Le docteur Kamel Eddine Fekhar, militant des droits de l'homme et membre de la direction du Front des forces socialistes, a été libéré hier en début de soirée après avoir été placé sous mandat de dépôt à Ghardaïa. Il a été accusé de « destruction de bien public et incendie volontaire d'un fourgon de police », survenu le mois de février dernier à Berriane. Après 24 heures de détention, Kamel Eddine Fekhar a été présenté devant le procureur de la République qui a décidé de le mettre sous contrôle judiciaire. Le témoin à charge a fini par se rétracter en affirmant ne pas connaître le docteur Fekhar. Selon son avocat, maître Ahmine Noureddine contacté hier par téléphone, « la police s'est basée sur le témoignage d'une personne se trouvant semble-t-il en prison », a-t-il dit en qualifiant cette affaire de « pure fabrication pour couper la tête du mouvement pour les libertés qui prend de plus en plus d'ampleur dans la région ». Notre interlocuteur qui attendait depuis des heures la décision du procureur de la République, a souligné que du fait de cette lourde accusation et de la grève de la faim, Kamel Fekhar présentait des signes de fatigue. Sollicité hier aussi pour réagir, le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou, a qualifié le motif d'arrestation de Kamel Eddine Fekhar de « fallacieux », et qui vise à « faire payer au FFS ses positions, particulièrement celle prise lors de la dernière élection présidentielle ». « Une accusation fabriquée » Le responsable du FFS considère aussi que « nous sommes face à une escalade policière pour faire peur aux militants car on veut imposer le silence à Ghardaïa ». Tout en affirmant que son parti restera mobilisé, Karim Tabbou estime avoir « maintenant la preuve qu'après la Kabylie, on veut pacifier Ghardaïa. C'est la mise à exécution des menaces de Ould Kablia ». Ceci et de dire : « Ils ont tiré une affaire qui date de février sur la base du témoignage d'un malade mental pour enfoncer Kamel Eddine Fekhar. Ils veulent casser tout le travail politique fait dans la région et imposer des représentants dits notables affiliés à l'administration. » La fédération du FFS de Ghardaïa a elle aussi réagi à travers un communiqué, dans lequel elle dénonce l'arrestation de Kamel Eddine Fekhar et souligne le caractère « arbitraire » de cette dernière. Le même communiqué soutient que « l'accusation a été fabriquée sur la base du témoignage d'un repris de justice connu pour être un drogué ». La fédération FFS estime que cette affaire cache mal « une volonté du pouvoir de mener une guerre contre la démocratie et les libertés et contre les militants des droits de l'homme dans la wilaya de Ghardaïa ». Et de citer une succession d'affaires visant à éclabousser le parti depuis 2004. « Le FFS devient une cible privilégiée. Il y a eu la fabrication des événements de 2004 avec la vague d'arrestations des militants des droits de l'homme et du FFS, puis survint la fabrication de l'affaire Baba Nedjar, accusé de meurtre et à qui on a demandé de coller l'accusation à Fekhar Kamel Eddine. Il y eut aussi l'incendie du véhicule du Croissant Rouge algérien qu'on a voulu aussi prêté aux militants du FFS qui sont sous contrôle judiciaire. Et depuis la dernière élection présidentielle, nos militants ont fait l'objet d'intimidations répétées. Avant l'arrestation du docteur Fekhar, trois militants ont été arrêtés à Berriane », indique le communiqué de la fédération. Pour rappel, Fekhar a été arrêté en compagnie de 4 autres militants du FFS lundi dernier par des policiers en civil dans l'enceinte de l'APC de Ghardaïa. Trois militants du parti sont quant à eux toujours en détention.