L'Algérie s'apprête à organiser dans quelques mois un forum pour les investisseurs étrangers alors que les instructions du Premier ministre, qualifiées de contraintes à l'investissement étranger, viennent d'entrer en vigueur. Le ministre des Affaires étrangères a annoncé la tenue, l'automne prochain, du premier forum des investisseurs européens à Alger. Les investisseurs européens seront, en théorie, conviés à s'enquérir des possibilités d'investissement et de partenariat en Algérie. Pourtant, il y a une opacité dans la démarche économique algérienne, a indiqué Abderrahmane Mebtoul, expert international en économie à El Watan Vendredi, faisant état de plusieurs contradictions dans la politique du gouvernement qui n'encourage pas les investissements. Il citera les instructions du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qu'il qualifiera de « contraintes aux investisseurs étrangers ». Ces derniers sont obligés d'associer des partenaires algériens et de renoncer à la majorité de l'actionnariat dans les projets d'investissement, notamment à caractère stratégique. Il faut ajouter à cela la taxe de 15% imposée sur les bénéfices transférés par les entreprises étrangères. Ces mesures ont suscité une incompréhension, sinon une désapprobation dans certains milieux d'affaires étrangers en Algérie qui y ont vu une contrainte aux investissements. De l'avis de M. Mebtoul, l'Algérie doit impérativement clarifier sa politique économique envers les étrangers. « Le mal est en nous et nous devons impérativement balayer devant nos portes d'abord », affirme M. Mebtoul. De plus, ce qui est à craindre également, c'est que ce prochain forum « peut être comme un cautère sur une jambe de bois ». Autrement dit, explique notre interlocuteur, les investisseurs ne peuvent pas venir aussi facilement dans la mesure où quatre contraintes majeures continuent d'être soulevées. Il s'agit, selon lui, du « terrorisme bureaucratique, du foncier, du système socio-éducatif et également celui des finances ». « L'Algérie rencontre encore des problèmes liés à la réforme globale », explique l'expert qui comprend mal que quand les prix du pétrole baissent, les réformes s'accélèrent et quand les prix augmentent on freine les réformes. « Il devrait se passer l'inverse si nous voulons dynamiser la production hors hydrocarbures. » L'Algérie a affiché sa volonté de changer les règles du jeu en ce qui concerne l'intervention des investisseurs étrangers sur son sol, mais il semble que ce ne soit pas le seul chapitre de ses relations avec les partenaires étrangers. Elle a en effet communiqué depuis quelques semaines son désir de revoir certains aspects de l'accord d'association signé avec l'Union européenne en 2005, considéré comme désavantageux pour les entreprises algériennes.