Samedi matin, quelques dizaines de travailleurs de l'unité industrielle de fabrication des câbles de Biskra (ex-Enicab), visiblement en colère, se sont rassemblés devant l'entrée du siège local de l'UGTA pour dénoncer « la dégradation de leurs conditions de travail et exposer leurs problèmes à l'opinion publique et aux responsables », ont-ils dit. « Nous sommes devenus des esclaves. Les cadres dirigeants ont des salaires faramineux qui peuvent atteindre les 250 000 DA par mois, tandis que nos salaires stagnent depuis des années. Même la prime d'encouragement variant de 60 000 à 80 000 DA que chaque travailleur recevait annuellement a été supprimée », ajouteront certains d'entre eux. Vers 9h, une délégation de 7 protestataires est reçue par Mohamed Djoudi, secrétaire général de la section de wilaya de l'UGTA. Après une bonne demi-heure de tractations, celui-ci et un représentant des travailleurs ressortent pour s'adresser directement à la foule d'ouvriers en effervescence. Juché sur une chaise, le délégué des travailleurs rappellera que cette société est l'une des rares entreprises publiques du pays à être rentable, qu'elle fait vivre de 4 000 à 5 000 individus et que les promesses de recrutement et d'augmentation des salaires, évoquées lors de la signature de l'accord de partenariat avec la multinationale Société Générale des Câbles, s'avèrent être des phrases en l'air. « Nous dénonçons ce partenariat. Lisez ce que rapportent chaque jour les journaux de ce qu'il advient des entreprises nationales qui contractent des accords de partenariat avec des investisseurs étrangers. Regardez El Hadjar. Les investisseurs ne viennent pas pour nos beaux yeux. Ils sont là pour tirer des profits, sans plus. Notre entreprise a réalisé 1,47 milliard de dinars de bénéfices en 2008, grâce à notre travail à tous. Nous refusons cet accord qui n'apporte rien aux travailleurs », lancera-t-il encore avant d'exposer les deux principales revendications des travailleurs, à savoir le gel de la section syndicale de l'entreprise qu'ils accusent d'être « à la solde des patrons, de leur avoir porté un coup dans le dos et trahi leur confiance en signant des accords secrets sans les avoir consultés, et l'organisation, dans les plus brefs délais, d'une assemblée générale ». Intervenant au milieu d'un tohu-bohu d'hommes ayant à cœur de dire leur malaise et leur désarroi grandissant, Mohamed Djoudi laissera libre cours aux remarques et aux cris des protestataires. Le calme revenu, il commencera par rappeler aux travailleurs les procédures légales et le règlement en vigueur pour mener de telles actions. « La représentation syndicale de votre entreprise, que vous dénoncez aujourd'hui, dit-il a été installée par vos soins, après des élections libres et transparentes. » « Vous ne nous avez jamais avisé des scissions apparues entre vous et vos représentants syndicaux. Vous demandez le gel de cette section syndicale, mais avez-vous paraphé un retrait de confiance en bonne et due forme ? Nous allons organiser une assemblée générale élective dans le respect des procédures et de toutes les parties concernées. Nous sommes tenus de respecter la loi. Chacun de vous pourra s'exprimer et exprimer ses griefs et ses préoccupations », expliquera-t-il.