– plus de 500 000 morts en une seule année pour une seule région, soit 20% de la population musulmane totale de l'époque, alors que la population européenne a augmenté de plus de 12% durant le même laps de temps. A titre comparatif, les morts de la guerre de Libération nationale représentent environ 17% de la population sur sept années. – Un séquestre de 91 180 ha et 352 259 de 141 tribus spoliées de leurs terres. – Un impôt de guerre de 11 378 877 F. – De nombreuses condamnations et déportations. Concernant les seules tribus de la vallée de l'oued Sahel Soummam, le montant global de l'impôt de guerre qui fut prélevé sur elles est de 1 363 200 F et la superficie totale des terres séquestrées de 25 150 ha. 10 centres de colonisation ont été créés sur ces terres : – La Réunion/Mzaïa a grandi en 1871 avec l'apport de 3352 ha. Les terres proviennent du séquestre des Ouled Sidi Mohamed Amokrane d'Amadan, des Toudja et des Mzaïa. – EI Kseur, créé en 1872 sur 3364 ha de terres fertiles sises sur les berges de l'oued Soummam. Le séquestre sur les Toudja et les Mzaïa représentait 493 ha, celui sur les Fenaïa et Bounedjamen représentait 2871 ha. – Oued Amizour, créé en 1872 en amont d'El Kseur, sur 5559 ha. Les terres proviennent du séquestre des tribus des Ouled Tazmalt, des Sanhadja et des Barbacha sises sur la rive droite de la Soummam. – II Maten, créé en 1874 sur 1331 ha. La totalité des terres proviennent du séquestre de la tribu des Fenaïa sise sur la rive gauche de la Soummam, en aval d'EI Kseur. – Sidi Aïch, créé en 1874 sur 390 ha. Situé sur les berges de la Soummam au nord d'II Maten et d'El Kseur, ce périmètre de colonisation a été implanté sur les terres de la tribu des Aït Oughlis. – Ighzer Amokrane, créé en 1875 sur 2297 ha. Les terres proviennent du séquestre des Aït Oughlis et des Ouzellaguen. – Akbou, créé en 1872 sur 3255 ha. Les terres du périmètre d'Akbou ont été prélevées sur le séquestre des tribus des Aït Abbès et des Illoulen. – Tazmalt, créé sur 1658 ha prélevés sur le séquestre des tribus des Aït Abbès. – Se ddouk, créé sur 4296 ha prélevés sur le séquestre des tribus des Aït Adel. – Medala, sur le littoral, créé en 1880 sur 141 ha prélevés sur le séquestre des tribus des Mezzaâ. Les articles cités parlent du centre de colonisation d'Akbou, créé en 1872 sur 3255 ha prélevés sur le séquestre des tribus des Aït Abbès et des llIoulen. – Les droits de victimes et de leurs ayants droit : Pour avoir une meilleure idée des droits de telle ou telle partie, il faut revenir à la situation du foncier avant 1830, ensuite au senatus consult et aux cadastres de 1863/1887, et à l'évolution jusqu'en 1962. D'excellents travaux (dont trois thèses publiées) ont été réalisés sur ces questions : – Laurent Charles Ferraud : Histoire de Bougie. – René Arrus : L'eau en Algérie : de l'impérialisme au développement (1830-1962). – Abdelkrim Badjadja : Les anciennes tribus de l'Est algérien 1863-1887. – Alain Mahé : Histoire de la Grande-Kabylie XlXe-XXe siècles. L'importance du problème est accentué par la référence que font les représentants de la famille Benalycherif eux-mêmes, à la fin de leur mise au point, à la Constitution de notre pays en ses : – Titre premier : des principes généraux régissant la société algérienne. – Chapitre IV : des droits et des libertés. – Article 52 : le droit d'héritage est garanti… Les points de suspension de cet article, ajoutés par le rédacteur de la mise au point, sont révélateurs. La question qui se pose en effet est de savoir de quel héritage il est question ; l'héritage ancestral des Algériens ou celui légué par la France coloniale à ses auxiliaires. Entre 1877 et 1902, les transactions immobilières ont concerné seulement 616 nouveaux détenteurs (des bachaghas et des caïds). Seuls leurs descendants peuvent donc présenter des actes authentiques français. Les descendants de tous les autres Algériens (musulmans indigènes non naturalisés Français et notamment ceux des 352 259 membres des 141 tribus spoliés de leurs terres) se réclament d'actes ancestraux établis par des cadis algériens avant 1830. Si c'est l'héritage légué par la France à ses auxiliaires ou leurs descendants sur la base de documents qu'elle a confectionnés qui est prééminent, on se réfère alors au droit de conquête. Et on suggère que l'Algérie est toujours sous domination française. II est temps de débattre de ces questions avec sérénité et responsabilité, car il est non seulement question des séquestres opérés par les forces de la colonisation et leurs auxiliaires sur les terres tribales ou familiales de nos aïeux, mais également de la rétention des archives, de la falsification de notre histoire, de dépersonnalisation, et surtout des génocides et des tortures pratiquées par ces mêmes forces, de la repentance, des indemnisations des victimes ou de leurs ayants droit… En un mot, de la responsabilité actuelle de la france. A l'heure de la mondialisation et de la communication par satellite ou via internet, on ne peut plus invoquer des prétextes fallacieux pour continuer à dénier les droits des victimes et de leurs descendants : – Les victimes et leurs ayants droit sont identifiés ; il suffit de demander les listes. – Les tribunaux (surtout internationaux) sont rompus au traitement de ces dossier ; il suffit de les solliciter. Il est également temps de se pencher avec lucidité et responsabilité sur la destination finale de ces terres qui comptent parmi les plus riches d'Algérie, qui sont souvent en jachère, ou livrées au dilettantisme. Les transactions, dont elles font l'objet, cachent souvent des opérations de détournements d'aides publiques d'évasions fiscales ou de transferts de capitaux. Elles mettent en danger la sécurité alimentaire et l'indépendance réelle de notre pays.