Les neurosciences demeurent toujours inconnues en Algérie. Elles ne sont pas encore érigées en discipline à part entière, comme c'est déjà le cas en Europe ou en Amérique du Nord. L'International Brain Research Organisation (IBRO) et la Federation of European Neuroscience Societies (FENS) sont des références en la matière. Les neurosciences sont un ensemble de toutes les sciences qui étudient l'anatomie et le fonctionnement du système nerveux (cerveau, moelle épinière, nerfs, etc.). Hier, au Palais de la culture, à Alger, à la faveur de la tenue du Congrès international sur les neurosciences, organisé par le laboratoire des Sciences du langage et de la communication (Slancom) de l'université d'Alger et la Société algérienne d'orthophonie (SAOR), le débat a encore rebondi. Selon Nacira Zellal, directrice du laboratoire Slancom et présidente du comité scientifique du congrès, la post-graduation d'orthophonie, lancée en 1987 et qui se prolongera en 2010 par un mastère des neurosciences cognitives, sera la clé permettant l'installation des jalons d'une discipline qui intéresse de plus en plus les chercheurs. « L'expérience menée depuis 30 ans en Algérie, qui consiste en la création de la licence, de la post-graduation et du doctorat d'orthophonie dans leurs prolongements en sciences du langage et en neuropsycholinguistique, sera exposée dans ses résultats actuels, en vue d'ouvrir un débat autour de la formation académique de base, nécessaire à la recherche et l'enseignement neuroscientifiques », a expliqué Mme Zellal. Un premier master en 2010 Elle a souhaité que le congrès soit l'occasion de réunir toutes les forces en neurosciences, afin d'organiser les collaborations nationales et internationales en s'insérant dans des réseaux. La concertation à l'échelle nationale est, selon elle, un élément capital dans la mise en œuvre d'une politique scientifique orientée vers les pays du pourtour méditerranéen. La Commission européenne vient de débloquer un million d'euros pour le lancement d'un réseau euroméditerranéen de neurosciences, Neuromed. Selon Marie Moftah, de l'université d'Alexandrie, ce réseau regroupera l'Egypte, l'Algérie, le Maroc, la France, l'Italie et l'Espagne. Bruxelles a aidé, à travers le programme Meda III, l'université d'Alexandrie à développer plusieurs programmes de formation dans cette discipline avec l'aide de l'université de Bordeaux. Des formations en master à travers internet ont été lancées. Alexandrie va abriter en décembre prochain le troisième congrès Méditerranée des neurosciences. Le deuxième congrès s'est déroulé à Marrakech, au Maroc. Fabien Dworczak de l'université de Lyon a présenté le site Apedys, « un forum pour tous ceux qui s'intéressent à la dyslexie ». La dyslexie est la difficulté d'identifier des mots écrits. Le site est, selon l'intervenant, très visité au Canada et au Maroc et peu consulté en Algérie. « L'internet sera d'un grand apport dans l'étude et la remédiation des troubles de l'apprentissage », a-t-il souligné. Mohamed Bennis de la faculté des sciences de Marrakech a rappelé que les études sur le cerveau se sont intensifiées au XIXe siècle avec l'introduction des techniques neurohistologiques. « L'élément de base du tissu nerveux (le neurone) sera clairement identifié. La prééminence des hémisphères cérébraux (néocortex en particulier) dans le fonctionnement cérébral sera enfin reconnue », a-t-il noté. Manière de souligner que les recherches sur le cerveau n'ont jamais cessé d'être passionnantes. La preuve : Bernard Bioulac de l'université de Bordeaux a relevé, après un explicatif technique, que le résultat d'une expérience a montré que les neurones « se souviennent » de l'échec et évitent de le reconduire par une réaction complexe. Les neurones se souviennent de l'échec Il a expliqué l'implication du cortex cingulaire antérieur dans la détection et la correction des erreurs. Le cortex cérébral est la couche externe des deux hémisphères du cerveau où est traitée l'information. Le cortex cingulaire est situé dans la zone médiane entre les deux hémisphères. Il est responsable des émotions. La mémoire y est également logée. Les travaux du congrès, qui se veut un prolongement du colloque international de Beni Abbès de 2003, se sont déroulés, en grande partie, en ateliers. Les débats ont porté, entre autres, sur les sciences humaines et les neurosciences, sur les neurosciences et la psychiatrie et sur les pathologies neurologiques et la technologie.