Le poste de président, dont s'est doté le FLN, est une fonction effective. Elle n'est pas du tout honorifique. Les statuts du parti, entérinés lors du 8e congrès, sont on ne peut plus clairs à ce propos. L'article 33 de la loi organique est exempt d'équivoque. Il stipule : « Le parti aura un président qui sera plébiscité par le congrès. » Le même article précise qu'il est des « prérogatives du président de convoquer un congrès extraordinaire du parti et de présider les sessions du conseil national ». Aucune allusion n'a été faite à une éventuelle « présidence honorifique ». Le congrès a plébiscité le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, « président du parti », tel qu'il est prévu dans ces statuts. Ensuite, on lui a transmis l'invite qu'il a acceptée en bonne et due forme. Dans son message, adressé mardi soir à la clôture du congrès en guise de réponse à l'offre, le chef de l'Etat a préféré plutôt utiliser l'expression « position honorifique ». Mais cela est loin de changer de son poids au FLN. En dépit de ce « jeu de mots », il est évident que présider les sessions du conseil national est une fonction sans nul doute organique. Les organisateurs du congrès ont tenté d'interpréter autrement les statuts du parti en insistant sur le fait que ces mêmes statuts n'obligent en rien le président du parti. Mais ils ne nient tout de même pas qu'il a le droit de provoquer un congrès extraordinaire au moment où il le veut. Il jouit donc d'un pouvoir qu'il peut utiliser lorsqu'il le juge nécessaire. Cela nous renvoie un peu aux prérogatives et aux missions du secrétaire général du parti qui pouvait, lui aussi, convoquer la tenue d'un congrès extraordinaire. Boualem Bessaïh avait dissipé le moindre doute sur cette question. Répondant à une question d'un journaliste ayant trait à la nature de cette nouvelle instance présidentielle à la tête du FLN, supprimée depuis 1989, il dira d'un ton plus qu'affirmatif qu'il s'agit d'une « présidence au sens propre du mot ». Confirmation de taille. Ainsi, si les architectes de cette offre, qui ne sont pas loin de l'entourage du Président, ne veulent pas l'afficher clairement, c'est parce que cela mettrait le premier magistrat du pays dans une position, sinon contraire à son discours, du moins embarrassante. Le président Bouteflika a toujours insisté dans son discours sur le fait qu'il est indépendant et libre de tout engagement d'ordre partisan. Autrement dit, il est Président sans couleur politique particulière et son seul parti est le peuple qui l'a investi de sa confiance. Le temps semble évoluer et le Président a fini par prendre un parti, peut-être même au détriment des autres. Le FLN, avec à sa tête un président ayant bénéficié d'un plébiscite encore plus large lors de l'élection présidentielle du 8 avril 2004, a, à coup sûr, renforcé son poids politique au sein du système. Pour parer à toute tentative de dévier le parti de sa mission principale, le seule sans doute, qui est de se mettre au service du système ou plutôt servir l'homme le plus fort du régime. Aujourd'hui, c'est le président Bouteflika. C'est dans cette optique qu'il a épousé une nouvelle hiérarchisation. Le comité central n'existe plus que dans les archives. Le conseil national composé de 550 membres, manière de satisfaire tout le monde, est la deuxième instance du parti après le président, car les deux sont élus par le congrès. Les prérogatives du secrétaire général, qui est maintenant Abdelaziz Belkhadem, sont réduites à l'exécution du programme du parti. Il est désigné par le comité exécutif composé de 121 membres qui est élu par le conseil national. Le secrétaire général ne peut pas présider le conseil national, ce qui est du pouvoir du président du parti, M. Bouteflika en l'occurrence.