Alors qu'il devait constituer pour la population de Oued Semmar un véritable écosystème, un milieu naturel, un endroit paradisiaque où les gens peuvent venir se prélasser en toute quiétude, le bois de Beaulieu est dans un état d'abandon total. D'une superficie de 14 ha, ce joyau, qui faisait « la joie des enfants et des familles », selon des élus de l'APC, est livré à la merci des délinquants et autres consommateurs de drogues et d'alcool. Cannettes de bière, bouteilles de vin, seringues et préservatifs, ces lieux ombragés servent actuellement de refuge à une certaine frange de la société à la recherche de sensation forte. « Les familles ne peuvent plus accéder à ce parc, parce qu'elles ont peur pour leur vie. Plusieurs actes d'agression ont eu lieu et même des sangliers ont élu refuge à l'intérieur de cette forêt, alors que la conservation des forêts de la wilaya d'Alger n'a rien fait », nous affirme M. Koulaï, 3e vice-président de l'APC d'Oued Semmar. Pour ce responsable, l'organisme en charge de la protection de ce lieu de villégiature n'a pas respecté les clauses contenues dans le permis de construire. En effet, la conservation des forêts de la wilaya d'Alger a procédé à l'installation, en fin 2001, de six chalets en préfabriqué destinés, selon ce document délivré par l'APC le 18 avril 2000, à une brigade qui sera chargée du gardiennage, de l'aménagent et de l'entretien de cette « forêt ». Dans l'article 15 du permis de construire, ces chalets devaient être utilisés pour l'intérêt public. La brigade d'aménagement de ce bois se chargera, selon ce document, de rendre ce lieu à sa vocation première, de préserver et d'entretenir les arbres et les allées existant et de veiller à leur bon fonctionnement. Enfin, la collectivité locale peut, dans le cas où ce permis de construire n'est pas respecté, intervenir pour délocaliser les chalets. « Rien n'a été fait », tient à préciser notre interlocuteur, dès lors que les chalets en question ont été transformés en habitations individuelles au profit de responsables de la direction générale des forêts. Ces derniers ont même érigé un mur de clôture en parpaing de 2 m de haut malgré le refus catégorique du service d'urbanisme de l'APC et de la direction de l'urbanisme de la wilaya d'Alger. « La DUCH a donné un avis défavorable à la réalisation de cette clôture qui n'est même pas prévue dans le plan de masse visé par cet organisme. Des mises en demeure ont été envoyées à la direction générale des forêts afin de cesser toute construction, mais sont restées lettre morte. Nous respectons le cadre juridique de ce lieu, mais en tant qu'élus du peuple, nous tenons à dénoncer le non-respect des clauses du contrat. » Notre interlocuteur ajoutera qu'une réunion a été tenue le 30 septembre 2003 avec les responsables des forêts pour la réhabilitation de la forêt, la réalisation d'un parking, des passages pour piétons, un circuit de jogging ainsi qu'une allée de 1,80 m de largeur avec une porte de 1,20 m permettra aux citoyens et aux élèves des écoles de relier le quartier Issad Abbas au lotissement de Beaulieu. « Nous avons même débloqué une enveloppe financière de 6 millions de dinars pour la réalisation de la clôture. » De leur côté, les associations de quartiers ont tenu, dans une lettre adressée à notre rédaction, à dénoncer « l'état lamentable » et « l'abandon total » de cette forêt. « La direction des forêts censée connaître la loi, et appliquer l'article 84/12 relatif au régime général des forêts et la préservation des sites forestiers, n'a pas trouvé mieux que d'ériger des baraques pour usage de bureaux qui, par la suite, a profité de cette aubaine pour construire d'autres baraquements à usage d'habitations », peut-on lire dans ce document. Les associations de quartier interpellent les autorités du pays afin d'intervenir. « C'est sur notre bien que nous construisons ». Le conservateur des forêts de la wilaya d'Alger, M. Hamadouche, précisera que les constructions en préfabriqué situées au bois de Beaulieu sont des maisons forestières. « Nous avons déjà installé deux maisons forestières à la forêt de Baïnem et dans d'autres forêts. » A la forêt de Baïnem où le toboggan, les balançoires et les randonnée à cheval (50 DA le tour, 600 DA l'heure) sont devenus les principales attractions des enfants, les adeptes de jogging ont aussi leur parcours et peuvent pratiquer ce sport à n'importe quel moment. Ce n'est pas le cas à Beaulieu où nous avons constaté une dégradation dangereuse du patrimoine forestier. Ce responsable ajoutera que l'administration des forêts est tout à fait libre de construire dans les biens qu'elle possède. « Ce sont des cadres du secteur qui ont élu domicile au niveau de cette forêt. C'est sur notre bien que nous construisons », dira notre interlocuteur tout en affirmant que ces chalets sont considérés par l'administration des forêts des « Logements d'astreinte ». Comme proposition, les autorités locales de Oued Semmar ont suggéré le reboisement de ce lieu de villégiature, la création d'aires de jeux (balançoires, toboggans, etc.), de fontaines ainsi que des toilettes publiques. Il est préconisé la réalisation d'un forage pour « maintenir le lieu dans un état de propreté ». L'APC a, en outre, émis comme proposition « la création, dans différents endroits de la forêt, de kiosques en bois et de les attribuer aux chômeurs de la commune », conclura notre interlocuteur.