Le président de l'instance olympique souligne qu'il ne fait que défendre un principe de droit. «Le Comité olympique algérien est régi par ses propres statuts et par la Charte olympique. C'est la loi algérienne sur le sport qui le dit. A partir de là, aucune structure extérieure à sa propre organisation ne peut s'ingérer dans ses affaires.» Ce sont les propos tenus par le président de l'instance olympique algérienne, M.Mustapha Berraf, lors de son intervention, hier matin, au traditionnel Forum organisé par notre confrère sportif Echibek. Cette intervention était attendue dans la mesure où l'actualité sportive est dominée, depuis un certain temps, par cette affaire du processus de renouvellement des Fédérations sportives dont on sait que leurs responsables sont appelés à s'en aller quels que soient les résultats accomplis sur le terrain suivant les dispositions du décret exécutif 05-405. Un départ programmé, au début, au 31 décembre avant que la commission, qui a en charge ce processus, ne décide de le repousser au 31 janvier 2009. Cela avait amené le COA à décider d'arrêter la date du 4 décembre pour la tenue de ses assemblées générales ordinaire et élective. Une démarche que M. Berraf estime «réglementaire puisque les statuts du COA indiquent que l'AG ordinaire et l'AG élective se tiennent au cours d'une réunion ordinaire et l'élection constitue un point de l'ordre du jour (article 11).» Il ajoute que «la convocation de l'AG ordinaire se fait sur décision du président et seulement lui, à la date qu'il jugera utile d'arrêter (article 8) en concertation avec le comité exécutif.» Selon M.Berraf, «l'AG a été programmée au 4 décembre pour permettre au comité exécutif et à son président de présenter leur bilan à l'assemblée générale qui les a élus et de se soumettre aux sanctions éventuelles concernant leur travail. Il est tout à fait anormal de voir des élus présenter leur bilan à une assemblée générale composée de membres désignés si on venait à attendre la fin du processus de renouvellement.» Par la suite, cette AG du COA a été repoussée à une date ultérieure. «J'ai moi-même pris cette nouvelle décision après m'être concerté avec les membres du comité exécutif. Je l'ai fait après avoir reçu le président de la commission en charge du renouvellement des Fédérations sportives et ce, dans un souci de sérénité et de sagesse. Le COA ne cherche pas à brouiller les cartes ou autre chose. Il est là pour défendre ce qui est juste et la justice commande que des points du décret sur les Fédérations sportives doivent être revus. Je l'ai dit à mon interlocuteur qui m'a promis qu'une solution à ce problème sera trouvée.» M.Berraf affirmera ensuite que «le CIO n'a jamais été sollicité pour intervenir dans les affaires du sport algérien. Le COA s'est conformé à la légalité en appliquant à la lettre la loi algérienne (article 57), la Charte olympique et ses propres statuts (articles 8, 11 et 12). Si le CIO a été saisi ce n'est pas par mes soins mais par des personnes extérieures au mouvement olympique. Elle ont reçu comme réponse la confirmation que nous avions eu raison de faire jouer nos prérogatives. Je dis et je le répète, le report de l'AG du 4 décembre a été décidé par moi-même en concertation avec le comité exécutif, selon les propres dispositions de nos statuts. Le CIO n'est jamais intervenu pour reporter cette AG. Bien au contraire, il nous a confortés dans notre démarche». Concernant le problème posé par le décret 05-405 sur les Fédérations sportives, le président du COA indiquera que «nous avions dès octobre 2005 attiré, par courrier, l'attention du ministre de la Jeunesse et des Sports sur les risques encourus par son application. En effet, comment voulez-vous qu'une équipe élue pour un seul mandat puisse être animée d'une intention d'aller de l'avant? Le président élu n'aura même pas le temps de commencer à travailler qu'il devra préparer son départ. Comment pourra-t-on investir les Fédérations internationales puisqu'on n'aura même pas eu le temps de se faire connaître? Nous avions de nouveau saisi le MJS en avril 2008, mais nous n'avons rien vu venir. Mais qu'on soit bien d'accord, le COA n'est engagé dans aucun bras de fer avec le MJS». Pour M.Berraf, seul le verdict des urnes doit compter. «Nous sommes de ceux qui encouragent les pouvoirs publics à faire usage de leur mission de contrôle puisque le mouvement sportif national active, essentiellement, avec des subventions publiques. En dehors de cela, il faut la souveraineté de l'AG pour agir et choisir les hommes et les femmes qu'elle veut placer à la tête des Fédérations. Ces Fédérations sont suffisamment suivies. Leurs AG sont décortiquées, leurs finances étudiées à la loupe. Si un président de fédération se déplace à l'étranger, il ne le fait qu'avec l'accord du MJS qui lui signe son ordre de mission. Les subventions des fédérations ne leur sont accordées que sur la base d'un contrat-programme signé avec le MJS. Vous voyez, donc, que ces instances dépendent en grande partie du MJS. Il faut qu'elles aient au moins l'autonomie de choisir librement leurs élus. Les responsables de ces Fédérations se battent pour un droit citoyen, celui d'avoir la possibilité de se présenter pour un nouveau mandat.» Comme un de nos confères lui demandait s'il y avait une chance de voir le CIO sanctionner le sport algérien si le décret 05-405 n'était pas amendé, («puisque le président de ce dernier, le Comte Jacques Rogge, a reçu, de la part des autorités algériennes, la promesse que ce texte serait revu et révisé», a-t-il précisé), M.Berraf a fait savoir qu'il était dans l'ignorance des intentions du CIO. «En tout cas, je suis pour que cette affaire reste algéro-algérienne et qu'elle soit réglée entre nous», a-t-il dit. Par ailleurs, le président du COA a confirmé que M.Mustapha Larfaoui a envoyé sa candidature au poste de président de l'instance olympique au ministère de la Jeunesse et des Sports «qui nous l'a fait suivre par bordereau d'envoi». «C'est là une démarche contraire aux statuts du COA et cette candidature aurait pu être rejetée. J'ai tenu à ce qu'elle soit acceptée car M.Larfaoui est une personne respectable qu'on ne doit pas marginaliser.» M.Berraf fera savoir ensuite que deux chefs de mission, qui n'avaient pas effectué le déplacement de Pékin avec leurs équipes lors des Jeux olympiques, avaient été suspendus à l'unanimité des membres du comité exécutif du COA. Ils ne pourront, donc, pas activer dans aucune des opérations qui se dérouleront sous la coupe de l'instance olympique. Il s'agit du DTN de l'athlétisme et de celui de la natation. M.Berraf terminera son intervention en affirmant que «je suis fier de ce qui a été accompli par le COA. Celui-ci a toujours été légaliste et il s'est constamment soucié de suivre la loi algérienne. Pour vous citer un exemple, il est la seule instance sportive du pays à procéder à la lutte contre le dopage, conformément aux dispositions de la loi 04-10. Ce n'est pas pour rien que le Comte Jacques Rogge, président du CIO, a déclaré un jour que le Comité olympique algérien était l'un des Comités nationaux les mieux gérés au monde».