Des délégués venus des cinq continents, et pour la première fois des Etats-Unis, vont réfléchir durant trois jours sur les actions à entreprendre pour faire bouger la communauté internationale sur le drame des Sahraouis. Ce sont du moins les objectifs sériés par Pierre Galant, président de l'Eucoco depuis sa création, dans une conférence de presse tenue dans la cité catalane. Ce dernier à ému l'assistance hier en révélant que l'un des adjoints du Haut commissaire européen à la politique étrangère, Javier Solana, lui a confié que le soutien de l'UE au Maroc est motivé par les seuls intérêts de l'Union : «Un petit peuple pour un aussi grand territoire pourrait nous poser beaucoup de problèmes dans les domaines de l'immigration clandestine, du crime organisé et du trafic de drogue. Nous préférons donc nous en prémunir en soutenant le plan d'autonomie marocain.» Voilà ce que pense réellement le chef de la diplomatie de l'UE de cette question qui relève pourtant du droit et de la légalité internationaux. Il s'agit donc, d'après Pierre Galant, de rappeler à l'Europe ses responsabilités et de lui dire «qu'elle ne doit pas violer ses propres lois – qu'elle a adoptées ici même à Barcelone en 1995- sur les armes». Il en veut pour preuve la fourniture par les pays européens au Maroc des armes qui servent à entretenir le fait accompli au Sahara occidental. Ce 35e Eucoco vise également à «sortir la question du Sahara occidental de ce silence complice, de l'Europe notamment». Il faut savoir que la tenue même de ce rendez-vous annuel n'était pas évident. Carmelo Ramirez, membre de la Task Force et président de la Fédération espagnole de soutien au Sahara occidental (Fedissah) a révélé que le Maroc a fait un grand travail de lobbying pour contrer cette rencontre. Pour ce faire, le maire de Barcelone a été invité par les autorités de Sa Majesté, curieusement, le jour même de l'ouverture de cet Eucoco ! Les pressions marocaines sur les autorités espagnoles n'ont jamais cessé, déclarent les conférenciers. «C'est une preuve que nous dérangeons ! Nous sommes là pour un travail de solidarité et de sauvegarde du droit des Sahraouis à l'autodétermination», assène Pierre Galant. L'Eucoco gagne en audience Et d'ajouter que ce 35e Eucoco va réaffirmer la solidarité internationale avec le peuple sahraoui, «dernier peuple d'Afrique encore colonisé et qui aspire à son indépendance». C'est le signe que la cause sahraouie gagne de plus en plus de sympathie à travers le monde, beaucoup de représentants d'ONG et d'acteurs politiques de l'Amérique latine sont venus apporter leur soutien. «Quand on sait que ces gens qui sont venus de très loin de Barcelone et qu'ils ont payé leur billet d'avion pour venir ici, je me dis que la cause avance», assure Pierre Gallant qui qualifie l'Eucoco de véritable «conférence intercontinentale». De son côté, Carmelo Ramirez a insisté sur l'importance de réaffirmer le soutien à l'indépendance du Sahara occidental et la dénonciation des atteintes aux droits de l'homme dans les territoires occupés. L'orateur a mis l'accent sur le fait que cet Eucoco se tient dans un contexte marqué par une «vague de répression» menée par les autorités marocaines contre les militants sahraouis. «Le monde entier doit savoir que 30 prisonniers politiques sahraouis croupissent dans les geôles marocaines et 7 autres militants ont été arrêtés», poursuit-il. La confidence de Solana «Nous allons dénoncer également le silence complice de l'Europe, notamment les gouvernements espagnol et français sur l'expulsion de la militante Aminatou Haider aux îles Canaries», affirme Carmelo Ramirez. «Nous allons interpeller la communauté internationale qui ne fait rien pour stopper cette répression féroce et le pillage des ressources naturelles du Sahara occidental», tonne encore le président de la Fedissah. L'orateur a fait allusion à l'accord sur la pêche signé récemment entre l'union européenne et le Maroc, portant sur l'exploitation des ressources halieutiques des eaux territoriales du Sahara. Le représentant du Polisario en Europe, Mohamed Sidati, a abondé dans ce sens, précisant que cet Eucoco intervient dans un contexte «grave» caractérisé par une grande répression. Il s'agira, selon lui, de lancer «un cri à la face du monde pour dire non à la fatalité». Cela étant dit, les travaux de ce 35e Eucoco, qui verront pour la première la présence des parlementaires venus des pays d'Amérique latine, devront permettre de ficeler un plan d'action annuel de sensibilisation de la communauté internationale. Pour ce faire, plusieurs ateliers planchent depuis hier sur la meilleure façon de briser le silence autour de la cause sahraouie.