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“Il faut faire un marketing réussi de l'image et de la destination Algérie” M. Brahim Bendjaber, président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie, au Maghreb
Entretien réalisé par Nora B. Le Maghreb : Quels sont les thèmes fondamentaux de ce 3e Forum de l'investissement ? B. Bendjaber : Le thème principal, c'est "Algérie, terre des opportunités". Il s'agit d'attirer les investisseurs étrangers vers notre pays et essayer d'augmenter la part des IDE dans notre développement. Nous essayerons d'orienter ces investisseurs vers l'agriculture, l'agroalimentaire, le tourisme et l'industrie, surtout avec la mise en place de la nouvelle stratégie industrielle. Principalement, il s'agit de la pétrochimie, la production de l'énergie, le dessalement de l'eau de mer et l'industrie du médicament. Cela veut dire que l'investissement en Algérie est très diversifié ? Exactement. Et dans chaque secteur, les opportunités sont immenses. Dans l'agriculture par exemple, nous avons une facture de lait qui, avec l'augmentation des cours sur le marché international, va atteindre 900 millions de dollars. M. le ministre du Commerce a dit dans une de ses déclarations qu'il nous faudrait 300 000 vaches laitières pour pouvoir subvenir aux besoins en lait pour la population. Nous avons effectué un calcul qui est très simple : une génisse pleine rendue au port algérien coûte 2000 euros environ. Ce qui fait un montant global de 600 millions d'euros pour pouvoir importer toutes ces génisses. Au-delà du fait qu'il est impossible de trouver 300 000 génisses pleines, 600 millions d'euros est l'équivalent à peu près de 900 millions de dollars, pour répondre à nos besoins en lait. Il faudra penser à toutes les infrastructures, les équipements, la logistique humaine et surtout l'aliment du bétail qui doit être fourni. Alors, en investissant sur 300 000 génisses pleines permettrait, en plus de l'autosuffisance en lait, de profiter des veaux qu'elles portent, mais aussi de créer 100 000 d'emplois, directs et indirects, en aval et en amont. Et en ce qui concerne le tourisme ? Dans l'industrie hôtelière, vous connaissez le déficit dont souffre la capitale où il n'existe que 6 ou 7 hôtels 5 étoiles, pour une capitale qui a besoin d'au moins 20 hôtels de ce genre. Mais il y a aussi un déficit énorme en infrastructures de tourisme balnéaire, de montagne, de santé et saharien. Chaque année, un million d'Algériens se rendent en Tunisie pour passer leurs vacances d'été. Ce n'est pas du tourisme culturel qu'ils font, mais simplement balnéaire. Si les infrastructures existaient en nombre et en qualité, avec des coûts comme ceux qu'offre la Tunisie, nul doute que nombre de ces Algériens préféreraient rester chez eux. Le tourisme de montagne est malheureusement inexploité. Le tourisme de santé comme le thermalisme, la thalassothérapie, la balnéothérapie, se fait d'une façon traditionnelle et seule l'installation de Sidi Fredj est aux normes internationales. Le tourisme saharien, qui a accueilli 20 000 touristes seulement en cette saison d'hiver, reste exploité très en deçà des possibilités qu'offre notre Sud. Et il est complètement ignoré par les nationaux. Les deux premiers forums ont-ils aidé, à votre avis, à drainer des investissements en Algérie ? Nombre d'investisseurs arabes se sont installés dans notre pays après les forums de 2000 et 2001, et la réunion de la Chambre de commerce arabe en 2003. L'attractivité de notre marché s'est trouvée confortée par ces deux premiers forums et s'est confirmée par le 10e Forum des investisseurs arabes qui s'est tenu en novembre 2006. Votre question trouve, aujourd'hui, sa réponse dans le nombre d'investisseurs étrangers inscrits à ce forum. Tant et si bien que nombre d'entre eux n'ont pas encore réussi à trouver de place d'avion sur la destination Algérie. Le forum est-il exclusivement arabe ? Principalement. Mais il est ouvert à tous les investisseurs, résidents ou non-résidentss. Le but est d'expliquer le cadre juridique en Algérie et d'exposer les possibilités d'investissement qui s'y présentent. Cela nous permet d'arriver aussi, avec l'aide des différentes institutions de l'Etat, surtout les ministères, à orienter ces investisseurs vers les domaines que nous, Algériens, voudrions voir développés. Le programme de relance économique initié par le président de la République, doté de 150 milliards de dollars, et qui tend à mettre en place une infrastructure de base conséquente au développement du pays, offre des possibilités d'investissements immenses. Pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur les participants ? Jusqu'à jeudi, nous avions 200 étrangers inscrits et à peu près 300 Algériens. Qui sont les investisseurs internationaux les plus intéressés par le marché algérien ? Les plus grands investisseurs, qui ont déjà réalisé des projets, sont des Egyptiens. Pour les projets qui sont en cours, ce sont les Emiratis qui viennent en tête, puis les Saoudiens et les Tunisiens.
Les réformes dites de "seconde génération" ont-elles eu l'effet escompté quant au développement de l'investissement en Algérie? Question simple, réponse simple : depuis quand datent les investissements ? Avant 1999, il n'y avait qu'une seule installation : El Baraka Bank. C'est après cette date en fait, que les investisseurs ont commencé à s'installer et les investissements à se réaliser. Il faut dire qu'elles ont aussi permis à l'Algérie de signer beaucoup de conventions internationales et bilatérales qui protègent les IDE. Et notre pays accepte l'arbitrage international. Justement, l'investissement arabe a réalisé une implantation importante depuis quelques années. A quoi cela est dû à votre avis ? En plus donc de ces réformes et de l'énorme effort fourni par l'Etat algérien pour attirer l'investissement, il faut dire aussi que les évènements du 11 septembre 2001 ont fait que nombre de pays arabes ont retiré leurs capitaux des banques occidentales. Ces excédents monétaires ont donc cherché à se placer dans des investissements qui puissent leur garantir un certain rendement. La zone Afrique du Nord est l'une des plus attractives dans le monde arabe et dans cette zone, c'est l'Algérie qui offre le plus d'opportunités, dans des domaines très variés. Il y a d'abord la composante humaine qui est à 70% jeune (moins de 30 ans), ensuite le revenu par capital qui est de l'ordre de 3600 dollars. Cela offre un marché national qui permet à l'investisseur d'équilibrer ses comptes d'exploitation en se basant sur sa seule demande. Cette population regorge aussi d'une ressource humaine qualifiée et instruite : 1 million d'universitaires, 8 millions d'élèves, et 600 000 stagiaires dans les instituts de formation professionnelle. L'Accord d'association avec l'UE, la prochaine mise en œuvre de la zone arabe de libre-change, et l'accord attendu avec l'Union monétaire de l'Afrique de l'Ouest permettront aussi à tout investisseur d'exporter ses produits, exonérés d'impôts et de taxes, vers tous ces marchés. Le règlement de la banque d'Algérie et la loi garantissent les transferts des profits réalisés. L'Algérie est donc un eldorado pour l'investisseur étranger. Mais, n'existe-t-il pas encore des contraintes dont se plaindraient les investisseurs ? Il est sûr que certains aspects dans l'acte d'investissement représentent des points de contrainte qui doivent être réglés. En premier lieu, il faut lever le problème du foncier. Ensuite, convaincre l'investisseur qu'Alger n'est pas l'Algérie et que nombre de zones touristiques, industrielles ou agricoles peuvent être jointes rapidement. L'infrastructure, qui est en train d'être réalisée, y aidera beaucoup : l'autoroute Est-Ouest, le doublement de la voie ferrée et sa modernisation, les 13 ports et 40 aéroports dont dispose le pays sont un atout majeur pour l'attraction de l'investisseur. Donc, si nous arrivons à régler le problème du foncier et autres, car chaque investissement à sa spécificité, si nous arrivons aussi à faire un marketing réussi de l'image et de la destination Algérie, il est certain que les IDE en Algérie seraient tellement importants qu'un taux de croissance proche de celui de la Chine ne serait pas une chimère. La Caci pense-t-elle s'impliquer plus dans cette dynamique de réformes et d'investissements ? Si oui, quelles sont les initiatives auxquelles elle pense ? La Caci a d'abord la mission d'être un espace de concertation et de propositions, que ce soit vers les pouvoirs publics ou vers les opérateurs économiques nationaux et étrangers. C'est une institution publique, il y a des élus et des fonctionnaires en son sein, qui ont à charge de développer ces axes. Mais cela est tributaire de moyens humains, matériels et financiers, qui lui permettraient de rémunérer correctement les compétences auxquelles elle fait appel. Mais la volonté de la Caci est entièrement dédiée à la réalisation de ces objectifs pour aider au développement et à la promotion de l'économie nationale ; elle n'a pas attendu ces moyens pour prendre des initiatives et être un lien entre les autorités publiques et les opérateurs économiques. Elle est une source d'information fiable pour les deux côtés. La qualité de sa contribution au premier forum est reconnue. Elle a convaincu beaucoup d'hommes d'affaires à venir en Algérie. Cette fois-ci aussi, c'est sa crédibilité également qui a attiré nombre d'entre eux pour participer au présent forum.