Les ministres du gouvernement Ouyahia peinent à expliquer les raisons claires ayant conduit l'Exécutif à opter pour l'importation d'un million de tonnes de ciment. Alors que le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements évoquait le souci de faire face à la « grande spéculation » que connaît le marché national, Noureddine Moussa, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, lui, fait allusion à la nécessité « d'assurer un équilibre entre l'offre et la demande ». Deux discours différents. Néanmoins, les deux ministres s'entendent à dire que le marché national est approvisionné régulièrement et la pénurie du ciment est loin d'être liée à un problème de production. M. Moussa, intervenant sur un plateau de l'ENTV, a estimé aussi que l'offre actuelle, concernant ce matériau, estimée à près de 18 millions de tonnes, « correspond à la demande nationale ». Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements a fait comprendre, quant à lui, que « l'Algérie ne connaît pas de problème de production du ciment et que les usines fonctionnement normalement et approvisionnent normalement le marché ». Incompréhensible ! L'on s'interroge dès lors sur le pourquoi de cette option d'importer 1 million de tonnes de ciment étant donné que la chaîne de production et d'approvisionnement ne souffre d'aucun dysfonctionnement. Mieux encore, le rapport de l'Agence nationale du patrimoine minier pour l'exercice 2008 fait ressortir une hausse remarquable du nombre de sites miniers destinés à la production de ciment. Ceci, alors que le produit se fait rare sur le marché, sinon cédé à des prix très élevés se situant entre 1200 à 1350 DA le quintal. Le marché du ciment semble échapper carrément au contrôle de l'Etat, qui s'avère impuissant à trouver une solution à ce paradoxe. Les ministres du gouvernement, à défaut de reconnaître la défaillance de l'Etat en matière de régulation, s'enlisent dans des explications incompréhensibles, voire même contradictoires. Si M. Temmar évoque une sorte de « grande spéculation » qui mine actuellement le marché national du ciment, le ministre de l'Habitat a préféré s'arrêter au stade d'une simple « pression », dont souffrent les unités de production. Mais en toile de fond de cette crise si tirée par les cheveux, l'Algérie confirme sa vocation de pays importateur par excellence. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, invité samedi soir au Forum de la télévision algérienne, a précisé que le secteur qu'il dirige consomme près de 80% de la production du ciment, sachant que le secteur public (12 unités) contribue avec 11,5 millions de tonnes par an de la production nationale du ciment, alors que le secteur privé participe avec 5,6 millions de tonnes par an. Interrogé sur la loi interdisant l'exploitation du sable des oueds, M. Moussa a fait savoir que ses services en collaboration avec le ministère des Ressources en eau ont pris en charge cette question en l'absence de véritables investissements pour l'exploitation des sables des carrières. Toutefois, les déclarations de M. Moussa sur l'investissement pour l'exploitation des sables de carrières sont totalement contradictoires avec les précisions apportées dans le dernier rapport évaluatif de l'Agence nationale du patrimoine minier (ANPM), relevant du ministère de l'Energie. Le rapport de l'ANPM de l'année 2008 parle de 12 sites miniers qui, destinés à la production exclusive de sable concassé, ont été sélectionnés et proposés à l'adjudication durant l'année 2008, dont 10 sites ont été attribués. M. Moussa n'a pas exclu une nouvelle prolongation des délais de mise en œuvre de cette loi sur l'exploitation des sables de carrières jusqu'à la finalisation des programmes actuels.