Le Premier ministre israélien s'est refusé jusqu'ici à accepter l'idée de la création d'un Etat palestinien, se bornant à évoquer une «paix économique». Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne devrait pas accepter la création d'un Etat palestinien et un gel de la colonisation, selon les médias, lors du discours qu'il devait prononcer hier soir, présenté comme crucial. M.Netanyahu devait s'exprimer à 20h10 locales (17h10 GMT) de l'université Bar-Ilan à Ramat Gan, dans la banlieue de Tel-Aviv. Il doit répondre au discours de réconciliation avec le monde musulman prononcé le 4 juin au Caire par le président américain Barack Obama, qui a pressé l'Etat hébreu d'endosser le principe de «deux Etats pour deux peuples» et appelé à un gel total de la construction dans les colonies de Cisjordanie, où vivent déjà prés de 290.000 Israéliens. Jusqu'à présent, M.Netanyahu s'est refusé à accepter l'idée de la création d'un Etat palestinien, se bornant à évoquer une «paix économique» avec les Palestiniens. Il a également rejeté un gel de la colonisation en affirmant qu'une telle exigence était «inacceptable». Ces divergences ont provoqué un climat de tension avec les Etats-Unis, qui fournissent une aide militaire annuelle de 2,4 milliards de dollars ainsi qu'un soutien diplomatique à Israël. Lors de sa campagne électorale, M.Netanyahu avait assuré qu'il était le mieux placé pour maintenir l'alliance stratégique avec les Etats-Unis. Selon la radio militaire, le ministre de la Défense Ehud Barak a prévenu qu'il fallait s'attendre à un discours «prudent et même très vague (de M.Netanyahu), dont il ne faut pas trop espérer», à l'occasion d'une réunion des ministres travaillistes. Hier, les médias israéliens soulignaient toutefois, à l'unisson l'importance de ce discours. Le quotidien Yediot Aharonot titrait en Une «le discours de sa vie» au-dessus d'une photo de M.Netanyahu, tandis que le Maariv parlait du «Test de sa vie». La radio militaire a estimé qu'il y avait peu de chances pour que le Premier ministre évoque de «façon claire un Etat palestinien». «Il est plus logique de penser qu'il va affirmer être prêt à aller très loin avec les Palestiniens, mais en assortissant le tout d'une longue liste de conditions et de réserves». La radio publique prévoit pour sa part que M.Netanyahu affirme son soutien à la «Feuille de route», un plan de paix international approuvé en 2003 mais resté lettre morte, qui prévoit la création d'un Etat palestinien à l'issue d'un processus de négociations. Mais, en échange, le Premier ministre devrait exiger que les Palestiniens reconnaissent Israël comme un «Etat juif», que Jérusalem reste la «capitale du peuple juif» et ne soit pas divisée, et refuser un gel de la colonisation. Il devrait aussi dire que la solution du conflit ne peut être que régionale et que, parallèlement aux négociations avec les Palestiniens, les pays arabes doivent entamer un processus de normalisation avec Israël. La radio publique a avancé que M.Netanyahu devrait aussi rappeler les 14 réserves émises par le gouvernement d'Ariel Sharon sur la «Feuille de route». Israël exige notamment le calme durant les négociations, le démantèlement des «organisations terroristes, notamment le Hamas», et la mise sur pied d'un organisme de contrôle «de préférence américain» pour s'assurer que les Palestiniens respectent leurs engagements. Tzipi Hotovely, membre de l'aile dure du Likoud de M.Netanyahu, a dit à la radio que le chef du gouvernement s'était déjà prononcé dans le passé contre un Etat palestinien démilitarisé. «Il a expliqué que tout Etat démilitarisé tend très vite à s'armer, comme l'a prouvé l'exemple de la bande de Ghaza», contrôlée par le Hamas.