Il y a quelques années, un jeune Algérois du nom de Abdelghani Djerrar sortait de l'anonymat. Agé d'une trentaine d'années, Abdelghani, enfant du quartier d'El Biar, est devenu, en l'espace de quelque temps, un richissime homme d'affaires. Son ascension rapide dans le monde de l'économie suscitait beaucoup de curiosité chez de nombreux Algériens. Ainsi, dans les quartiers, les gens s'interrogeaient sur l'origine de la richesse du jeune Djerrar. Rouler en véhicule Hamer à 30 ans ne peut qu'attirer la curiosité. A Alger, M. Djerrar louait et achetait de grands magasins qui servent de showrooms à son entreprise spécialisée dans l'industrie d'emballage… Tonic Emballage.En 1999, la banque publique, BADR, octroie à Abdelghani Djerrar un prêt de 11 milliards de dinars, en deux parties : un premier prêt d'un montant de 7 milliards de dinars et un deuxième de 4 milliards de dinars. Implantée sur 45 hectares, sur les hauteurs de Bou Ismaïl, la SARL Tonic Emballage, qui emploie 3 500 ouvriers, avait démarré avec l'acquisition de trois machines. En 2002, le patron de Tonic décide de diversifier ses activités ; il investit dans l'acquisition de trente nouvelles machines. En septembre 2005, le nouveau P-DG de la BADR a exigé de Tonic Emballage le remboursement des créances. La société n'ayant pu honorer ses engagements, la BADR décide de cesser le financement de ses activités et dépose une plainte. L'instruction a abouti à la mise sous contrôle judiciaire de quatre personnes, le patron de Tonic et trois cadres de la BADR, «pour octroi de prêts sans garanties suffisantes et dilapidation de deniers publics». La justice a désigné le patron de Tonic en tant que séquestre judiciaire. Sa mission consiste à permettre à la banque de récupérer son argent. La BADR a galement désigné des experts d'un bureau international pour réaliser l'audit de la Sarl Tonic et vérifier si elle est en mesure de rembourser ses dettes. Abdelghani Djerrar explique le non-respect de son engagement à rembourser la banque par, notamment, la non-qualification de son personnel qui n'était pas formé pour faire fonctionner une usine constituée de machines de dernière génération. Le 3 mai 2007, Abdelghani Djerrar, patron de la Sarl Tonic Emballage a été mis en détention préventive à Serkadji, suite au dépôt d'une requête par les avocats de la BADR auprès du juge d'instruction près le tribunal d'Alger portant sur les anomalies relevées dans la gestion de la Sarl Tonic et qui compromettent le remboursement des créances. L'avocat de Djerrar a affirmé que «l'affaire n'a rien de pénale. Elle est purement d'ordre financier». Après 18 jours passés à Serkadji, Abdelghani Djerrar a retrouvé sa liberté. Sa sortie de prison, décidée par la chambre d'accusation près la cour d'Alger, s'est faite après appel introduit par son avocat. Depuis, le groupe Tonic, composé de 11 entreprises, qui produit, entre autres, des gobelets pour café, est géré par Rachid Bouraoui, séquestre judiciaire, chargé de la vente des actifs du groupe. La situation financière de Tonic est au rouge. Des milliers de postes d'emploi risquent d'être supprimés. Finalement, peut-on sauver Tonic ? C. B.