Le projet engloutira au moins 500.000 tonnes d'acier et autant de béton alors que le marché des matériaux de construction reste dominé par la spéculation. Les entreprises algériennes sont-elles aussi faibles pour ne pas participer à la construction de l'un des plus grands projets que l'Algérie ait jamais connus Les entreprises algériennes sont exclues de ce grandiose projets. «L'appel d'offres sera uniquement international» a affirmé hier, le responsable du groupement de deux bureaux d'études allemand, (KSP et KUK) en charge de la maîtrise d' oeuvre ou d'étude globale de «Djamaa El Djazair» en marge des travaux des journées d'étude sur la durabilité des matériaux de construction. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Ghlamallah, a estimé le coût «préliminaire» de cet ouvrage à 1 milliard d'euros, soit 1,3 milliard de dollars. Selon certaines estimations, le coût réel de la réalisation de ce titanesque projet pourra atteindre les 3 milliards de dollars. Néanmoins, selon le porte-parole de l'Angeam (Agence nationale de réalisation et la gestion de la Mosquée d'Alger), le montant du contrat d'étude globale en cours, signé avec le groupement allemand est de l'ordre de 800.000 euros. Toutefois, force est de constater que les délais de l'étude de réalisation et la date de lancement des travaux connaîtront un décalage. «Cette étude a franchi des étapes» selon le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs. Mais le même orateur ajoutera plus loin que l'étude géophysique reste inachevée. Entamée il y a tout juste un an, cette étude n'a atteint que la deuxième phase selon l'expert M.Touil Abdellah, également chef de projet auprès de l'Angeam. «Le démarrage des travaux de réalisation du projet de la Grande Mosquée d'Alger est prévu pour le deuxième trimestre 2009», avait déclaré Bouabdellah Ghlamallah lors d'un point de presse tenu à la fin du mois d'octobre dernier. Cependant, ce même responsable s'est ravisé hier, en déclarant que les travaux seront lancés au courant de l'année 2010, puisque l'étude risque de s'étaler encore dans le temps, et la durée de la réalisation prendra entre 36 et 40 mois et non 27 mois, comme affirmé précédemment. Sur un autre plan, le ministre a nié catégoriquement un éventuel changement de site d'implantation de la mosquée dont le sol serait de nature difficile vu sa position géographique. «Voulez-vous qu'on importe des assiettes de terrain!», s'exclame le ministre. De son côté, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme a souligné que la durée de l'étude est parfois plus longue que celle de la réalisation. Par ailleurs, cette mosquée qui a une capacité d'accueil de 120.000 fidèles, aura un poids énorme en béton et acier. Selon le Dr Ackermann Jan, la quantité approximative de l'acier qu'engloutira ce projet pourra dépasser les 500.000 tonnes et autant de béton, ce qui revient à dire que si le marché des matériaux de construction reste dominé par la spéculation, on risque de recourir encore, afin de satisfaire cette demande et non des moindres, à l'importation à l'image de la récente opération d'importation d'un million de tonnes de ciment pour «casser la spéculation» d'après le ministre des Industries et de la Promotion des investissements. Par ailleurs, douze communications qui seront animées par les experts nationaux et internationaux venus respectivement du Canada, de France, d'Allemagne et des Etats-Unis, ont été programmées à l'occasion de ces journées d'étude sur la durabilité des matériaux de construction. Selon l'expert algérien M.Touil Abdellah, «la réglementation algérienne ne couvre pas tous les aspects de ce genre de constructions dites d'ossature mixte (d'acier et de béton)» et «même l'aspect exceptionnel de cette mosquée qui doit durer des siècles, est relatif à la problématique de la durabilité des matériaux de construction». Ainsi, ce séminaire offre une opportunité pour faire évoluer la réglementation de la construction.