Le docteur Kamel Eddine Fekhar, secrétaire national du FFS chargé du mouvement associatif, passera aujourd'hui devant la chambre d'accusation de la cour de Ghardaïa. Mis en détention provisoire en fin octobre 2004, le docteur Fekhar est accusé d'être derrière les émeutes ayant secoué la mi-octobre dernier la capitale du M'zab. Quatre chefs d'inculpation sont retenus contre lui, à savoir « attroupement illicite, incendie volontaire, destruction des biens de l'Etat et obstruction de la voie publique ». Depuis, ce militant des droits est écroué à la maison d'arrêt de Ghardaïa. L'affaire est portée, faut-il le préciser, devant la chambre criminelle, ce que conteste le collectif de la défense qui plaidera à cet effet la requalification de l'affaire. Me Ben Issaâd, avocat du collectif de la défense, s'étonne devant le traitement réservé à cette affaire. Il se demande en outre : « Pourquoi a-t-on recouru à la détention provisoire alors qu'il s'agit d'une personne connue qui a toutes les garanties de se présenter devant la justice lorsque celle-ci la convoquera ? » Me Ben Issaâd estime « infondée » la plainte qui a été déposée contre la personne de Fekhar et « abusif » le recours à un mandat de dépôt dans l'immédiat, du moins « contraire » au discours officiel où l'on affiche une volonté de limiter la détention provisoire aux seuls cas dits « spéciaux » pour cause de la surpopulation carcérale. Pour étayer ses propos, l'avocat se réfère au pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par l'Algérie. Selon lui, ce pacte contient des dispositions concernant notamment la présomption d'innocence qui, semble-t-il, est rarement respectée. Une telle disposition « veut dire qu'on ne peut recourir à la détention provisoire, sauf dans les cas exceptionnels, tels que pour les dangers publics ou de risque de destruction des preuves », explique-t-il, écartant que ce soit le cas de son mandant. Pour rappel, Me Ben Issaâd avait alerté l'opinion publique sur la dimension démesurée qui a été donnée à cette affaire qui ne relève nullement de la criminelle. Se référant aux articles 408 et 396 bis du code pénal relatifs aux délits sus-cités, l'avocat avait manifesté sa crainte quant aux peines de réclusion à perpétuité qui risquent d'être infligées au docteur Fekhar. D'autres personnes, poursuivies pour la même affaire, croupissent en prison en attendant, elles aussi, leur passage devant la criminelle.