Tentative d'annexion de deux lieux saints musulmans au patrimoine archéologique israélien, bouclage pendant quatre jours de l'esplanade des Mosquées, autorisation de nouveaux projets de colonisation sur les territoires d'El Qods-est et de Cisjordanie occupées, ouverture d'une vieille synagogue dans une ancienne ville palestinienne et discours provocateurs à l'égard des dirigeants de l'Autorité palestinienne. Tel-Aviv a eu recours à toutes les méthodes pour empêcher une éventuelle relance du processus de paix au Proche-Orient. Mais il s'agit surtout d'humilier le peuple palestinien comme si l'Etat sioniste cherchait à déclencher une troisième Intifadha, dix ans après la deuxième qui s'est terminée par un véritable bain de sang. La seconde Intifadha avait éclaté autour d'El Qods en 2000 (trois ans seulement après la première), avant la conclusion des accords d'autonomie d'Oslo, où Ariel Sharon, alors dans l'opposition, avait voulu affirmer les droits d'Israël sur l'esplanade des Mosquées, appelée mont du Temple par les juifs. Comme ses prédécesseurs, l'actuel chef du gouvernement israélien est en train d'employer le même stratagème pour justifier de nouvelles exactions en masse d'innocents civils palestiniens. Il semble que cette stratégie commence à porter ses fruits sur le terrain. Car le gouvernement de droite du Premier ministre Benyamin Netanyahou est à l'origine de violents affrontements, mardi soir et hier, entre les forces de sécurité juives et les habitants palestiniens d'El Qods-Est occupée. Les Palestiniens sont en fait sortis dans la rue pour manifester contre le bouclage de l'esplanade des Mosquées par les forces de sécurité israéliennes qui en ont interdit l'accès aux musulmans de moins de 50 ans depuis jeudi dernier. Ils ont été sévèrement réprimés par la police qui a procédé à plusieurs arrestations parmi les manifestants. La monstruosité de la politique sioniste a fait sortir hier de leur silence plusieurs factions palestiniennes de la bande de Ghaza qui n'ont pas exclu une réaction militaire en réaction aux exactions israéliennes à El Qods-Est. Les factions palestiniennes «se trouvent dans l'obligation de répondre aux exactions israéliennes, en plus du blocage du processus de paix au Moyen-Orient», selon des sources palestiniennes, a rapporté hier l'APS. «On a assisté à une nouvelle série de provocations israéliennes qui ne manqueront pas de susciter une réaction», a indiqué George Giacaman de l'université palestinienne de Bir Zeït, cité par l'hebdomadaire français le Nouvel Observateur. Même s'il hésite à parler d'une troisième Intifadha, Bir Zeït estime toutefois qu'«il y aura [évidemment] une réaction de la partie palestinienne en réponse aux mesures israéliennes et elles pourraient durer. Je ne dirais pas qu'elle dureront plusieurs mois ou années, mais le rôle de l'administration américaine est extrêmement important». Mais, jusque-là, la médiation américaine a buté sur le refus catégorique de Benyamin Netanyahou de geler totalement les colonies implantées sur les terres palestiniennes de Cisjordanie et d'El Qods-Est que les Palestiniens réclament comme la capitale de leur futur Etat. La réunion du quartette pour le Proche-Orient qui se tiendra demain à Moscou devrait se pencher sur la montée de la tension dans la région, outre le fait qu'elle doit trouver une solution pour convaincre Israël de geler sa colonisation, comme l'exige l'Autorité palestinienne pour tout retour à la table des négociations sur le processus de paix israélo-palestinien. En Jordanie, 14 associations professionnelles locales avaient appelé mardi dernier à un soutien aux Palestiniens et dénoncé les agressions israéliennes contre les sites sacrés musulmans à El Qods-Est occupée, selon l'APS. Lors d'un sit-in à Amman, ils ont appelé les dirigeants arabes à adopter une position politique arabe unifiée qui soutienne les Palestiniens et aide à parvenir à la réconciliation entre factions palestiniennes au cours du prochain sommet arabe qui se tiendra en Libye à la fin de ce mois. Dans une déclaration, les participants ont appelé à l'abolition du traité de paix signé en 1994 entre la Jordanie et Israël et invité tous les gouvernements arabes et musulmans «à afficher une position claire et concrète» face aux agressions israéliennes. L. M.