– Profond malaise au sein d'un MSN divisé Dernièrement, le chroniqueur d'El Watan, du samedi 23 mai, fait état avec pertinence et à-propos, «du malaise profond» que vivent la plupart des fédérations sportives, à cause des effets pervers du fameux décret de la discorde appliqué à la hussarde. Pour couronner le tout, la tentative de «prise d'assaut» du siège du COA par un groupe de «putschistes», nous a valu un juste et sévère rappel à l'ordre de la part de la plus haute instance sportive internationale, le CIO. Dans l'inextricable échange d'arguments, versés par les différents protagonistes sur la place publique, l'opinion désorientée parvient difficilement à se faire une idée claire des positions en présence et de la nature des enjeux. Surtout si l'on considère que les Jeux méditerranéens de Pescara s'ouvrent le 26 juin et que les athlètes et leurs entraîneurs seront les premiers touchés par les divisions intestines qui agitent, depuis le début de l'année, le monde de leurs dirigeants. D'aucuns parlent déjà d'une débâcle annoncée et les boucs émissaires sont d'ores et déjà désignés à la vindicte publique, alors que les véritables responsables de cet incroyable gâchis sont connus. Dans le monde kafkaïen qu'est devenu le MSN, à cause d'un décret qui aurait mérité d'être à tout le moins amendé, sinon purement et simplement abrogé, pour ramener calme, sérénité et unité au sein d'un MSN déboussolé, comment y voir clair ? – Et de quoi s'agit-iI au juste ? Le MSN est régi, d'une part, par des textes nationaux — lois et règlements d'application qui en découlent — et de l'autre, par les dispositions de la charte olympique, des statuts et règlements des Fédérations sportives internationales (FIS), composantes essentielles du mouvement sportif international et du mouvement olympique, au même titre que les Comités nationaux olympiques (CNO). – Primauté du droit international A première vue, il y aurait, aux yeux de certains, une double légalité, donc risque de conflits de compétences et d'interprétations contradictoires. Pour y voir plus net, le rappel de quelques principes simples pourrait nous permettre de sortir d'une confusion savamment entretenue par certains, pour régler des comptes, satisfaire ambition et intérêts personnels. D'abord, le principe quasi universel de la prééminence du droit international sur le droit interne. Il faut que tout pays, désireux d'adhérer à une entité internationale, accepte par ce fait même la primauté des lois et règlements régissant la vie de cette entité sur les siennes propres. Il en est ainsi de la charte des Nations unies et de tous les pactes internationaux, politiques, économiques, culturels ou sociaux ratifiés par l'Algérie, en tant qu'Etat souverain. Cette primauté est constitutionnellement établie en notre pays. Fait qui ne semble pas avoir été accepté par la tutelle du MSN, ce qui fait que depuis le début des années 1990, l'on a voulu inverser l'ordre de prééminence des textes. Cette vision des choses a fait vivre à plusieurs fédérations nationales des situations extrêmement difficiles, notamment celles du football et de l'athlétisme. Elle a entraîné le tuteur algérien à assurer, par voie de décret, la primauté de la vision de l'Etat par rapport aux lois et règlements des instances sportives internationales; notamment la charte olympique, dont le pivot est le principe d'autonomie du sport international, par rapport aux Etats. – Le principe d'autonomie… et l'intervention du CIO Nul n'a contraint nos fédérations nationales à adhérer aux Fédérations sportives internationales, seules habilitées à organiser les compétitions sportives internationales. Ainsi, la nécessité de la participation des sportifs algériens à ces compétitions mène inéluctablement à l'adhésion aux instances sportives internationales et, par voie de conséquence, au respect de leurs lois et règlements. L'adhésion au CIO est encore plus contraignante, du fait qu'elle passe d'abord par la reconnaissance d'un principe cardinal : l'autonomie du mouvement olympique par rapport aux Etats. L'apport de l'Etat au développement du sport national étant toutefois reconnu et apprécié par le CIO. C'est ce qui ressort de la lettre adressée par le président du CIO au MJS rappelant à celui-ci «l'importance que nous attachons à la notion d'autonomie telle que nous l'entendons dans l'esprit de la charte olympique». C'est pour respecter cette autonomie qu'il considère que les élections de toutes les fédérations sportives algériennes doivent obéir aux dispositions de leurs statuts et non à celles d'un décret portant fortement atteinte au principe d'autonomie et massivement remis en cause par la majeure partie de la famille sportive. L'application de ce décret a accentué les antagonismes et affaibli le MSN, alors que la meilleure voie était celle du rassemblement des forces et des compétences et non leur division. En intervenant, le CIO se fondant sur le droit international sportif, notamment sa charte olympique, veut ramener à une plus saine appréciation des choses dans un MSN fortement perturbé. Depuis quelques mois, toutes les chicanes et toutes les énergies semblent se concentrer et s'épuiser autour d'un processus électoral devant décapiter ou renouveler (c'est selon… ), le 4 juin, les instances du COA. A ce stade, il est opportun d'évoquer ce que le président du CIO écrit dans sa lettre au MJS : «Nous allons instruire le COA de sorte que ses prochaines élections se tiennent conformément à ses statuts (approuvés par le CIO) et à la charte olympique — textes que le COA a scrupuleusement jusqu'à présent respectés — et qu'aucune ingérence externe ne perturbe ce processus qui relève de la compétence exclusive du COA. Nous souhaitons que toutes les parties concernées agissent strictement dans le cadre des statuts du COA et de la charte olympique.» L'on ne peut que rester confondu devant ces dérives successives précipitant chaque jour un peu plus le MSN dans le désarroi et la confusion. Cependant, malgré les dépassements et les incompréhensions, la voix de la raison finira par prévaloir. Et beaucoup, parmi les dirigeants sont convaincus qu'au sein du MSN existent des forces saines qui sauront entraîner derrière elles les amoureux de la performance sportive et leurs supporters. Alors, appliquons simplement et avec rigueur ce pourquoi l'on s'est engagé en adhérant à telle instance sportive internationale, et le MSN sortira grandi de cet invraisemblable et énorme Kafka sport que l'on vient d'imposer à la jeunesse sportive algérienne. Organisons donc des élections transparentes et sans pression d'aucune sorte et que les meilleurs gagnent. Là se trouve la vérité des urnes libres qui parviendra à conjurer les génies de la fitna et de la discorde, telle est la juste loi du sport et de l'olympisme bien compris. L'auteur est ancien cadre militant sportif