La semaine dernière, deux lycéennes avaient échappé de peu à une mort certaine. Elles en gardent cependant de graves séquelles qu'elles auront à supporter et devront surmonter. L'une accuse une importante fracture au niveau du bassin et l'autre souffre de plusieurs fractures à l'épaule, au bras et à la jambe. Ces deux jeunes filles s'apprêtaient à se rendre à leur établissement avant qu'une fourgonnette de transport public vienne les percuter vers 7 h 30. L'accident ne s'est pas produit sur une route nationale ni sur une autoroute, mais en plein centre urbain. Au cœur même de Skikda et, chose encore plus grave, devant le portail du lycée Ben Yahia. Un établissement donnant sur une route empruntée quotidiennement par des dizaines de bus dont les conducteurs s'amusent beaucoup plus à se faire la course, plutôt qu'à tempérer l'ardeur du gain en s'approchant d'un chemin peuplé de lycéens. Mais quelles que soient les causes réelles de ce malheureux drame, il serait nécessaire de rappeler encore et encore, que certains conducteurs du transport urbain de Skikda continuent de faire la loi et de la tailler à la mesure de leur avidité. Quant à la sécurité des usagers et des piétons, ils s'en passent. Un simple tour à Merj Eddib ou à Beni Malek suffit pour se faire une idée et constater de visu qu'il s'y passe des rallyes infernaux en plein jour. Plusieurs conducteurs de bus ne se gênent nullement de doubler en troisième position, quand il s'agit de dépasser un autre transporteur. A Beni Malek et rien qu'à voir l'allure infernale des bus arpentant à toute vitesse une descente toute en pente, on ne peut que craindre le pire au cas où une défaillance mécanique viendrait à se manifester. Faut-il rappeler, à cet effet, qu'il y a une année, un bus avait perdu ses moyens de freinage et percuté plus de dix élèves de l'établissement Ibn Khaldoun. Au niveau de la station urbaine située derrière le lycée Ben Yahia, c'est l'anarchie. Le grand souk. Ici, le roi, c'est le transporteur pas les clients. Il arrive souvent que poussés par la concurrence, les transporteurs se marchent dans les ... roues. Il s'y passe un manège extraordinaire : si l'un des transporteurs ne veut pas céder la place à son successeur pour garer son véhicule, ce dernier ne se gênera nullement d'occuper la route et de bloquer toute la circulation en faisant fi des klaxons des autres usagers. Sans aucune gêne ! Le comble de l'ironie reste bien sûr la passivité des usagers qui laissent faire et ne manifestent aucune protestation, et le manque d'un contrôle permanent. Pour y remédier, on tente maladroitement de tempérer la vitesse des usagers en érigeant des « dos d'ânes » à tout bout de route à un rythme qui finira par faire de Skikda la ville la plus « dodanisée ». Une solution plus radicale devrait plutôt être mise en pratique afin de sensibiliser aussi bien les usagers que les conducteurs en leur faisant admettre que ces bus sont d'utilité publique. C'est-à-dire qu'ils n'appartiennent pas au conducteur ni au convoyeur, mais à ceux qui s'en servent au quotidien. Une présence plus « musclée » des autorités publiques serait aussi la bienvenue afin d'amener certains transporteurs à respecter la loi et la vie humaine.