Les travailleurs de la levurerie d'Alger se sentent trahis. L'entreprise a été dissoute la semaine dernière et les 55 travailleurs qui étaient restés fidèles, espèrent recevoir une indemnisation à la hauteur du préjudice qu'ils ont subi. Les travailleurs s'inquiètent du fait que la dissolution de leur entreprise semble se faire dans « l'opacité » la plus totale. « On ne sait pas ce qui se passe. L'accord de la branche agroalimentaire prévoit qu'en cas de dissolution, les travailleurs doivent être avertis de la situation. Mais on est mis de côté », nous ont expliqué des employés de l'usine qui se sont déplacés hier au siège de notre journal. Ils ajoutent : « Sans nous donner quoi que ce soit, on nous interdit de remettre les pieds dans une entreprise pour laquelle nous avons sacrifié notre vie. » N'ayant pas perçu leurs salaires depuis janvier 2009, les travailleurs de la levurerie de Oued Smar se plaignent du fait qu'aucune date précise n'a été donnée concernant leur indemnisation. « Ils nous ont déjà égorgés, pourquoi veulent-ils maintenant nous couper en morceaux ? La vie est chère, il n'y a pas de travail et on nous fait ça ! Je ne suis pas encore en retraite, je ne reçois pas de salaire, comment voulez-vous que je fasse ? », s'insurge l'un des travailleurs. Les représentants syndicaux de la levurerie de Oued Smar ont envoyé une lettre à la chefferie du gouvernement dans l'espoir de trouver un dénouement heureux à leur situation. La levurerie Safa de Oued Smar avait été achetée par le géant français Lesaffre pour un montant de plus de 3 millions d'euros. En janvier 2009, le géant français, principal exportateur de levures fraîches vers l'Algérie, a annoncé son désistement, imputant cette décision à la crise financière mondiale, aux directives d'Ahmed Ouyahia qui seraient « restrictives » envers les investisseurs ainsi qu'au fait que l'usine ne soit pas « viable ». Le groupe français a versé à l'Etat algérien une somme de 100 000 euros en guise de dommages et intérêts. Selon les travailleurs, un groupe algérien, qui avait déjà fait une offre en novembre 2008, serait encore intéressé par le rachat de l'usine.