La rue gronde dans l'indifférence des partis. Leur emprise sur la société ne fait que faiblir, regrette le secrétaire général du FLN. Le FLN n'est pas suffisamment à l'écoute des revendications sociales. Le verdict est cinglant et il parvient des plus hautes instances du parti. C'est Abdelaziz Belkhadem qui a eu recours à cette formule lors d'une rencontre avec les mouhafedhs, qui s'est déroulée hier à Alger. Et les choses devraient changer si le FLN veut se doter d'un ancrage populaire, estime le secrétaire général du parti. Il a tout intérêt à accentuer cette orientation s'il veut garantir une présence honorable lors des échéances prochaines. C'est effectivement en perspective des élections locales qui se tiendront dans deux ans, que le FLN veut se donner une cure de rajeunissement et de féminisation dans une quête de séduction de nouveaux électeurs. La seule contrainte est que pour l'instant, les citoyens sont plutôt préoccupés par leurs problèmes sociaux. Belkhadem en est conscient et il énumère, lui-même, certains d'entre eux. Le logement, l'eau potable, le gaz, l'électricité, l'accès à d'autres commodités sont les principales revendications. Elles sont exprimées de nombreuses fois dans la rue. Dans l'indifférence des partis, regrette, Belkhadem. A bien entendre son discours devant les mouhafedhs venus rendre compte de la situation organique des différentes wilayas et présenter une synthèse des débats de la base à propos du prochain congrès, il n'est pas difficile de percevoir les intentions du secrétaire général du vieux parti. Aborder de la sorte un thème social est une manière d'adresser un blâme au Premier ministre et de tenter de faire ressortir une particularité du FLN, ce qu'a dit clairement Belkhadem. Pourtant, ce dernier se garde d'ajouter qu'il tient toujours à préserver l'Alliance présidentielle qui est un bon moyen de réussir à réaliser le programme du Psrésident, exempt de tout reproche. Belkhadem a aussi une recette pour parvenir à ses fins. Il veut rajeunir le parti tout en favorisant l'élément féminin. Mais cette dernière volonté s'oppose au statut du parti. Pour postuler à un poste électif, il faut avoir cinq ans d'ancienneté en tant que militant, or les échéances électorales approchent à grands pas. Donc, cette disposition du statut devra disparaître. C'est une proposition que le secrétaire général soumettra dès le prochain congrès et qu'il aura des difficultés à faire admettre aux congressistes. Dans la salle des conférences du parti, on entend déjà certains murmurer que les femmes doivent patienter pour accéder aux postes électifs. Le débat risque aussi d'être houleux pour faire admettre la volonté du secrétaire général consistant à composer deux tiers des congressistes de militants désignés par la base avec un fort pourcentage de femmes et de jeunes, imposé de façon volontariste. Ce discours sur le jeunisme est une constante chez le FLN et a déjà été le cheval de bataille de l'ex-secrétaire général, Ali Benflis. Cinq ans plus tard, force est de constater que rien n'est fait dans ce sens. Les promesses de son successeur, resteront-elles alors lettre morte? En tout cas, il risque d'augmenter le nombre de mécontents au sein de ses partisans, lui, qui n'est déjà pas gâté par l'opposition. Cette dernière ne lui fait pas peur. Il pense que ce n'est pas parce que certains cadres adressent des communiqués à des journaux et des tracts à des mouhafadhas qu'ils auront le dessus. Certains membres du parti ont appelé à créer une nouvelle commission de préparation du congrès, un procédé qui n'est pas nouveau, pour mettre fin au règne de Belkhadem. L'intéressé conseille à ses détracteurs de solliciter un mandat de délégué au prochain congrès par le biais des kasmas en promettant un débat contradictoire lors de ce rendez-vous, même s'il risque pour cela de céder sa place. Le secrétaire général a dû prêcher d'autres vertus pour tenter d'épargner à son parti d'éventuelles perturbations. Il avertit que le pouvoir de l'argent n'a pas à s'imposer dans le fonctionnement du FLN sans quoi il serait dévié de sa vocation sociale, prétendue ou réelle, d'ailleurs. Et à ce propos, le secrétaire général pense que ce n'est pas parce qu'il y a une alliance que le parti doit se départir de ses principes et vendre son âme. Ce sont là quelques éléments de la feuille de route du prochain congrès. D'ailleurs, la commission exécutive et le conseil national se réuniront la semaine prochaine pour peaufiner sa préparation.