Le vent solaire est un flux de plasma ionisé qui est éjecté de la haute atmosphère du Soleil à une vitesse moyenne de deux millions km/s. En analysant les données des satellites Cluster (ESA), qui étaient à l'origine lancés en 2000 par un quartet européen dans le but d'étudier la magnétosphère, il s'est trouvé que les quatre vaisseaux ont fait une incursion de trois heures dans l'atmosphère du vent solaire, ce qui leur a permis, grâce aux magnétomètres alternatifs montés à bord, de prendre les mesures des ondes électromagnétiques et des turbulences. «L'énergie turbulente est transférée des grandes échelles (1000 000 km) aux petites échelles électroniques (3 km), démontrant que cette énergie ne se dissipe pas à l'échelle des protons (100 km), mais continue sa cascade jusqu'aux électrons où elle est absorbée par le vent solaire, rendant compte de son chauffage (1 million de degrés), tout comme la couronne solaire», nous explique l'expert de la physique des plasmas. Ce nouveau phénomène (transfert de grandes quantités d'énergie des grandes échelles vers les petites échelles électroniques) pourrait aussi arriver dans d'autres systèmes astrophysiques, des vents stellaires aux trous noirs en passant par les magnétosphères planétaires. Autre application terrestre : les réacteurs de fusions nucléaires, où la turbulence à l'intérieur crée des instabilités qui détruisent le confinement des plasmas de fusion. «Le vent solaire représente un laboratoire naturel pour l'exploration de la physique des plasmas, et nous prévoyons de réaliser d'autres observations pour en savoir davantage», conclut l'enfant fétiche de la vallée de la Soummam.