A peine trois ans après avoir conclu et signé un accord bilatéral de réadmission, le 3 juin 2006, voilà qu'Alger et Berne s'apprêtent à signer un protocole qui prévoit l'accompagnement des personnes expulsées vers l'Algérie par des policiers algériens. Cet accord intervient, selon Mounira Haddad, présidente de l'ONG de défense des droits des migrants Afad et membre du réseau régional de la Cimade, suite à la recrudescence des problèmes de délinquance ayant pris des proportions alarmantes dans les quartiers populaires genevois, dont celui des Pâquis. Un quartier particulièrement mis sous haute surveillance policière de par la multiplication des opérations coup-de-poing qui y sont effectuées dans le souci de lutter contre l'insécurité, en ciblant surtout le milieu des dealers. Néanmoins, bien qu'ils soient en nombre très réduit comparés aux autres immigrants clandestins nord-africains, précise-t-elle, ce sont les harraga algériens qui sont montrés du doigt par la population genevoise. Cette dernière les surnomme « les zizous » en référence au joueur international de football Zineddine Zidane. le durcissement de la loi Au total, pas moins de 250 sans-papiers sont répertoriés par les services de sécurité de Genève. Dans leur majorité, ils sont accusés d'être spécialisés dans le vol à la tire et les agressions. Selon Mounira Haddad, en vertu des « jours-amendes » – un régime de peines pécuniaires mis en vigueur début 2007 –, ces sans-papiers sont relâchés sitôt arrêtés. Et de noter que ce régime « jours-amendes » est fortement critiqué par le camp de la bourgeoisie parlementaire suisse. En effet, explique la même source, pour lutter efficacement contre la petite délinquance, celle-ci a réitéré la demande de réintroduction des courtes peines de prison et la suppression du sursis pour le travail d'intérêt général. Toujours d'après Mounira Haddad, la police algérienne est très présente sur le territoire helvétique. Pour elle, le durcissement de la loi dans les pays européens, principalement en France, en Espagne et surtout en Italie, a poussé les harraga à jeter leur dévolu sur la Suisse. Une nouvelle destination pour les sans-papiers algériens qui n'hésitent plus à faire des côtes espagnoles et françaises des points de transit pour tenter leur chance ailleurs. « La Suisse et l'Autriche semblent représenter, actuellement, pour nos harraga une terre d'accueil », note notre interlocutrice. C'est justement dans le souci de juguler ce phénomène avant qu'il ne prenne de l'ampleur que les deux pays ont convenu de conclure ce nouveau protocole. Pour la Suisse, « le fait de solliciter les services de la police algérienne pour reconduire les sans-papiers expulsés dénote son attachement à son titre de l'un des pays les plus humanitaires au monde. Elle voudrait épargner à nos harraga les affres des reconductions forcées comme aiment à le faire les policiers de l'Hexagone », conclut la défenseuse de la cause des migrants et des réfugiés.