibans pakistanais ont même conforté leur position en concluant avec Islamabad un accord interprété dans les capitales occidentales comme une capitulation. Le gouvernement pakistanais a en effet accepté l'instauration dans le Malakand de tribunaux islamiques. Face à une telle évolution, les Etats-Unis craignent une plus grande avancée des talibans pakistanais encouragés dans une telle voie par la faiblesse de ripostes de l'armée régulière. Cette montée en puissance des talibans pakistanais survient au moment où l'Administration Obama s'attache à concentrer tous ses efforts sur l'Afghanistan où les talibans locaux tiennent en échec les forces de la coalition présentes dans le pays. Le président américain a notamment plaidé pour un renforcement des effectifs militaires étrangers afin de pouvoir engager une pacification de l'Afghanistan, chose que ne pourrait accomplir le gouvernement de Kaboul ni une armée afghane au stade de la constitution. L'ouverture d'un front taliban pakistanais rend plus difficile la perspective définie par le président Obama. Le Pakistan présente en effet cette particularité de détenir l'arme atomique et une trop grande influence, voire une prise du pouvoir par les talibans, serait lourde de conséquences pour la région et le monde, selon les appréhensions des dirigeants occidentaux. Les Etats-Unis pressent ainsi les autorités pakistanaises d'agir contre l'avancée des talibans. Ces derniers sont présentés comme fortement armés et prêts à en découdre avec l'armée régulière. C'est d'ailleurs au terme d'âpres combats que le gouvernement pakistanais a été contraint de signer un accord avec les talibans. La question qui se pose alors est celle de savoir si Islamabad pourra contenir la poussée des talibans pakistanais avec ses propres moyens sans entraîner d'autres régions du Pakistan à entrer en conflit avec le pouvoir central. Il est permis de se demander, d'autre part, si les forces de la coalition seront tentées d'intervenir contre les talibans pakistanais. Cette éventualité est pour le moment peu envisageable au regard des difficultés de la coalition à faire la décision en Afghanistan. Cette situation pourrait surtout bénéficier aux talibans afghans qui voient les regards se détourner d'eux. C'est assurément un casse-tête pour le président Obama qui, en entreprenant de se désengager de l'Irak, entendait se concentrer de manière décisive sur l'Afghanistan. L'irruption des talibans sur la scène pakistanaise le conduira-t-elle à réviser tous ses calculs