Tous les participants s'accordent à saluer le bond qualitatif qui promet une plus grande envergure au rendez-vous. Le rideau est tombé, hier en soirée, sur la 7e édition des Rencontres cinématographiques de Béjaïa. Une édition assez aboutie pour ouvrir de nouveaux horizons au rendez-vous et autoriser des ambitions plus grandes. Abdennour Hochiche, cheville ouvrière et président de l'association Project'heurts, pense que les Rencontres viennent de réaliser un bond qualitatif, aussi bien dans la programmation que dans la qualité des projections et la fréquentation du public. Il prend pour référence la soirée de la projection de Gabbla, l'éblouissant film de Tarik Teguia, qui a vu le public affluer et s'intéresser à un débat qui a fait écho, et ce n'était théoriquement pas évident avec un ton pour le moins novateur du long métrage. Un public des Rencontres s'est formé à travers les années qui vient non seulement voir des films mais également en discuter avec des cinéastes qui, par leur présence, consacrent une crédibilité arrachée de haute lutte, c'est le cas de le dire, par les organisateurs. Les participants n'ont pas tari d'éloges à l'endroit de ces jeunes qui ont produit une énergie et un engagement à toute épreuve durant les 6 jours et 7 nuits des Rencontres, pour réussir l'événement. Cette fraîcheur et cette générosité ont séduit, ont ému. Tahar Chikhaoui, critique connu du cinéma et fidèle des Rencontres de Béjaïa salue dans ce rendez-vous « un festival qui croît et évolue d'année en année, sans prétention et sans bruit ». Au côté de Tahar Chikhaoui, d'autres noms qui font l'actualité du cinéma ou qui l'ont fait dans le passé, sont venus cette année rehausser le rendez-vous ; l'on citera non pas par ordre d'apparition comme disent les génériques, les Ahmed Benaïssa, Farouk Belloufa, Lyès Salem, Lakhdar Tati, Khaled Benaïssa et, bien entendu, le génial Tarik Teguia, au côté de nombreux jeunes comédiens et techniciens que l'ambiance conviviale des rencontres a fondus dans une sorte de fête généreuse dédiée au cinéma. La présence également de cinéastes et critiques venus du Maroc et de Tunisie, a conféré aux Rencontres un cachet maghrébin qui, au vu du déroulement de l'événement, pourra demain s'ériger aisément en vocation. Ce lien entre les anciens et les jeunes a été matérialisé lors de la cérémonie de clôture avec la projection d'un court métrage produit durant l'année et d'un long métrage datant de 30 années. Dihia, de Omar Belkacemi qui signe là sa première réalisation, rend hommage à la femme prise au piège par la tradition et la dèche rurale des montagnes de Kabylie. Un film certes un peu trop lacrymal par endroits, mais qui a le mérite de jeter un regard sur une réalité trop discrète, aux douleurs tues par une indue obligation de mutité de l'épouse abandonnée. Nahla, de Farouk Beloufa, film qu'on n'a pas vu et dont on n'a plus parlé depuis au moins 20 ans, a clôturé les rencontres, en plongeant les participants dans l'univers palpitant au gré des idées révolutionnaires des années 1970, dans un Beyrouth glissant progressivement vers la guerre civile, sur fond de débats interminables sur la cause palestinienne, les luttes progressistes, l'engagement militant... La prochaine édition devra se tenir à la cinémathèque de Béjaïa qui, d'ici là, aura sans doute été rouverte après les travaux de rénovation engagés sur les lieux. Mais l'ambition, esquissée par les membres de l'association Project'heurts, est de pouvoir faire rayonner l'événement au-delà des salles de projections et des débats. Les participants promettent de revenir plus nombreux, les ingrédients d'un vrai festival sont là et le public en redemande. Reste à ceux qui ont à charge la gestion de l'environnement culturel dans la ville de voir aussi grand.