La meilleure manière de jeter de l'argent par les fenêtres, est sans doute la trouvaille du ministère de l'Education qui consiste à donner des cours aux professeurs du cycle primaire pour évaluer, par la suite, leur degré d'assimilation à travers des examens de fin d'année. Pendant trois ans, l'enseignant devra s'astreindre à reprendre le chemin de l'école, deux fois par semaine, pour passer des tests en fin de chaque année scolaire et ce, pendant quatre longs jours. Les professeurs que nous avons contactés jugent tout le procédé « sans envergure et teinté de démagogie et de laisser-aller », car les cours dispensés se font dans une ambiance de carnaval où les blagues et les ragots tiennent le haut du pavé. « On nous donne des cours de chimie alors que la majorité d'entre-nous n'ont jamais étudié cette matière et ne l'enseigneront jamais, vu que le cycle du primaire en est dépourvu », nous dira un « instituteur » rencontré devant le lycée Youghourta de Constantine, là où se déroulent ce mois-ci les examens de troisième année… d'études ! En plus des sujets proposés sans aucun rapport avec ce qui doit être enseigné aux…enseignants, il est permis de tout faire lors des examens. Incognito et sans aucune difficulté, nous avons voulu vérifier de visu ce que bon nombre de professeurs consciencieux dénoncent depuis des années. Et notre « vérification » n'aura d'égale que l'ahurissement qui a été le nôtre tout au long de notre « visite ». Au niveau de toutes les classes, c'était un brouhaha total. Tout le monde discutait, proposait, annulait, téléphonait, bref, copiait tout simplement devant des surveillants qui faisaient tout sauf leur devoir. Les échanges de copies se faisaient au vu et au su de tous, et certains « apprenants » se promenaient même de salle en salle à la recherche de la réponse idoine en se regroupant derrière un plus« calé » recopiant tout ce qu'il crachait sur sa copie. Toute cette mascarade n'avait l'air de déranger personne, et tous les examens se déroulent de la sorte depuis des années, avec un taux de réussite qui flirte avec les 100%. Mais le plus grave dans cette histoire c'est qu'au bout de trois années et d'examens à la noix, personne ne sait à quoi servent ces formations, ou recyclage, appelez-les comme vous voudrez. En effet, aucune incidence n'a été constatée ni sur les salaires ni sur l'avancement dans la carrière de ceux qui sont passés par là, la fleur au fusil, et personne au sein de la direction de l'éducation n'a pu éclairer notre lanterne. Au bout de trois ans, on vous délivre un bout de papier et c'est tout. Pour la petite histoire, un élève-enseignant a répondu à une question concernant « le rapport des 20 millions de mexicains vivant dans la capitale du pays au reste de l'humanité », par… « cela se situe à 3 sur l'échelle de Richter ». Si vous avez compris la réponse et…la question, écrivez au journal !