Les estimations sur le volume des ressources de gaz naturel techniquement récupérables aux Etats-Unis, ont fortement augmenté ces dernières années, grâce au formidable développement des formations de gaz non conventionnel et notamment du gaz de schiste (Shale Gas). Une étude récente (Oil Daily du 19 juin 2009), estime le potentiel de gaz naturel à 51.408 milliards de m3 (1836 Tcf). Cela représente environ plus de 40% d'augmentation durant les 2 dernières années. En ajoutant les estimations du DOE (Department Of Energy), de l'ordre de 6.664 milliards m3 (238 TCf) de réserves prouvées, on aura un total des ressources en gaz pour les Etats-Unis, de 58.072 milliards de m3 (2.074 Tcf). Cet accroissement des ressources totales, est attribué principalement aux gaz de schiste (Shale Gas), qui a fait l'objet d'intenses efforts d'Exploration-Production, ces dernières années. Les dernières estimations des réserves de gaz de schiste s'élèvent à plus de 17.248 milliards m3 (616 Tcf), soit environ le tiers des ressources de gaz naturel des Etats-Unis. Un rapport du «Potential Gas Committee» présenté durant la dernière conférence organisée par l'American Gas Association à Washington, détaille les régions potentielles. Ainsi la région du Golf du Mexique – qui comprend les gaz de schiste de Louisiane (Haynesville) et l'est du Texas – aurait un potentiel d'environ 12.740 milliards de m3 (455Tcf) ; les montagnes rocheuses – avec 10.472 milliards m3 ( 374 Tcf) – comprend également les gaz provenant des Tight sands et Coalbed Methane dans le Wyoming, Colorado, Utah, Nouveau Mexique, ainsi que les Etats environnants. Néanmoins, les plus grandes découvertes de gaz non conventionnel, ont été faites dans la région Atlantique, avec plus de 9.352 milliards m3 (334 Tcf), soit 2.576 milliards m3 (92 Tcf) de plus que des estimations précédentes, avec l'émergence du «Marcellus Shales» dans le bassin des Appalaches. Le directeur du «Potential Gas Committee», le Dr John Curtis a indiqué lors de cette conférence que beaucoup de formations de schistes demeurent inexplorées ou sont encore sous-explorées aux Etats-Unis. Comme par exemple le Cody Shale du Montana, le Gothic Shale dans les montagnes rocheuses etc. «Ce que nous avons vu de ces Shales Gas, n'est que la partie visible de l'iceberg», a affirmé le VP de la Natural Gas Supply Association et VP Marketing de la Devon Energy Corporation. (Terry Ruder). Il a ajouté, que sa compagnie, la Devon Energy, a investi plus de 10 milliards de $US dans les Shales Gas de Barnett dans le nord du Texas. Il estime que l'industrie du gaz naturel dans son ensemble, investira plus de 150 milliards de $US pour développer uniquement les Shales de Barnett, dans le nord du Texas. Ce développement comprend également la construction et l'extension de gazoducs inter- et intra-Etats. Dans une étude récente, «Avaibility, Economics, and Potential of North American Unconventionnal Natural Gas» la «INGAA Foundation» (1) estime les réserves récupérables de gaz naturel dans les formations de gaz de schiste, de coalbed methane et des tight gas, à plus de 25.200 milliards m3 (900 Tcf). Le rapport indique que l'ensemble des ressources récupérables aux USA et au Canada s'élève à plus de 65.240 milliards m3 (2.330 Tcf). La consommation annuelle de gaz naturel des deux pays s'élève à environ 740 milliards m3 (26.4 Tcf). Cela représente environ, l'équivalent de plus de 90 ans de production.Durant la dernière conférence sur les Gaz Shales qui s'est tenue aux Pays- Bas récemment, Stephen Holditch, chef du département d'Engineering Pétrolier à l'université du Texas A&M, a annoncé les résultats d'une étude réalisée sur 8 bassins de gaz non conventionnel. Les estimations obtenues pour ces 8 bassins, indiquent que les volumes récupérables de gaz sont beaucoup plus élevés que pour le brut et le gaz conventionnels dans les mêmes bassins avec un ratio moyen de 9 pour 1. Ces données sont confirmées par la dernière étude réalisée par Barclays (voir Oil Daily du 28 août 2009), qui estime qu'il faudrait réaliser seulement de 900 à 1000 forages contre 1600 forages réalisés dans les bassins conventionnels. Cette réduction du nombre de puits nécessaires au maintien de la production, est principalement attribuée aux formations Shales qui ont des taux de production et de rentabilité économique supérieurs aux puits de gaz conventionnels. Durant leur première année de production, les Shales Gas peuvent produire de 2 à 15 MMcf/d (3) de gaz, comparé aux puits traditionnels avec des taux proches de 1 MMcf/d (3), selon le rapport Barclays, qui ajoute que les forages de shales gaz sont plus rémunérateurs à des niveaux de prix de 3.00-4.00$ MMBTU, alors que les puits conventionnels nécessitent des prix de marché de 6.00-7.00$ MMBTU. Le rapport avance également que cette tendance devrait normalement mener à un nouveau prix, un prix plancher plus bas sur le marché du gaz naturel en Amérique du Nord. «Nous pensons que les Shales vont établir et définir un nouveau coût marginal, (plus bas), qui fera pression sur l'économie des zones conventionnelles.» (rapport Barclays) Des taux de production plus élevés par puits signifient qu'il est nécessaire de forer un nombre de puits inférieur pour alimenter le marché. Les forages spécialisés comme le forage horizontal et la fracturation hydraulique sont les techniques les plus utilisées dans les formations de gaz shales. Alors que ces techniques augmentent le coût des forages, elles entraînent également une augmentation de la production par puits, réduisant par là, le coût et le prix de la production commerciale. Néanmoins, ces taux élevés de production arrivent à un moment où l'offre est supérieure à la demande, et contribue à une baisse prolongée du prix du gaz sur le marché nord américain. En effet, la production de gaz de schiste a contribué à une surabondance de gaz sur le marché et a maintenu les prix sous les 3.00$ MMBTU.En fait, la production de gaz s'est maintenue, même si le nombre de puits forés a chuté de 50% par rapport à l'année 2008. Les données hebdomadaires de la «Energy Information Administration» révèlent que les stocks de gaz souterrains se sont remplis inhabituellement trop vite, et devraient atteindre leur pleine capacité avant la fin de la saison (le 21 août). L'activité des forages horizontaux continue d'augmenter dans les prolifiques formations de gaz shales «Marcellus et Haynesville», malgré la baisse des forages dans le reste des Etats-Unis. Autre préoccupation : les spéculations relatives à l'arrivée d'une nouvelle vague de GNL à la fin de cet été (2009), qui exacerbera la situation de surabondance (oversupply). Certains experts de la Barclays estiment que cette situation risque de durer sur le marché du gaz naturel nord-américain. – L'auteur est : Ancien cadre de Sonatrach et Arh Ancien membre de l'Union internationale du Gaz (IGU). [email protected] (1) Le gaz naturel non conventionnel comprend : – Les gaz de schiste (shale gas) – Le coalbed methane (gaz de houille) – Le tight gas (gaz provenant de sables ou carbonates dont la perméabilité est très faible). (2) INGAA = Interstate Natural Gas Association of America. (3 MMcf/d : millions of cubic feet per day.