Les poches coûtent, selon le volume et la qualité, de 200 à 500 DA l'unité et chaque patient en utilise 10 à 20 par an. Contre toute attente, les « Portes ouvertes sur la stomatologie », organisées la semaine dernière par l'Office national d'appareillages et d'accessoires pour personnes handicapés (ONAAPH) de la wilaya de Biskra, en partenariat avec l'Association des stomisés d'Algérie (ASA), ont été marquées par une importante affluence de visiteurs, dont des médecins, des malades stomisés et leurs parents venus s'enquérir des nouveaux produits disponibles au niveau de ce centre dont le personnel, il faut le noter, a fait montre tout au long de cette manifestation d'un sens remarquable de l'accueil. « Cette opération vise à informer le grand public et les patients sur les activités du centre, lequel met à la disposition des malades un éventail de produits orthopédiques et auditifs, d'appareils d'aide à la marche (ATM), tels que béquilles, cannes et fauteuils roulants, des ceintures lombaires, des minerves et, ce qui fait l'objet de cette exposition, une gamme de nouvelles poches et de supports pour les iléostomisés, les colostomisés et les urostomisés », a indiqué le directeur de l'unité de fabrication de L'ONAAPH de Biskra, Ahmed Bourouba. Ces poches externes, artificielles, suppléant la déficience des canaux naturels, placées sur l'abdomen de malades ayant subi des opérations chirurgicales au niveau des organes urinaire ou digestif, permettent l'évacuation des déchets organiques. Elles coûtent, selon le volume et la qualité, de 200 à 500 DA l'unité et chaque malade en utilise 10 à 20 par an. Cette technique médicalement maîtrisée nécessite, néanmoins, une initiation à une hygiène de vie rigoureuse qui doit être conjuguée à une sérieuse prise en charge psychologique, « car beaucoup de malades, s'estimant atteints d'une tare honteuse, se cachent et cachent leur maladie », explique notre interlocuteur, qui citera le cas d'un malade urostomisé depuis 2003, et qui s'était doté, en guise de poche, d'un sachet de lait, et d'un autre qui, ignorant les règles d'hygiène et de précaution, a développé une inflammation au niveau de la stomie ; il ne devra la vie sauve qu'à un traitement d'urgence. Abondant dans le même sens, Omar Mesloub, stomathérapeute, ajoutera que l'ASA, dont il est gestionnaire, se fixe pour mission de « sortir les malades de leur isolement, de les rassurer, de les écouter, de leur apporter un soutien moral et psychologique, de leur apprendre à s'appareiller eux-mêmes et à vivre normalement ». Il nous apprendra que l'Algérie compte seulement une dizaine de stomathérapeutes qui ont été formés à l'étranger ; l'ASA, dont le siège national est à Tizi Ouzou, regroupant presque 1 000 stomisés de toutes les régions du pays, compte entreprendre la formation de 1 ou 2 stomathérapeutes par wilaya. « Les stomisés ont une espérance de vie égale à celle de tout autre individu. Notre caravane médico-pédagogique sillonne le pays depuis le mois de mars dernier pour débusquer les stomisés, souvent livrés à eux-mêmes, et leur expliquer que notre association peut les aider à traverser les étapes qui les mèneront vers une vie presque normale », dira-t-il encore. Exhortant les stomisés à « s'affirmer, à sortir à l'air libre, à se départir de leur honte et de leur gêne et à entrevoir l'avenir avec optimisme », Fatma B., bénévole de Tizi Ouzou, dévouée aux stomisés, a animé la cellule d'écoute de la caravane de l'ASA qui aura fait à Biskra « une halte des plus bénéfiques », selon des témoignages recueillis sur place. Il faut dire que cette femme n'a pas ménagé ses efforts pour expliquer aux visiteurs les avantages sociaux offerts par la CNAS à cette catégorie d'assurés : les techniques de pose et d'entretien des poches et de leurs supports, la nécessité de mettre au courant ses proches et ses employeurs et de se rapprocher de l'ONAAPH ou de l'ASA pour bénéficier des meilleurs soins et de l'expérience d'un plateau technique constitué de professionnels. « Ce n'est pas la fin du monde d'être stomisé. Le drame c'est la solitude des malades et la prégnance des tabous et de l'ignorance qui en faussent toutes les données », fera-t-elle remarquer.