La cérémonie de remise des prix a connu des scènes regrettables de la part d'une partie du public. Le moins que l'on puisse dire sur la soirée de clôture de la 3e édition du festival national du malouf, abritée par le mythique théâtre constantinois, mardi dernier, est que cette dernière a connu une fin regrettable, avec un tomber de rideau assez inattendu, voire pénible. En effet, l'évènement musical, organisé une semaine durant sous forme de concours, devait distinguer les trois formations les plus originales à la base de critères stricts et bien établis, comprenant, entre autres, la prestation de l'ensemble, l'habit traditionnel, uniforme pour les membres de l'orchestre, ainsi que l'utilisation du plus grand nombre d'instruments traditionnels. La manifestation s'est donc logiquement soldée par la délibération du jury, présidé par Mohamed Hamdi, composé, excusez du peu, de Ckeikh Darsouni, Dib Layachi, Rachid Boukhouit et Salim Fergani. Ces derniers décerneront, à l'unanimité, le premier prix au jeune et non moins talentueux Abbes Righi, qui s'est distingué, en plusieurs occasions, avec « l'Ensemble national de musique andaloussienne » et l'orchestre régional de Constantine. Sa présence, sa virtuosité au luth et le timbre de sa voix ont, semble-t-il, charmé les maîtres du malouf. Cependant, cette distinction, du reste fort bien méritée, n'a pas été du goût d'une partie du public, qui a longtemps et bruyamment chahuté le musicien, notamment lors de la remise du prix. Certains pousseront le ridicule plus loin, en usant d'insultes à l'égard de Righi, gâchant l'ambiance festive qui a marqué la soirée confiée aux soins de l'orchestre régional, conduit par l'inimitable Samir Boukredera. Par ailleurs, les protagonistes de Righi se montreront solidaires avec ce dernier en réduisant au silence « les mécontents » par de chaleureux applaudissements. Loin d'être affecté par cette attitude négative, Abbes Righi, déclarera au public : « Je pense que j'ai beaucoup travaillé pour être là où je suis. Je voudrais juste rappeler que j'ai eu le second prix l'année dernière (2e édition) et la 4e position lors de la première édition du festival. Cette évolution signifie beaucoup pour moi. J'en profite pour remercier mon maître Cheikh Darsouni, à qui je dois beaucoup. » Sollicité, Salim Fergani dira sur le vif : « Je pense que Abbes Righi a montré qu'il était au-dessus du lot et qu'il mérite cette distinction, que le jury a décernée en toute humilité et intégrité et surtout en toute bonne conscience. » Et d'ajouter, à propos du niveau des ensembles musicaux qui se sont relayés durant toute la semaine : « Je crois que certaines formations ont montré un niveau en deçà des attentes, alors que d'autres, à l'image de l'association Rachidia de Mascara, nous ont ébloui par le respect de la Nouba dans la pure tradition constantinoise. C'est tout logiquement que nous leur avons décerné le second prix. » Notons enfin, que le 3e prix est revenu à l'association musicale « El Inchirah », qui s'était récemment distinguée à Tlemcen. Les jeunes musiciens du conservatoire de Constantine auront droit à un prix d'encouragement pour avoir utilisé des instruments traditionnels lors de leur prometteuse prestation.