Les festivités marquant le 31e anniversaire de la RASD ont été amorcées, hier à Tifariti, territoire martyr et symbole de la résistance sahraouie, par la tenue d'une conférence internationale de solidarité avec le peuple sahraoui. Lors de cette conférence, unique en son genre dans les territoires libérés du Sahara occidental et à laquelle ont pris part près de 800 délégués venus des quatre coins du monde, les intervenants ont, à l'unanimité, insisté sur le fait que la solution au conflit du Sahara occidental passe par un référendum démocratique pour l'autodétermination du peuple sahraoui. Ce qui invite d'une seule voix les participants à cette manifestation à rejeter en bloc le projet d'autonomie que s'apprête à soumettre le royaume au Conseil de sécurité au mois d'avril prochain. Premier à passer à la tribune, le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar, a qualifié cette « pseudo-solution » marocaine de « nulle et non avenue ». « Le Maroc ne peut pas donner d'autonomie aux Sahraouis. Seul le peuple sahraoui est responsable de sa destinée », a-t-il insisté. Lui succédant, Ramirez Carmelo, qui représente à cette occasion la présidence de la coordination européenne de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO), a dénoncé ce qu'il qualifie d'« agression caractérisée », allusion à ce projet d'autonomie marocain qu'il qualifie aussi de « manœuvre dilatoire ». « Cette démarche est non seulement une manœuvre, mais un obstacle à l'application des résolutions des Nations unies », a-t-il estimé. Dans ce cadre, les différents intervenants représentant soit les ONG ou des délégations ayant pris part à cette conférence ont dénoncé le soutien de la France et de l'Espagne au projet marocain. De la même manière, les conférenciers n'ont pas omis de dénoncer le contrat de réarmement, d'une cagnotte de 200 millions d'euros, signé entre le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero et le Maroc. « C'est une violation du cessez-le-feu », dit M. Carmelo, estimant que « cette décision ouvre la voie au réarmement de la région ». Pierre Galant, pour sa part, a lancé un appel au nouveau SG de l'ONU, Ban Ki Moon, l'exhortant à tenir les engagements pris par le Conseil de sécurité de l'ONU d'organiser un référendum d'autodétermination au Sahara occidental, selon des règles fixées par les résolutions du Conseil lui-même et dont le dernier calendrier est celui contenu dans le plan Baker. Galant a lui aussi mis à l'index « les manœuvres dilatoires » du Maroc qui refuse toute solution négociée fondée sur les résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité des Nations unies. Le Maroc, selon lui, « est encouragé dans cette attitude par le président français Jacques Chirac, par le manque du courage de la puissance coloniale espagnole qui tarde à dénoncer les accords de Madrid de 1975. Tous les peuples colonisés ont en mémoire ce que signifie ce genre d'offre à nier leur droit absolu à l'indépendance », dira-t-il. M. Carmelo a appelé à doubler les efforts de solidarité pour que le peuple sahraoui recouvre ses droits. L'Algérie, présente à cette manifestation avec une forte délégation de plus 100 personnes, a réitéré son « soutien indéfectible » au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. La conférence internationale de solidarité avec le peuple sahraoui devra être close aujourd'hui par la proposition de recommandations sur les différents aspects de la cause sahraouie.