Ainsi, les ministères du Commerce et des Transports ont mis en place une batterie de mesures permettant un meilleur flux des navires au niveau des ports, notamment à Alger où leur nombre a frôlé la cinquantaine en début de semaine dernière. Les réunions marathons qui ont regroupé les responsables des services du commerce, des transports et des douanes ont permis de réduire quelque peu la tension au niveau de la rade d'Alger. Les premières mesures prises par le ministère du Commerce ont consisté à diriger tous les bateaux à cargaison homogène vers d'autres ports en manque d'activité. Seuls les navires transportant des containers (y compris frigorifiques) sont restés dans la rade, en attendant que l'espace réservé à leur déchargement soit dégagé. Pour cela, les équipes du contrôle de la qualité et de la manutention portuaire, sommées de travailler avec une plage horaire de 24 heures, ont été renforcées alors que des instructions ont été données pour que le jeudi ne soit plus considéré comme journée de permanence mais comme une journée de travail obligatoire afin de juguler tout le retard. Les équipes du contrôle de qualité, qui roulaient à une quinzaine d'éléments seulement, ont été renforcées par le détachement de nombreux agents, alors que les services des douanes ont relancé, mardi dernier, les ordres de transfert de la marchandise vers les entrepôts publics. Ces entrepôts sont, en fait, des zones sous douane vers lesquelles sont acheminées les cargaisons qui dépassent les 21 jours de stockage au niveau du port. Pour sa part, l'entreprise portuaire Epal ainsi que son partenaire Dubai Port World (qui assure la gestion du port à containers) ont mis le paquet pour renforcer les moyens de manutention en intervenant de jour comme de nuit, avec comme consigne de n'avoir comme journée de repos que le vendredi. Ces mesures provisoires ont quand même permis de traiter, en moins d'une semaine, 130 déclarations sur les 600 en instance depuis début juin. Elles interviennent alors que les autorités s'attellent, depuis plusieurs mois, à concentrer les activités commerciales du port d'Alger dans un seul bâtiment, situé en dehors de l'enceinte, afin de faciliter les procédures du commerce extérieur aux opérateurs économiques mais aussi pour une meilleure sécurité. Deux conseils interministériels et de nombreuses réunions entre responsables des différents départements (transports, commerce et finances) ont été consacrés à cette décision pour la rendre effective dès le 15 juillet 2009. Néanmoins, même si les moyens existent pour la concrétiser, la volonté ne semble pas présente. Pourtant, il est question de rendre le port d'Alger et également les 11 autres ports commerciaux d'Algérie plus sûrs. 160 millions d'euros pour ranimer un port totalement dépassé A ce sujet, le ministre des Transports, Amar Tou, a annoncé hier, lors d'une conférence de presse animée à l'occasion de l'inauguration du Centre opérationnel de sûreté des navires et des installations portuaires (COSS), la mise en place, d'ici 2012, d'un nouveau système de gestion de la sécurité maritime et portuaire et d'échange d'informations dénommé Système intégré de gestion de la sûreté et de la sécurité maritime et portuaire et d'échange de données informatisées (VTMIS). Une enveloppe de 160 millions d'euros a déjà été consacrée à ce projet, confié à un groupement de deux entreprises (suédoise et coréenne) qui, selon Amar Tou, permettra de «réunir toutes les conditions de sécurité dans les eaux territoriales nationales, les côtes et les ports en Algérie». Il va permettre également, a noté le ministre, l'accomplissement de toutes les formalités commerciales au niveau des ports par voie électronique. Le directeur de la marine marchande auprès du ministère des Transports, Abdelkrim Rezal, a, pour sa part, indiqué qu'en plus du renforcement des quais et des rades des ports et leurs zones sensibles ainsi que leurs accès à travers un réseau de caméras, le VTMIS va assurer la gestion du trafic des navires algériens et étrangers longeant les côtes nationales jusqu'à une distance de 40 miles nautiques (70 km). En outre, sont prévus un nouveau centre opérationnel basé à Alger ainsi que trois autres centres régionaux (au centre, à l'est et à l'ouest) qui travailleront en concertation avec les différentes institutions nationales de sécurité (garde-côtes, Gendarmerie nationale, Sûreté nationale et Protection civile). Le COSS, quant à lui, gardera sa mission de veiller en permanence à la sécurité des infrastructures portuaires et maritimes, conformément aux notifications et normes de l'Organisation maritime internationale (OMI), et de recevoir les messages de détresse des navires. Doté de moyens de surveillance et de communication, il est aussi équipé d'un outil d'identification automatique des navires en rade ou sur les quais permettant de reconnaître ces navires à distance et la nature de leurs cargaisons. Ce dispositif, aussi moderne soit-il, ne peut être malheureusement efficace en l'absence d'espace à même de gérer le flux de plus en plus important des navires au niveau du port d'Alger où se concentre la plus grande part du commerce extérieur. Pour tous les spécialistes, le port d'Alger ne répond plus au marché actuel. Il est totalement saturé. «Au lieu de doter la capitale d'un nouveau port moderne à la hauteur de son importance, les autorités s'entêtent à réanimer un cadavre», conclut un spécialiste de la sécurité maritime.