Est-ce que ce sont les thérapies administrées à ce secteur, du temps où il était département ministériel à part entière par les différents responsables qui, avec sa stratégie en 2010, qui, avec son schéma directeur en 2013, qui avec sa politique de développement et ses perspectives en 2015, n'ont pas convaincu en haut lieu, quand bien même elles ont reçu assentiment et accord. Cachez-nous ce secteur qu'on ne saurait voir, qui nous fait honte, doit-on se dire, comparé aux performances et aux résultats engrangés par ailleurs ! Sentant que le tourisme est sérieusement malade, ils ont pris la décision de l'amener dans la salle de réanimation de l'environnement et de l'aménagement et du territoire. Un secteur dont l'état n'est pas aussi reluisant que celui qui vient partager son lit d'hôpital. Le diagnostic fait par la nouvelle maison hospitalière dans laquelle a atterri le tourisme est alarmant et plaide pour un traitement à très long terme qui s'étalerait à 2025. Un schéma directeur d'aménagement touristique a été élaboré jusqu'à cette date qui, comme les autres schémas du littoral, des Hauts-Plateaux et autres, pourrait ne pas dépasser son cadre conceptuel et philosophique. Et dans un premier temps, le tourisme est sous perfusion, astreint à un régime sévère et dispensé de certaines de ses activités traditionnelles. Pas de cérémonie d'ouverture, ni de clôture de la saison estivale. Pas de salon international du tourisme et des voyages. Pas de festival du tourisme. Pas de célébration de la journée mondiale du tourisme. Gel de l'attribution des agréments des agences de tourisme de peur de l'overdose ?! Les cadres, du moins ceux qui restent, sont coupés du reste du monde, privés parfois de téléphone, scrutent l'horizon des prochaines élections dans l'espoir d'un meilleur sort. Pour faire croire à l'opinion que le malade pourrait se rétablir, on lui administre périodiquement et de façon tonitruante quelques potions de recettes réchauffées. Un cautère sur une jambe de bois ! Une activité par-ci, une autre par-là, chichement médiatisée. On est allé jusqu'à ameuter des «investisseurs» au chevet du secteur pour entonner leurs rhapsodies afin qu'ils déterrent leurs vieux projets pour maintenir un semblant de vie au secteur. Même celui qui réalise 10 chambres ou 20 lits. Même ceux dont les projets datent du temps de l'OSCIP, l'office de suivi de l'investissement privé du début des années 80. En une année, il a été enregistré plus de 200 projets. Et dire que nous vivons une crise financière internationale qui n'a épargné aucun pays ni aucun secteur où nous assistons à une décélération de l'investissement. Du temps où l'économie mondiale était florissante, le secteur du tourisme n'attirait que des miettes. Est-ce par temps de crise qu'il se dynamise et que les investisseurs accourent par centaines pour placer leurs capitaux dans le domaine touristique. Si c'est ainsi, bienvenue à la crise ! L'élection à la tête de l'Etat de Abdelaziz Bouteflika a suscité beaucoup d'espoirs pour les professionnels et les opérateurs, dans la mesure où ils se font à l'idée qu'au début de l'indépendance il était le premier à avoir eu la charge ministérielle de ce secteur aux côtés de celui de la Jeunesse et des Sports et qu'il lui porterait un intérêt à même de redorer l'image du pays. On a cru comprendre que durant le premier mandat, son premier souci était axé sur la réconciliation nationale et que beaucoup de chantiers socio-économiques étaient prioritaires comparativement au tourisme, c'est-à-dire qu'il y avait une certaine hiérarchisation et que l'activité touristique n'est pas totalement ignorée mais devrait attendre son tour. Cet espoir ira grandissant avec le message du président du République adressé à la gent touristique lors de la célébration de la Journée mondiale du tourisme en septembre 2004 où il disait que «nous déploierons davantage d'efforts et accorderons une plus grande attention au tourisme, en le soutenant par tous les moyens à même de lui permettre de concrétiser l'objectif du développement du tourisme national et son intégration dans le marché touristique mondial. Il faudrait donc hisser le secteur touristique au rang des secteurs économiques prioritaires sur lesquels reposent la relance de notre économie nationale et la promotion de la société». Ceux des acteurs du secteur qui ont fait de cette intervention du Président leur feuille de route et se frottaient les mains d'un avenir meilleur pour l'activité vont, trois années plus tard, porter le deuil après sa disparition en tant que département ministériel et que la kafala de l'activité a été confiée à un autre département qui n'est pas tout aussi important que lui, comme l'indique le budget annuel de ce dernier le classant dans les toutes dernières loges, quand bien même il est chargé d'une lourde mission d'aménager tout le territoire national et d'améliorer son environnement. Le président de la République n'a pas manqué, au cours du même discours, d'insister, à juste titre, sur la valorisation de la ressource humaine. «En outre, nous sommes appelés à accorder la plus grande attention et le plus grand intérêt à l'élément humain en lui garantissant la formation nécessaire et adéquate et ce, afin de faire face à la rude concurrence qu'impose le marché touristique mondial avec le haut niveau de service qu'il offre», dira-t-il. En outre, et concernant ce volet, il est fait mention dans le schéma directeur d'aménagement touristique d'un grand intérêt à la ressource humaine, consistant notamment en la professionnalisation des dirigeants et personnels d'encadrement. En théorie, c'est parfait. Sur le terrain, les choses se passent autrement. A ce titre, la dernière nomination d'un responsable à l'une des plus hautes marches des structures centrales du tourisme n'a, semble t-il, pas été du goût des anciens cadres, du fait que la nouvelle recrue, quand bien même, disposerait d'un bon pedigree, découvre pour la première fois le tourisme et pour qui le secteur est une équation à plusieurs inconnues. Si on apprend à tout âge selon l'adage, dans le tourisme on apprend à n'importe quel poste ! Fut-il un poste de cadre supérieur ! Il semblerait que cela a fait beaucoup de mal aux cadres qui ont trimé des années. Ne doivent-ils pas perdre le goût de l'effort intellectuel ou de tout autre effort ? Le tourisme de «découverte» est un produit certes à valoriser, mais dans un tout autre sens. Il ne suffit plus aujourd'hui de faire quatre ou cinq documents qui sur le plan doctrinal pourraient tenir la route. Le terrain reste le meilleur paramètre de l'appréciation de la santé d'un secteur. La laideur de celle du tourisme n'est pas une lubie de l'auteur dudit article. Beaucoup d'Algériens qui n'ont que l'été comme vacances et la mer comme seul loisir, émigrent ailleurs au cours de la saison estivale. Les étrangers également boudent cette destination. Tout dernièrement, selon les informations rapportées par nos médias, des patrons égyptiens d'agences de tourisme et de voyages venus prospecter le marché de notre pays, sont retournés dans leur pays avec leurs bagages remplis de déception. Que ceux qui croient que nous jubilons de cette situation, se trompent lourdement. Au contraire, notre tourisme qui n'arrive pas à se relever nous fait très mal, car il dispose d'un gisement naturel et culturel et d'autres atouts qui nous autorisent à espérer qu'il serait l'une des locomotives du développement économique et social du pays. Pour cela, il y a lieu d'abord de le réhabiliter comme département ministériel à part entière ou l'intégrer dans un secteur de souveraineté au budget conséquent. Pour notre consolation, souhaitons que le président de la République regarde dans le rétroviseur pour mettre en pratique ce qu'il avait dit en 2004, en hissant le secteur au rang des secteurs économiques prioritaires. En attendant, espérons aussi que les choses ne se compliquent pas avec la crise financière mondiale car beaucoup de pays à forte intensité touristique commencent à ressentir ses secousses qui lézardent des pans entiers de l'activité. Autrement dit, il ne nous reste plus qu'à prier le bon Dieu : God save our tourism !