Abdelghani Djerrar, PDG de Tonic Emballage qui a créé la société en 1985, dotée d'un capital de 760 millions de dinars, était loin de se douter que quelques années plus tard, les choses allaient mal tourner. L'entreprise se retrouve avec une créance de la Badr, estimée à plus de 60 milliards de dinars (près de 850 millions de dollars). Cette énorme créance a initialement fonctionné comme un amortisseur à une liquidation rapide mais la société reste en sursis. Une incarcération du PDG de Tonic Emballage, est intervenue après le dépôt d'une requête par les avocats de la Badr, auprès du juge d'instruction près le tribunal d'Alger. La requête porte sur « les anomalies » relevées dans la gestion de la Sarl Tonic et qui, à en croire la banque, « compromettent » le remboursement des créances. Ce constat était prévisible, affirment certaines sources, dans la mesure où l'échéance accordée par la banque à la société venait d'expirer le 30 avril 2007. Le Forum des chefs d'entreprise (FCE), auquel a adhéré ce patron a accueilli à l'époque avec consternation cette nouvelle. L'argument ne tient pas la route, ne serait-ce qu'au regard de l'importance des actifs du groupe (un énorme complexe industriel et 41 ha de terrain à Bou Ismaïl, d'importants équipements de transport et de manutention, une usine de dessalement d'eau de mer, une usine d'électricité ainsi que des filiales toutes solidaires pour rembourser la dette du groupe auquel elles appartiennent. Tonic Emballage s'étend sur les 25 ha de la zone industrielle de Bou Ismaïl (Alger). Il couvrait plus de 60% des besoins du pays en papier, récupération de 500 tonnes/jour de papier, création de dizaines de milliers d'emplois indirects en plus des 4000 sur site. En 1998, Tonic a opté pour la multiplication des investissements orientée essentiellement vers la production du carton ondulé. Les années 2000 seront particulièrement déterminantes pour le devenir de l'entreprise qui prend désormais un envol qui semblait irréversible. Tonic s'équipe en outils de production de la dernière génération. Le complexe compte sur un vaste réseau de récupération réparti sur l'ensemble du territoire national visant un objectif de 220 000 tonnes de déchets récupérés par an. Ce qui représente un taux de 38%, qui va s'ajouter au taux national actuel de 10 %. En fait, le groupe Tonic Emballage voulait aider, par le biais de l'Ansej et de la Cnac, à la création de coopératives de jeunes spécialisées dans la récupération de déchets. La consommation nationale en papier et carton est de 600 000 tonnes par an pour une production locale, tous produits confondus, ne dépassant pas 50 000 tonnes par an. Chaque année, l'Algérie importe pour 400 millions de dollars de papier et dérivés. Par habitant, la consommation de papier en Algérie est de 15 kg annuellement contre 350 kg aux Etats-Unis d'Amérique.