L'affaire Tonic Emballage arrive enfin à son dénouement après plusieurs années d'instruction, avec la décision de mise en faillite pour cessation de paiement prononcée le 14 juin par le tribunal de commerce de Blida, sur l'assignation d'un de ses créanciers, la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR). C'est un juge-commissaire secondé par deux contrôleurs qui se chargeront, en application des articles 235 et 240 du code de commerce, de la poursuite de l'activité du complexe papier et emballage de Bou Ismaïl, en remplacement du séquestre judiciaire, dont la gestion très controversée dure depuis mars 2005. La mise en faillite, ainsi prononcée, ouvre la voie à une nationalisation pure et simple du complexe devenant la propriété exclusive de la BADR qui est, il est bon de le rappeler, une banque à capitaux exclusivement publics. Mais comme une récente disposition de la loi sur la monnaie et le crédit, promulguée dans le sillage de l'affaire Khalifa, interdit aux banques algériennes de détenir du capital dans une de leurs entreprises domiciliataires, tout porte à croire que le gouvernement procédera prochainement à une nouvelle répartition du capital de Tonic Emballage avec, probablement, l'éviction de la BADR et l'entrée de nouveaux actionnaires qui pourraient être des banques ou autres partenaires qu'ils soient de statut public ou privé. C'est, selon toute vraisemblance, vers une privatisation sous forme d'ouverture de capital à d'autres acteurs économiques que l'on s'achemine. Une action qui ne manquera évidemment pas de susciter les convoitises de nombreux opérateurs économiques et hommes d'affaires, aussi bien nationaux qu'étrangers, tant le complexe dispose d'atouts managériaux majeurs. Il peut en effet à lui seul assurer l'autosuffisance du pays en papier et en emballage de qualité, voire même dégager d'importants excédents à l'exportation. Il a été conçu et réalisé selon les normes internationales en vigueur, ce qui est de nature à faciliter le placement de ses produits sur les marchés étrangers. En phase d'exploitation optimale, il pourrait atteindre jusqu'à 15 milliards de dinars de chiffre d'affaires par an. A noter que les créances de la BADR sur Tonic Emballage, objet de la saisine du tribunal commercial de Blida, sont constituées d'environ 20 milliards de dinars, au titre des intérêts échus et de près de 60 milliards de dinars au titre du principal. Des dettes garanties à 120% par les actifs de Tonic Emballage, selon les rapports des audits externes (KPMG, INPED), dont le tribunal de Blida n'a apparemment pas tenu compte en prenant option pour la faillite.