Il avait l'habitude de jouer avec les mots, d'être ambigu, d'user de manœuvres, mais dans son discours de dimanche a l'université Bar Ilan, dans la banlieue de Tel-Aviv, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a été très clair en refusant aux Palestiniens les droits les plus élémentaires que leur garantit la légitimité internationale. Ghaza De notre correspondant Il a tout simplement mis sous le paillasson les clés de toute solution juste d'une question pour laquelle des centaines de milliers de Palestiniens et d'Arabes de différentes nationalités ont sacrifié leur vie durant plus de 60 ans de conflit avec l'Etat hébreu. En refusant aux Palestiniens tout retour des réfugiés dans leurs foyers en affirmant qu'il devrait se faire en dehors d'Israël, et en excluant de restituer la ville sainte d'El Qods occupée en 1967, sous prétexte que celle-ci devrait rester « la capitale unifiée de l'Etat d'Israël », le Premier ministre annihile tout espoir de paix dans la région tel que souhaité par la communauté internationale. Et comme si ces positions dogmatistes ne suffisaient pas, Netanyahou impose des conditions étouffantes à son pseudo futur Etat palestinien. Celui-ci devrait ainsi être « démilitarisé » et découpé en bantoustans isolés, sans souveraineté aucune sur ses frontières ni sur ses aires ni sur ses eaux territoriales. Et ce n'est pas fini !Les Palestiniens devraient exprimer une reconnaissance préalable et franche « de l'Etat d'Israël, comme Etat pour le peuple juif » ! « Raciste et extrémiste » Concrètement, Netanyahou ne propose rien d'autre aux Palestiniens qu'un déni de droit de vivre, à l'instar de tous les peuples du monde dans la dignité et l'honneur que fournit un Etat indépendant et surtout souverain. C'est dire que son discours n'a pas vraiment surpris les Palestiniens sinon par « sa franchise » sur ses vrais desseins. Et c'est fort logiquement qu'il a été dénoncé par l'ensemble des forces politiques palestiniennes. Ainsi, l'Autorité palestinienne, du « modéré » Mahmoud Abbas, a jugé par la voix de son porte-parole Nabil Abou Roudeina, que le discours de Netanyahou « sape les efforts de paix ». « Les propos de Netanyahou ont sapé toutes les initiatives, paralysé tous les efforts en cours et défié les positions palestiniennes, arabes et américaines », a-t-il déploré. Pour Nabil Abou Roudeina « notre exigence principale est la fin de l'occupation, une solution juste pour les réfugiés et l'arrêt de la colonisation. Les autres détails seront abordés dans le cadre des négociations », a-t-il ajouté. De son côté, le principal négociateur palestinien, Saeb Erekat, s'est montré extrêmement pessimiste suite au discours de Netanyahou. Ironique, il a estimé que « le processus de paix avance à la vitesse d'une tortue. Ce soir, Netanyahou l'a mise sur le dos », a-t-il commenté. Et de s'adresser au président américain : « Président Obama, la balle est dans votre camp. Vous avez le choix, ce soir. Vous pouvez traiter Netanyahou comme un Premier ministre au-dessus des lois (...), refermer la voie de la paix et plonger toute la région dans la violence, du chaos, de l'extrémisme et des massacres. L'alternative est de faire en sorte que Netanyahou se conforme à la feuille de route. » Le mouvement Hamas qui contrôle la bande de Ghaza depuis le mois de juin 2007, n'est pas allé de main morte pour dire tout le « bien » qu'il pense du discours du Premier ministre israélien. Deux mots résument la position du parti de Ismaïl Hanieh : raciste et extrémiste. Dans un communiqué paru juste après la fin du discours, le Hamas a dit que « Netanyahou présente aux Palestiniens un Etat sans identité, sans souveraineté, sans El Qods, sans droit au retour des réfugiés, sans armée et sans armes et est décidé a préserver les colonies ». Dans le même communiqué, le Hamas a appelé l'Autorité palestinienne et l'ensemble des pays arabes à arrêter tout contact avec l'Etat hébreu.