Il a été présenté, hier, devant le procureur de la République. Le premier secrétaire fédéral du Front des forces socialistes (FFS) à Ghardaïa, M.Kamel Eddine Fekhar, a été présenté, hier devant le procureur de la République de Chéraga. Ce dernier, qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt lancé par le juge d'instruction près le tribunal de Ghardaïa le 5 octobre dernier, a été arrêté dimanche soir à la sortie de la salle omnisports d'Aïn Benian, où il avait co-animé la conférence-débat qui a regroupé, à l'occasion du cinquantenaire du 1er Novembre, MM.Aït Ahmed, Abdelhamid Mehri et Mouloud Hamrouche. «Alors qu'il se dirigeait vers sa voiture, deux individus, assistés du commissaire d'Aïn Benian, ont surgi d'une voiture, obligé le militant du FFS à y monter et se sont dirigés vers une destination inconnue», précise le communiqué du parti. Devant «l'obstination» du commissaire de police d'Aïn Benian «à ne pas reconnaître cette arrestation», la délégation du FFS décide de déposer plainte pour «enlèvement avec violence policière en violation des procédures d'usage». Les différentes recherches menées par la direction du parti ont permis d'aboutir à la conclusion que le docteur Fekhar est détenu par la police judiciaire au commissariat central d'Alger. Ce dernier a été présenté, hier, devant le procureur de la République de Chéraga pour remplir les formalités de son transfert à Ghardaïa, comme stipulé par la loi, sachant que le mandat d'arrêt a été délivré par le tribunal de cette ville. Plusieurs charges sont retenues contre le militant du FFS, désigné comme «le principal instigateur des émeutes de Ghardaïa», selon M.Djoudi Mammeri, ancien secrétaire national du FFS. «Fekhar fait peur aux autorités locales parce qu'il est devenu, de part son engagement pour les droits de l'homme, l'un des principaux animateurs politiques dans la vallée du M'zab», soutient M.Mammeri. Un activisme qui lui a valu «le respect de tous les citoyens». Le FFS, prend à témoin l'opinion publique de la gravité de cet acte et des conséquences sur les populations de Ghardaïa». Notons que sur une cinquantaine de détenus arrêtés au moment des émeutes, 11 ont étés condamnés à des peines de prison ferme pour «attroupement illégal et incitation à la révolte», par la chambre correctionnelle du tribunal de Ghardaïa. Les vingt autres inculpés passeront au mois de mars devant le tribunal criminel, cette fois-ci, pour «port d'armes blanches et incendie prémédité». Rappelons qu'à l'origine de ces émeutes, une décision prise par une commission mixte «gendarmerie et brigade de contrôle des prix», autorisant la saisie de marchandises non facturées, et ce au lendemain d'une visite inopinée, effectuée le 3 octobre, dans les marchés de la ville. «Une mesure injustifiée», selon les commerçants. Ces derniers ont sollicité la médiation du wali, en vain. Kamel Eddine Fekhar a, dans une récente conférence de presse animée au siège du FFS, rendu le wali responsable de «l'envenimement de la situation en refusant de recevoir les commerçants contestataires». Documents à l'appui, le militant du FFS avait signalé des dépassements des services de l'ordre, citant par là même des «cas de torture», et «d'abus d'autorité». Enfin, le FFS accuse, tout bonnement, le pouvoir de vouloir créer une crise entre les différentes communautésqui cohabitent à Ghardaïa. De son côté, le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme a dénoncé cet état de fait, estimant, par la voix de son président M.Ali Yahia Abdenour que «nos militants ne sont pas des voyous pour mériter un tel traitement». L'Observatoire international des droits de l'Homme a été saisi de cette affaire.