« Ensemble contre le terrorisme », « Le terrorisme a défiguré l'Islam »... Ces slogans, brandis à l'occasion de la Conférence internationale sur le terrorisme qui se tient depuis hier à Riyad, disent bien la volonté de l'Arabie Saoudite de prouver qu'elle est aux côtés des ennemis du terrorisme. Durant trois jours, les délégations d'une cinquantaine de pays, dont l'Algérie, s'attelleront à « améliorer l'ensemble du processus de coopération internationale dans (ce) domaine ». Dès l'ouverture, le prince héritier Abdallah Ben Abdelaziz a appelé à la création d'un centre international de lutte contre le terrorisme. « J'ai grand espoir que cette conférence ouvrira une nouvelle page dans la coopération internationale pour mettre en place une communauté mondiale exempte de terrorisme », a-t-il expliqué confiant. L'Arabie Saoudite wahhabite - ses princes et ses pétrodollars - est pourtant considérée, au pire, comme le grand argentier du terrorisme mondial, au mieux, comme le principal vecteur de propagation du fondamentalisme islamiste dans le monde. Le royaume saoudien a été particulièrement montré du doigt après les attentats du 11 septembre 2001, auxquels 15 de ses ressortissants (sur 19) ont pris part. Oussama Ben Laden étant lui-même issu d'une richissime famille saoudienne. Depuis, le berceau de l'Islam, qui accueille l'une des principales bases américaines dans le Golfe, a été directement visé par les fondamentalistes d'Al Qaîda. Hier, le ministre saoudien de l'Intérieur, Nayef ben Abdelaziz, a pour la première fois donné un bilan officiel de 221 tués durant les violences - assassinats ciblés d'Occidentaux, attentats, prises d'otages... - qui ont frappé son pays depuis mai 2003. Les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite, dont les relations n'ont pas fondamentalement changé depuis le « 11 septembre », se sont retrouvés dans le même groupe de travail. Ils évoqueront les « relations entre le terrorisme, le blanchiment d'argent et les trafics d'armes et de drogue ». L'Algérie a été désignée, avec le Pakistan et le Royaume-Uni, pour animer le 3e groupe consacré aux « leçons tirées des expériences de lutte antiterroriste ». L'intervention du prince héritier terminée, Amine Kherbi, conseiller auprès de la Présidence et chef de la délégation algérienne, a lu un message du chef de l'Etat. M. Bouteflika y a plaidé pour une « coopération rénovée », sous l'égide des Nations unies, qui « implique de rompre avec les attitudes laxistes ou ambivalentes à l'égard du terrorisme ». Il a ainsi estimé nécessaire de priver les groupes terroristes de « tout sanctuaire utilisé sous le couvert d'un droit d'asile abusif ou complaisant ». Un message qui aurait pu être destiné aux autorités saoudiennes, ainsi qu'au Royaume-Uni et au Pakistan, deux Etats avec lesquels l'Algérie a des contentieux en matière d'extradition de présumés terroristes. Bouteflika a jugé qu'une « définition consensuelle du terrorisme permettrait de faire franchir des étapes décisives à la coopération antiterroriste », mais cela n'est pas prévu pour cette conférence. Amine Kherbi est ensuite intervenu pour évoquer l'expérience algérienne et les modifications institutionnelles, juridiques et opérationnelles intervenues depuis dix ans dans le pays. Il a évoqué le renforcement des contrôles aux frontières, la création de corps de sécurité de proximité et de groupes de légitime défense, « d'un apport effectif ». Il a également regretté que la plupart des mandats d'arrêt internationaux lancés par l'Algérie n'aient pas connu de suite. Côté politique, le conseiller auprès de la Présidence a évoqué la concorde civile, « une étape importante dans le dénouement de la crise ». Une initiative qui pourrait susciter d'autres, selon lui, « pour parachever le processus de réconciliation nationale, notamment une consultation populaire, le moment approprié, en vue d'une amnistie générale ».