Le cancer du sujet jeune, dans les pays méditerranéens a été au centre des débats lors des travaux de Euro cancer Méditerranée qui se sont tenus au Palais des congrès, à Paris, du 23 au 25 juin. Les pathologies cancéreuses comme le cancer du rectum, du sein et du cavum (naso-pharynx) ont été les trois thèmes essentiels de cette session Euro cancer Méditerranée. Connus pour être importants dans la région et présentant un problème de santé publique, les intervenants maghrébins ont souligné l'importance de la prévention primaire et la nécessité de la prise en charge précoce de ces maladies. Malheureusement, les cas arrivent souvent à des stades avancés de la maladie, ce qui ne laisse pas vraiment le choix aux praticiens. L'insuffisance de moyens de prise en charge tels que la radiothérapie, dont le nombre de centres est réellement limité, ne permet pas d'avoir de meilleurs résultats dans l'évolution de ces maladies. « La chimiothérapie et la radiothérapie doivent se suivre dans des délais indiqués pour pouvoir assurer une meilleure qualité de vie des patients et gagner en matière de durée de survie », indique le Pr Boualga Kada, chef de service radiothérapie oncologie à l'hôpital de Blida, en précisant que 70% des patients cancéreux nécessitent la chimiothérapie et la radiothérapie. Les prévalences actuelles des différents cancers donnent froid dans le dos et exigent une réflexion sur une stratégie à adopter à l'avenir, sachant que l'espérance de vie a gagné des points. Revenons aux maladies citées plus haut qui constituent une véritable préoccupation pour les spécialistes, outre le cancer du sein et celui du rectum qui sont de mauvais pronostics chez les jeunes adultes, le cancer du cavum, cette maladie particulière, reste vraisemblablement un sérieux problème de santé publique parce qu'il est décrit comme étant un « modèle d'oncogenèse multifactorielle notamment les facteurs environnementaux ». Connu pour être d'une forte prévalence en province sud de Chine, en Alaska et dans les pays d'Asie du Sud, le cancer du cavum est particulièrement fréquent au Maghreb et représente la première tumeur ORL avec 6% de l'ensemble des cancers de la région, a indiqué l'épidémiologiste Hamdi Chérif de l'hôpital de Sétif qui a réalisé une étude sur la pathologie dans la région. Selon lui, l'Algérie enregistre entre 1500 à 2000 nouveaux cas par an dont 20% sont des sujets de moins de 20 ans. « La région du Maghreb se caractérise par la fréquence des cas jeunes particulièrement élevé avec 20% de cancers naso-pharyngés dépistés avant 25 ans en Tunisie et également 20% des cas dépistés avant 20 ans en Algérie, et, d'autre part, une distribution bomidale de la maladie avec le premier pic à 15 ans et le deuxième à 50 ans », a tenu à souligner le Pr Hamdi Chérif. Quant aux facteurs à risque, l'épidémiologiste affirme que les résultats de l'étude menée à cet effet dans la région de Sétif sur 72 cas, incriminent l'alimentation à base de produits de conservation traditionnelle. Il s'agit ainsi des saumures, des aliments séchés (graisses salées séchées) et la harissa. L'usage trois ou quatre fois par semaine du piquant est associé à un risque augmenté, a-t-il expliqué. L'eau est aussi mise en cause de par certaines substances comme les nitrates et les nitrites précurseurs de nitrosamines dont on connaît les propriétés cancérigènes. Le Pr Hamdi Chérif a signalé que le risque est aussi élevé en administrant certaines tisanes au nouveau-né dont la durée d'administration est supérieure ou égale à un mois. Le risque est lié à l'administration de la tisane de laurier. En conclusion, l'orateur a précisé que ces résultats montrent l'intérêt de la prévention primaire par l'information, la sensibilisation et l'éducation sanitaire sur certains comportements alimentaires des populations de la région.