Douze associations professionnelles représentées par 81délégués et quelques transformateurs se sont réunis, hier, pour le renouvellement du conseil d'administration de la Chambre d'agriculture. Les premiers devaient départager 26 candidats pour six sièges alors que les seconds avaient à élire trois parmi leurs quatre candidats. Comme l'on s'y attendait, le même équilibre des forces a été reconduit à la tête de la Chambre d'agriculture, une Chambre décriée au point qu'un membre de l'assemblée générale (AG) lui reprocha son absence de dynamisme en la traitant de « chambre à coucher ». Le président sortant, qui réussira à glaner les voix de la moitié de l'AG, se défendit à plusieurs reprises en soutenant que la Chambre d'agriculture, dans l'état actuel des choses, n'est qu'une force de proposition, le pouvoir de décision sur l'agriculture étant détenu ailleurs. Il reste que l'absence des agriculteurs, dont les autorités locales font visiter aux ministres et autres délégations la réussite sur le terrain, était symptomatique. Il était, par ailleurs, patent que la majorité des intervenants qui ont porté la contestation étaient de la filière viticole. C'est dire si la représentativité faisait défaut à une assemblée déléguée autour des intérêts de plus de 10 000 agriculteurs ayant officiellement qualité d'exploitants agricoles. Pour d'aucuns, la représentation était illustrative de la non-implication des professionnels en faveur d'une institution qui ne jouit d'aucun crédit. Le déballage que la salle a étalé n'a servi qu'à déverser des rancœurs sans rien changer dans le cours de l'AG. On retiendra de gravissimes accusations, par exemple pour complicités sur des crédits obtenus auprès de la CRMA, au titre du soutien à l'agriculture, « déposés à la BDL et puis ressortis pour servir à d'autres activités. » État de déliquescence avancé Et pour mieux signifier l'état de déliquescence de la Chambre, on dénonça l'encouragement des coopérateurs à se désister de leur droit de jouissance sur la terre au profit de tiers. Le président, pris à parti, sortira pour sa part d'autres vérités sur l'autre camp. Au bout du compte, la querelle n'avait pour fondement que des rivalités claniques. Dans les travées, une pétition circule et, dans les coulisses, il est question de la présence de pas moins de 17 membres issus de la commune du président sortant. Ainsi calculait-on, les autres communes de la wilaya, soit 27, ne disposaient en moyenne que de trois représentants chacune. D'autres mettaient en cause la décision du ministère de l'Agriculture de tenir le renouvellement des Chambres d'agriculture sans le faire précéder par le renouvellement des associations professionnelles, puisque ce sont leurs bureaux qui constituaient l'AG. De la sorte, plutôt que le renouvellement, le ministère a maintenu le statut quo. Néanmoins, selon les plus avertis des observateurs, la Chambre d'agriculture continuera à fonctionner comme une UNPA bis tant que ses statuts demeureront en l'état. Elle ne se haussera au niveau d'une institution économique que lorsque la professionnalisation des agriculteurs aura été mise sur rail par leur regroupement, non pas seulement au sein d'associations mais de filières organisées en groupements d'intérêts communes (GIC) et sur la base d'un découpage territorial.