Le renouvellement des instances dirigeantes du Fln issues du 9e congrès qui a tenu ses assises jeudi et vendredi 18 et 19 mars à la coupole Mohamed Boudiaf, à Alger, a fait l'impasse sur le poste de président du parti qui figure dans les statuts du Fln. Sollicité pour présider aux destinés du parti lors du 8e congrès, le président Bouteflika avait décliné l'offre, se présentant comme le président de tous les Algériens. En revanche, il avait accepté d'être le « président d'honneur », un poste inexistant dans les statuts du parti, créé sur mesure pour lui permettre de se prémunir contre les attaques de ceux qui pourraient lui reprocher de se mettre au service du Fln. Au regard des statuts du Fln donc, le poste de président est vacant. Mais dans les déclarations de sa direction politique, la cause est entendue : Bouteflika est le président à part entière du Fln. Si c'est le cas, pourquoi alors le dernier congrès qui a élu la nouvelle composante du Comité central et le secrétaire général du parti , Abdelaziz Belkhadem, lequel s'est succédé à lui-même, n'a pas tranché la question de l'élection du président du Fln ? La direction du parti n'a même pas jugé nécessaire de faire voter par les congressistes une motion de renouvellement de la confiance des militants au « président d'honneur » du parti. Peut-être la chose coulait-elle de source dans l'esprit des responsables du Fln ? Fallait-il encore à tout le moins mettre les formes « démocratiques » ! Alors y a-t-il un pilote, un commandant de bord dans l'avion du Fln ? Le Fln est-il un drone dirigé de l'extérieur ? La question vaut d'être posée car, au regard toujours des statuts du parti, le secrétaire général qui est élu pour 5 ans n'a qu'un rôle de coordinateur des activités du parti. Au-delà des lectures politiques faites par les analystes sur le choix du secrétaire général de la présidence de la République pour lire devant le congrès du Fln un message du président Bouteflika, le contenu de la missive, le ton de commandement utilisé et les orientations politiques données par Bouteflika sont ceux d'une hiérarchie qui s'adresse à sa base. Incontestablement, Bouteflika s'est adressé aux congressistes en tant que président du Parti, chef Exécutif et non pas en tant que « président d'honneur » qui se serait contenté d'un message de félicitation de circonstance. Comment le Fln envisage-t-il de résoudre cette quadrature du cercle pour se mettre en conformité avec ses textes organiques ? D'autant que le poste de président est déterminant dans le fonctionnement des structures du parti : c'est lui qui convoque le congrès et préside les sessions du Comité central. Cette posture ambiguë du Fln rompu à l'art du secret et des manœuvres du sérail le met en porte-à-faux par rapport à ses statuts. Bien plus que cela, le parti est en violation de la loi générale sur les formations politiques dans la mesure où l'autorité politique et morale du parti incarné par son président n'est pas clairement identifiée et assumée.